14.04.2012 par LR
num.218 mai 2012 p.14
Pourquoi un festival de guitare à Versoix ? L'âme d'Andrès Segovia plane sur Versoix !

Pour ceux qui, dans leur vie, ont pu écouter une fois Andrès Segovia, le prodigieux guitariste espagnol qui a donné ses lettres de noblesse à la guitare classique, on ne peut que faire un rapprochement, si humble soit-il – après avoir écouté le concert d’Alessio Nebiolo – entre le «grand Maître» et notre extraordinaire virtuose qui laisse chanter sa guitare dans une palette colorée et incontestable aux sensibilités profondes et riches. De là, lorsqu’on dit que l’âme d’Andrès Segovia plane sur Versoix, on peut estimer que le destin a laissé sa marque. L’article que vous pouvez lire – d’après un fait réel – en est peut-être une preuve.

D’aucuns se sont posé certainement la question : Pourquoi un festival de guitare à Versoix ?
Est-ce la ligne d’un certain destin ou les réminiscences d’un souvenir méconnu ? Les chemins du Ciel ne sont pas forcément propres à notre volonté. Et pourtant !
Alessio Nebiolo, notre éminent guitariste, venant de son Piémont natal, a-t-il entendu l’appel d’Andrès Segovia, le fabuleux guitariste espagnol ? En digne « fils spirituel » de ce grand maître, ses pas l’on conduit, il y a 13 ans, à Versoix, à l’école Croqu’Notes comme enseignant, et à Montfleury. Une rencontre inattendue, « comme tombée du ciel » et protectrice avec Brigitte Siddiqui qui l’a encouragé dans son début de carrière.
Et voilà que 75 ans après, par coïncidence et réminiscence – après que deux guitaristes venus jouer dernièrement ici au festival, sont lauréats des concours Andrès Segovia – un souvenir hélas durement tragique est remémoré, survenu le 21 octobre 1937 : le fils d’Andrès Segovia, Leonardo, âgé de 13 ans, est décédé accidentellement sur l’aqueduc du canal de la Versoix, au-dessus des voies CFF, à Montfleury, alors qu’il jouait avec deux camarades, tous élèves pensionnaires à l’Institut Monnier devenu Collège du Léman.
De là, est-ce la volonté d’Andrès Segovia de guider Alessio Nebiolo vers cet endroit de Versoix, afin de faire revivre et de perpétuer la mémoire de son fils, il n’y a qu’un pas qu’on n’oserait franchir.
De la complicité d’Alessio Nebiolo et de Brigitte Siddiqui, l’idée a germé de créer un festival de la guitare en 2008, qui prend d’année en année plus d’ampleur et de valeur. Était-ce aussi une main guidée d’Andrès Segovia, dans la création de ce festival, là où il vécut son grand drame personnel ? On pourrait aussi le penser ?
Honneur donc à Alessio Nebiolo qui marche réellement sur les pas d’Andrès Segovia, comme il l’a toujours souhaité, vers une glorieuse carrière.   Lucette Robyr

PS : Tous les concerts de ces premières éditions du festival des «Mars de la guitare» ont été enregistrés professionnellement avec une excellente prise de son par l’ingénieur du son Elias Siddiqui, ce qui a permis d’offrir à chaque artiste le disque de sa prestation. Un grand MERCI spécial et chaleureux à Elias Siddiqui pour sa disponibilité et sa fructueuse collaboration.   LR

auteur : Lucette Robyr

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