24.06.2011 par TM
num.210 juil.2011 p.10
Le plan directeur cantonal 2030

Le plan directeur cantonal 2030 est présenté sous la forme de près de 80 fascicules PDF à déchiffrer et à mettre en relation, histoire d'y voir clair. Son motif, créer près de 50'000 logements à Genève, est ambitieux,  et ce projet entend lui en procurer les moyens. Toutefois, dans la diversification des sujets et la complexification du problème, on noie les conséquences directes de ce plan, qui ne transparaissent que vaguement.
Pourtant, dans le feuillet dédié à Versoix, on annonce un objectif plus clair de 1'500 logements nouveaux dans notre commune d'ici 2030, soit cinq fois et demi la pelotière.


Si notre ville s'est développée de façon comparable les vingt dernières années, on se retrouve face à un problème de réalisme territorial sur lequel on reviendra plus tard.


Un autre élément qui fait bondir dans ce même feuillet, c'est le retour sur le grill de la sortie d'autoroute déjà disqualifiée par tous les candidats lors du débat électoral, mais qui démontre le manque d'approfondissement et de compréhension locale de la part des auteurs de ce plan global.

Par ailleurs, on prétexte la desserte des transports publics qui va en s'intensifiant pour trouver Versoix intéressante pour ceux qui devraient souvent se rendre à un autre point du canton, impliquant que des gens viendraient habiter Versoix, sans pour autant devoir s'y attacher. C'est paradoxalement ce phénomène qui nous a poussés à développer "Versoix-Centre" (tout de même indiqué sur le plan).


Enfin, plus précisément, on a une division en trois zones approximatives correspondant à une zone urbaine, une zone villa et des zones à étudier, le but étant de densifier l'une, de diversifier la deuxième et de bétonner les dernières, le tout résultant en un Versoix moins aéré et surpeuplé.

Vers une autre façon de penser?


Le premier danger d'un tel plan est la promesse de contrôle des prix des terrains et un ciblage de parcelles stratégiques dans les diverses zones. En effet, on pourra probablement mettre une croix sur bon nombre d'autorisations de construire en zone villa, où l'on voudrait, par exemple, utiliser son terrain pour y ajouter une autre maison, créant ainsi du logement, mais de façon incomparable aux petits immeubles qu'ils s'imaginent peut-être y faire pousser.


Le deuxième danger apparent concerne les parcelles agricoles dans les zones "d'étude". Peut-on réellement imaginer sacrifier encore plus de ces zones, alors que nous sommes contraints d'importer nos aliments? Et puis le regard purement économique préconisé sur chaque exploitation agricole, démontre l'incompréhension totale d'autres réalités. Et ce n'est pas en se cachant derrière les prétendues considérations écologiques présentes dans le plan (tel que la continuité des zones vertes), que l'on se rachètera une conscience. C'est un problème plus terre à terre et qui concerne un développement plus durable.


Troisièmement, l'intention de créer 50'000 logements d'ici 2030 est peut-être plus attaquable que le projet lui-même. Il n'est effectivement pas envisageable sans commettre d'autres erreurs qui se révéleront fatales à plus long terme et à d'autres niveaux. Les causes de la surpopulation cantonale concernent probablement moins le nombre de naissances que l'implantation de multinationales. L'apport de ces dernières ne se résumerait-il pas à faire rentrer de l'argent à bon compte sans se préoccuper des conséquences à plus long terme pour la région et ses indigènes.


Alors, bien que certains pensent qu'il ne faille pas s'alarmer, précisons que ce plan directeur influencera la conception de l'espace cantonal de façon plus significative que ce qu'il laisse supposer, et ce, pour une vingtaine d'années.

Peut-être, sera-t-il plus aisé de s'y opposer de suite (la fin de l'enquête étant fixée au 7 juillet), que de s'en offusquer dans quelques années. On se doit de s'assurer, en tout cas, que les enjeux des défis à venir ont bien été cernés par nos magistrats et qu'ils prennent bien en compte les préoccupations de la population, son droit au logement, mais aussi sa qualité de vie.

auteur : Thomas Mazzone

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