18.10.2011 par ro
num.214 déc. 2011 p.04
PER question au Conseil d'Etat

Le Nouveau Testament est-il un petit texte ?

L'enseignement des Grands Textes au cycle d'orientation (CO) semble mû par un étrange hasard. Un hasard si singulier qu'il exclut la possibilité d'identifier et de comparer des textes issus de la tradition chrétienne pour les élèves des écoles publiques genevoises (9ème année). Et pourtant, leur école n'entend-elle pas permettre « d'identifier et de comparer les réponses données par différentes civilisations aux questions existentielles» ? A moins que le Nouveau Testament ne soit indigne de figurer parmi les Grands Textes.

Si « Ra'aroa », le chant tahitien de la création, a certainement sa place (au titre de l'exotisme relativiste ?) dans ce recueil de « Grands Textes » « préparé par des enseignantes du CO sur la base d'un dossier réalisé par l'unité d'histoire des religions de la Faculté des Lettres de l'Université de Genève, sous la direction du Professeur Philippe Borgeaud qui en a conçu le choix et dirigé l'élaboration », si, dans chacune de ses trois parties (1. La naissance du monde; 2. Le déluge et la condition humaine; 3. La mort et l'au-delà), le Coran est présent, s'il en va de même pour l'Ancien Testament, pas une page, pas une ligne, pas un mot en revanche issu du Nouveau Testament.

Je saurais donc gré au Conseil d'Etat d'identifier les raisons qui ont poussé à ce choix négatif et d'indiquer s'il entend, dans une nouvelle édition de ce recueil de textes, permettre aux élèves genevois primo d'apprendre que la tradition chrétienne les concerne autant sinon davantage que l'épopée de Gilgamesh secundo de découvrir, au-delà de sa simple existence, la teneur d'au moins un extrait du Nouveau Testament.

Ce serait, à n'en pas douter, respecter l'esprit et la lettre du plan d'études romand (PER) qui se fixe entre autres buts « la transmission des valeurs fondatrices de la vie commune dans une société démocratique » et entend que l'école publique « prenne en compte et rende accessible la connaissance des fondements culturels, historiques et sociaux, y compris des cultures religieuses, afin de permettre à l'élève de comprendre sa propre origine et celle des autres ».

A titre gracieux, je me permets de suggérer d'ajouter sans supprimer - on pourrait voir là un nouveau slogan pour la didactique des mathématiques ... - un texte issu d'un des Evangiles, dans la partie sur la mort et l'au-delà, traitant de l'apparition, après sa résurrection, de Jésus marchant sur l'eau à ses disciples. Voilà qui ne devrait pas manquer de frapper l'esprit des élèves. Et ce d'autant que, selon un sondage certes français, la moitié des catholiques de l'Hexagone ne croient pas en la résurrection.

Enfin, profitant de cette grande question pour en poser une petite, je souhaite savoir si la présence côte à côte du Coran et de l'Ancien Testament, dans la partie consacrée à la naissance du monde, permet de mettre en lumière que pour le premier, la femme est inférieure à l'homme, alors qu'elle est son égale dans le second. En d'autres termes, il s'agit de savoir si ce recueil de textes entend borner le relativisme ou s'y complaire.

Pierre Weiss, question adressée au Conseil d’Etat le 13 octobre 2011

auteur : rédacteur occasionnel

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