23.09.2011 par ro
num.212 oct. 2011 p.04
Le PER

Plan d'Etude Romand et nouveau Cycle d'Orientation:
les jeux sont faits. Rien ne va plus?

Il y a une différence fondamentale entre les anciens plans d'étude des disciplines et le PER. En effet, avant, le plan d'étude représentait des objectifs à atteindre. Certains élèves les atteignaient, d'autres ne les atteignaient que partiellement. Le PER, c'est très différent. le PER s'inscrit dans le contexte de la Constitution Fédérale (art62, alinéa 4) adopté par le peuple le 21 mai 2006.
Il précise les attentes fondamentales en fin de cycle, selon les standards nationaux de formation.
Le PER est un curriculum qui définit ce que les élèves doivent apprendre. Il est évolutif.

Le positif

Le nouveau CO prévoyait des effectifs limités dans chaque regroupement en 9e afin de rendre possible l'orientation promotionnelle en cours d'année. C'est le cas. Nous avons 13 élèves en regroupement 1, 16 en regroupement 2 et 20 en regroupement 3. Des passerelles sont organisées afin de permettre aux élèves travailleurs et motivés de chaque regroupement de pouvoir être transférés dans un regroupement plus difficile, qui ouvre plus de portes d'orientation au terme du CO.

Le négatif

Pour atteindre cet objectif, l'économie s'est faite sur les autres années. C'est ainsi que les 11eB ont les effectifs les plus chargés depuis 1986, avec une augmentation de plus de 25%.

Premiers échos

Les maîtres de 9e (ex 7e) reconnaissent que les effectifs des regroupements 2 et 3 permettent de faire du bon travail. En particulier en regroupement 2, assez homogène. Les élèves moyennement scolaires apprécient modérément le latin pour tous. Mais la loi, c'est la loi, et dans le premier degré du CO il est prévu les mêmes disciplines pour tous car il s'agit d'une année d'orientation.

Les points en attente d'une solution

Histoire et grands textes fondateurs
Le plan d’étude en Histoire pour les 9e, 10e et 11e degrés du CO se résume de la manière suivante :
9e: Antiquité et Moyen-Âge
10e: Renaissance à 1914
11e: 20e et 21e siècles

Pour l’année scolaire 2011-2012, ce nouveau plan ne s’applique que pour la classe de 9e et c’est donc à ce niveau que nous allons consacrer la plupart de nos observations.
D’or et déjà, des enseignants en Histoire émettent des doutes quant à la possibilité de transmettre des éléments solides aux élèves concernant cette vaste période. Il s’agira de survoler l’histoire de la Grèce, de Rome et du Moyen-Âge à la vitesse d’un supersonique. Les fondements de la culture européenne deviennent par la force des choses insignifiants. Comment comprendre le monde d’aujourd’hui, la culture de la Suisse et de l’Europe sans accorder du temps à la culture grecque antique qui a posé les bases de notre philosophie, de la science, de nombre de nos mythes... Survoler l’Histoire de Rome semble aussi douteux, bien que le latin pour tous donnera aux élèves une vision de cette culture fondamentale. Même un simple survol rapide de ces cultures fondamentales laissera-t-il une place au Moyen-Âge, qui vit les débuts de la Suisse, la première formation des pays européens, l’éclosion de l’art roman et de l’art gothique, les croisades dont on parle beaucoup aujourd’hui, les châteaux forts qui agrémentent nos paysages ?
Car cerise sur le gâteau, il faudra retrancher 18 cours aux heures de l’enseignement de l’histoire pour les consacrer à l’étude des « Grands Textes ».
L’annonce des autorités du DIP concernant la connaissance des textes sacrés fondamentaux a suscité l’approbation de nombreux milieux inquiets du manque de culture religieuse des jeunes générations.
Cependant, la satisfaction procurée par la brochure « GRANDS TEXTES 9e » laisse bientôt place à l’étonnement.
Cette brochure édite des textes issus du Coran, de l’Ancien Testament, du Maha-Shanada-Sutta… et bien d’autres, en omettant systématiquement le Nouveau Testament, livre sacré fondamental de la culture suisse et européenne qui, par ailleurs, est connu en Afrique, en Amérique du Nord et du Sud, sans parler de l’Europe de l’Est.
Nous remarquons, en continuant à lire le « Programme d’enseignement des Grands Textes 10e et 11e », qu’il n’est à aucun moment fait mention du Nouveau Testament.
S'agit-il d'un oubli ou d'une censure?
Si l’omission du Nouveau Testament est intentionnelle, elle témoigne d’un profond mépris pour notre propre culture.Il faut espérer qu’il s’agit là d’une erreur de jeunesse de mise en place d’un nouveau plan d’étude et que le DIP saura proposer des ouvrages impartiaux, indispensables à une formation cohérente et démocratique de la jeunesse qui fréquente l’école d’Etat. Signalons qu’une commission de travail vient d’être créée. Nous pourrons en faire un bilan au printemps.

Biologie

Comme indiqué dans l'introduction, le PER représente le socle de connaissances, commun à tous les élèves de Suisse Romande. Le PER de biologie est, d'une part prévu pour 3 ans et à Genève le DIP a opté pour 2 ans, et d'autre part il fait grandement référence aux activités pratiques. "il faut mettre l'élève en situation d'observation et de démarche expérimentale aussi souvent que possible; la science relève autant d'une démarche que des connaissances à acquérir."
Il est par conséquent assez simple de comprendre que 30% du plan d'étude ne sera pas fait par tous les élèves genevois et que les activités pratiques demandent des effectifs réduis afin de les faire sans risque.
Lors d'une assemblée générale, début septembre, les maîtres de biologie se sont prononcés sur 3 propositions. Ils ont accepté la dernière à 83%. Ils demandent simplement que le DIP précise qu'elle est la partie du plan d 'étude qui, provisoirement, ne sera pas faite par tous les élèves (en 11e année, seulement 30% des élèves auront de la biologie et pourront terminer le plan d'étude). Cette précision aurait due être apportée en même temps que le choix de la grille horaire qui a été fait par la direction du DIP, seule. Il n'appartient pas aux enseignants de biologie de le décider, surtout que leur seul souhait est d'appliquer le PER.
Le point qui concerne les effectifs pour les activités pratiques pourrait trouver une solution transitoire, en autorisant le maître qui le demande à être accompagné par un collègue s'il considère que son groupe classe le nécessite.
En l'état, l'ancien plan d'étude peut être utilisé car il n'y a pas de différences majeures avec le PER pendant le premier semestre. Il reste donc 4 mois aux partenaires pour trouver une solution constructives. L'autre solution est de mettre en pratique des fragments de PER. Mais là aussi, ce n'est pas aux enseignants de faire ce choix et une information claire doit être donnée à la population. Elle y a droit. Elle a voté.


Dans un an, introduction du PER en 10e

L'an prochain verra la disparition de l'informatique en section scientifique ainsi que la disparition des travaux manuels. C'est regrettable. Genève a mis sur pied une réforme scolaire particulièrement réussie, nous voulons parler des pôles de formation introduits en 2003. Supprimer ces deux disciplines, c'est supprimer la sensibilisation à des formations d'ingénieurs pour les bons élèves, alors même que les médias nous rappellent tous les mois que la Suisse manque cruellement d'ingénieurs et de techniciens.
Le choix de diminuer la dotation des sciences ne sera pas sans conséquence. En effet, le PER a prévu 8% de sciences, à Genève le DIP a opté pour 6% et les pays de l'OCDE sont à 12%.

Un groupe de parents et de maîtres.

auteur : rédacteur occasionnel

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