20.08.2024 par ro
num.341 septembre 2024 p.13
La fin d'une époque : quai de Vieux-Bourg Versoix

Le banc sur le quai de Vieux-Bourg, en face du chocolatier Cartier, était mon endroit préféré à Versoix. J'y ai passé de nombreux moments, sous l'arbre. Parfois seule, parfois non. Le lac s'étendait devant moi. Les bateaux arrivaient et repartaient du débarcadère bordé de fleurs, des géraniums rouges en été.
Je n'étais pas seule. Beaucoup d'entre vous s'y sont assis aussi. Des bébés dans des poussettes, des adolescents se séchant après une baignade dans le lac froid, des pêcheurs partageant une cigarette à l'aube, de jeunes amoureux rêvant dans les ombres du coucher de soleil. Parfois, nous nous asseyions seuls, regardant le lac scintiller au soleil.
Pendant plus d'un siècle, le quai de Vieux-Bourg est resté immobile. C'était un refuge pour les habitants et les visiteurs, un hameau de tranquillité et de charme d'antan. Mais le changement est arrivé, et avec lui, la perte.
Ceux qui connaissaient le Café Cartier se souviennent de ses plaisirs simples. Les matins avec des pâtisseries fraîches et un café au lait, la brume se levant du lac. Les après-midis perdus dans un livre, le parfum du chocolat, le bourdonnement des conversations. C'était un endroit où la vie ralentissait pour des échanges authentiques.
Maintenant, le Café Cartier est fermé. Une chaîne de restauration rapide a pris sa place. L'arôme du café et du chocolat est remplacé par les relents de la nourriture frite. Le charme de la vie lente disparu, remplacé par un environnement pressé et stérile. Les bancs et les jardins sont maintenant jonchés de gobelets et de conteneurs en plastique. L'odeur lourde de l'huile usée se répand sur le quai, masquant l'air frais du lac.
Ce changement a laissé beaucoup de gens le cœur brisé. Ce n'était pas juste le café. C'était ce qu'il représentait. Des lieux comme celui-ci représentent une communauté, son patrimoine partagé, ses souvenirs collectifs. Maintenant, ils disparaissent, laissant un vide.
Nous ne devons pas placer les affaires et l’argent au-dessus du patrimoine. La perte du Café Cartier montre le fragile équilibre entre progrès et préservation. Notre histoire, notre patrimoine et le caractère de lieux comme le quai de Vieux-Bourg nous rassemblaient en tant que communauté.
Nous devons protéger notre passé, plaider pour un développement responsable et soutenir les commerces locaux qui tissent le tissu culturel de notre ville. En faisant cela, nous assurons aux générations futures de vivre les joies simples et les connexions profondes que des lieux comme le quai de Vieux-Bourg offrent. Ensemble, nous pouvons garder l'esprit de Versoix vivant.
Une citoyenne de Versoix

auteur : rédacteur occasionnel

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