25.01.2013 par PAD
num.225 fév. 2013 p.12
Urbanisme : des voisins s'opposent à une modification de zone.

Les projets de modifications de zones (MZ) vont bon train à Versoix. Celui de la Place Bordier et de sa parcelle voisine, récemment acquise par la Fondation communale Samuel-May, ne fait pas l'unanimité.

Le plan 29997 - visant à modifier les limites de zones sur le territoire de la commune de Versoix (création d'une zone de développement 4A située entre le chemin Isaac-Machard, la route de Suisse et la place Bordier) et modifiant partiellement le périmètre de protection générale des rives du lac - a fait l'objet d'opposition de la part de riverains des parcelles visées.

La situation :
Notamment la parcelle 5223, appelée Champ cantonal, longue bande herbeuse d'environ 130m par 25m qui borde la route de Suisse, après le parking de la Place Bordier et le croisement avec les chemins du Vieux-Port et Ami-Argand, en direction de Lausanne. Cette parcelle de 3236 m2, propriété de l'Etat était initialement réservée pour élargir la route. Mise en vente, elle a été acquise à bon compte en 2008 par la Fondation communale Samuel-May. Elle servait jusque-là de parking d'appoint le week-end ou lors de manifestations nautiques.
En 2009, la Fondation dépose un projet de quatre petits immeubles de 4 étages de logements, locaux commerciaux et parking souterrain payant. Ce projet reçoit un préavis négatif des services de l'Etat. Point mort. Le 12 octobre 2011, surgit la possibilité d'un déclassement en zone 4A (hauteur max 15m) pour permettre cette construction. Le préavis favorable du CM, donné 25 juin 2012, devait permettre à la Fondation Samuel-May de poursuivre sa vocation appréciée et de construire des logements.

De leur côté, les voisins de cette parcelle et ceux du quartier sont informés par la Fondation en 2009 et s'opposent solidairement et formellement. Ils s'opposent également dans les délais légaux au déclassement le 11 nov. 2011. Ils regrettent le manque de concertation et de communication avec les promoteurs et demandent une audition auprès de la Commission de l'urbanisme du Grand-Conseil afin d'expliquer leur point de vue. Le 23 janvier 2013, avec leur avocat, ils ont pu exposer leurs arguments devant cette commission, à laquelle participait le conseiller d'Etat M. François Longchamp.

Les arguments des opposants
Indépendamment de la gêne occasionnée par un ou des immeubles dont les fenêtres et balcons plongeraient directement dans l'intimité de leur villa; indépendamment du préjudice causé par la dévaluation importante de leur bien durement acquis, déjà provoqué par l'émergence de ce projet de modification de zone, ils attirent l'attention sur l'étroitesse de la route Suisse à cet endroit et sur les perturbations du trafic induites par les accès à ces immeubles. Cela formera un étranglement supplémentaire sur la traversée de Versoix qui en a déjà trop.
A cela s'ajoute le développement du site de Port-Choiseul, largement fréquenté par les habitants du canton pour sa plage publique très prisée et les nombreux rendez-vous sportifs du Club nautique. Un immeuble à cet endroit bloquera d'autres possibilités d'aménagements et/ou d'élargissement de cette route "nationale" qui relie Genève à la Suisse et qui ne dispose que d'une seule voie dans chaque sens sur cette portion. Cela supprimerait aussi la seule zone de verdure le long de cette artère depuis le centre-ville.
En outre, l'étroitesse de la parcelle et le respect des distances aux limites impliqueraient une construction "en minceur" (ndlr : au mieux 7 m. de largeur si l'on applique les normes) forcément inesthétique face aux constructions du XVIIe siècle du "domaine Ferrier", patrimoine de ce vieux quartier de Versoix.
En privé, ils remarquent avec humour que si chaque fois que l'on souhaite construire un immeuble on modifie les limites de zones, y compris celles de protection des rives du lac (!), alors à quoi servent-elles ? Et jusqu'où ira cet artifice du déclassement  pour densification, sans concertation (ou si peu) et sans compensation des préjudices de tous ordres ?

Nul ne sait encore si la Commission de l'urbanisme du Grand Conseil a été sensible aux arguments des opposants qui montrent que le projet est mal ficelé en raison de la forme trop étroite de cette parcelle et de sa situation en bordure d'une artère principale également trop étroite. Des solutions satisfaisantes pour tous existent, il suffit de les trouver ... autour d'une table !

Versoix-Région vous tiendra au courant de cette ... affaire à suivre !
 

auteur : Pierre Dupanloup

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