28.02.2012 par ro
num.216 mars 2012 p.11
PS

Construisons notre région socialement et démocratiquement pour nous en assurer!

Des membres socialistes des Exécutifs communaux et des législatifs genevois, vaudois, de la Haute-Savoie et de l’Ain se sont unis en la signature d’un manifeste. Ils se mettent ensemble pour dire stop à certaines dérives, mais surtout lancer une nouvelle construction de notre région. Il s’agit en effet prendre la main sur le projet d’agglomération franco-valdo-genevoise, qui bien que visant initialement à coordonner, met actuellement en évidence un développement économique à deux vitesses. Ces distorsions ne font que freiner ce projet visionnaire et transfrontalier de mieux vivre ensemble. Il s’agit donc de renforcer nos volontés de concevoir le développement ensemble, celui de notre lieu de vie qui est inextricablement lié entre Genève, La Côte vaudoise et la France voisine. Concevoir ensemble ne suffit plus, il faut pouvoir décider ensemble de notre vie commune. Ce manifeste sera une des lignes forces des programmes de législatures dans l’agglomération Franco-valdo-genevoise.

Des problèmes identiques des deux côtés de la frontière

Des deux côtés de la frontière franco-suisse, les déséquilibres vont croissant et le différentiel du coût de la vie crée d’importantes distorsions qui touchent des groupes sociaux identiques. Ces distorsions, déjà très sensibles sur le Canton de Genève, reportent de nombreux problèmes sur les territoires du Genevois français et du district de Nyon. Le type de développement économique émanant de Genève est une véritable fuite en avant qui a pour conséquences d’engendrer une agglomération à plusieurs vitesses. On peut mentionner en vrac la crise du logement pour les familles et personnes à bas et moyens revenus, la crise de l’emploi, notamment pour les jeunes, la paupérisation de la classe moyenne et la précarisation des milieux populaires, sans parler du mitage du territoire (dispersion de l’habitat sur une grande superficie et explosion des mouvements pendulaires) avec accroissement consécutif des nuisances et de la pollution.

Un double déficit démocratique

Face à ce constat, il est de notre devoir de faire émerger les outils politiques cohérents en vue de permettre la gestion de notre territoire commun. Nous constatons en effet un double déficit démocratique. D’une part, de nombreuses personnes participent à la vie de la cité économiquement et culturellement, mais n’ont pas leur mot à dire sur l’évolution de leur bassin de vie. D’autre part, les décisions sont prises de manière technocratique sans réelles concertations ni transparence.

Un parlement d’agglomération pour relever les défis d’une société à plusieurs vitesses

Aujourd’hui, la situation exige que l’agglomération émerge au niveau institutionnel, et ce d’une double façon. Le premier niveau doit être la création, par décision des deux États concernés, d’une assemblée régionale élue au suffrage direct par les corps électoraux genevois et des communes du district de Nyon d’une part, de parties des départements de l’Ain et de la Haute-Savoie d’autre part, élu(e)s qui seront appelé(e)s à siéger ensemble. Des compétences décisionnelles devront progressivement être déléguées à cette nouvelle institution. Le deuxième niveau, à créer simultanément, doit être l’édiction de législations nationales applicables aux situations de différentiel de coûts de la vie en zone frontalière, par les Assemblées parlementaires de nos deux États. L’effort doit notamment porter sur la maîtrise de la sous-enchère salariale, la formation aux métiers du service public, ainsi que sur la maîtrise de la surenchère foncière.
Forts de 5 siècles d’histoire commune, les habitantes et les habitants de la région franco-valdogenevoise doivent réaffirmer leur volonté de dépasser les antagonismes et mettre sur pied des innovations institutionnelles capables d’apporter des solutions aux distorsions actuelles. Ce message visionnaire de construction politique, démocratique et sociale, nous invitons tou-te-s les élu(e)s, à tous les niveaux de pouvoir de se l’approprier. Cette agglomération doit être bonne pour tou-te-s ses habitant(e)s : pour cela, il faut l’investir, lui donner un corps et une âme, sur tout son territoire.

Patrice MARRO
Président

auteur : rédacteur occasionnel

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