Jean-Baptiste Maugars, directeur général de Favarger.
23.01.2012 par SZ
num.215 fév. 2012 p.03
Une maison du chocolat à Versoix ?

Versoix terre d’accueil pour la manufacture Favarger, depuis 1875.
Versoix, également ville du festival du chocolat depuis 2005.

Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas répandre toute l’année les effluves d’une véritable capitale du chocolat ?

Imaginons un instant une maison du chocolat- sorte de musée interactif et vivant avec des ateliers – qui attirerait les curieux et les gourmands dans notre cité…
L’idée ne vient pas de naître dans ces pages. Elle a commencé à germer au sein de la manufacture Favarger depuis longtemps. Et pour cause, une magnifique maison ocre trônant à côté de la manufacture constituerait un endroit idéal à la réalisation de ce projet. Ce bâtiment est appelé «Belles-Iles» du fait de sa position entre la Versoix et le canal de celle-ci.

Mais au fait, à quoi servait cette maison à l’origine ?

«Elle fait partie des bâtiments historiques qui étaient là au 19e siècle, explique Jean-Baptiste Maugars, directeur général de Favarger.

Elle comporte plusieurs appartements et a toujours été utilisée pour des habitations. Au rez-de-chaussée, il y avait un moulin -on peut encore voir la trace de la roue – qui fournissait l’énergie hydraulique nécessaire à la manufacture. La maison Belles-Iles symbolise bien l’aspect traditionnel et les origines de Favarger. C’est un patrimoine qu’on aimerait sauvegarder.»

Aujourd’hui cependant, ce bâtiment nécessiterait une grande rénovation : «Il n’est pas loin d’être habitable car la toiture est en excellent état, il n’y a pas de problème d’humidité et le gros œuvre est bon. Mais il faudrait investir pour le remettre aux normes d’électricité, de plomberie, le nettoyer, etc. Or nous sommes une petite entreprise et notre développement aujourd’hui ne nous permet pas d’investir dans ce projet», poursuit le directeur.
Une maison avec un grand jardin venue tout droit du passé, vide et dépourvue de chaleur humaine. Ou presque.
Une pièce se trouvant tout en bas à gauche du bâtiment est aujourd’hui utilisée comme local de nettoyage par l’entreprise.

«Nous avons ce qu’il faut, conceptuellement, pour faire une maison du chocolat absolument magnifique à Genève. D’ailleurs, cela manque un peu.
Quels sont les trois ou quatre «incontournables» ? Le paysage, les balades, les organisations internationales, le musée Patek Philippe… je pense que la ville est à la recherche de ce genre d’activités. Surtout qu’il y a déjà à Genève les touristes et le public nécessaires ! J’en ai fait part au patron de Genève Tourisme, mais pour l’instant, nous n’avons rien de concret.

Imaginez ce qu’on peut faire : amener les touristes depuis la ville par bateau pour découvrir la maison du chocolat à Versoix.
Pourquoi pas aussi des visites nocturnes ! Il faudrait un projet qui tienne la route, un investisseur qui mettrait trois ou quatre millions de francs, le soutien de la mairie et du canton. Je suis persuadé que cela se fera : la grande question c’est quand», conclut le directeur.

Quel son de cloche du côté de la commune?

«En ce qui nous concerne, cela fait des années que nous voyons d’un œil très favorable ce projet qui rentre bien dans le développement de l’offre touristique de Versoix, relève le conseiller administratif Patrick Malek-Asghar. Nous pourrions réunir plusieurs activités autour du chocolat. On comprend bien les contraintes économiques de l’entreprise Favarger.
Cependant, du point de vue de la commune, il revient au privé de lancer le projet.

Dans un deuxième temps, il y a des questions d’accès, de promotion et plusieurs autres choses que l’on peut faire. On est toujours ouvert à la discussion dans la mesure des possibilités des uns et des autres.»

Pour résumer, ce projet de maison du chocolat enthousiasme tout le monde, sans que personne ne soit en mesure d’agir. Il ne reste plus qu’à attendre le deus ex machina – autrement dit le «Super-investisseur» - pour débloquer la situation et faire de Versoix un lieu incontournable des circuits touristiques de la région.

 

auteur : Sandra Zanelli

<< retour