21.03.2013 par TM
num.227 avril 2013 p.10
CM de Mars: Une tempête déjà en vue?

Outre février et les quais gelés aux allures féériques au détour d'une bise glaçante, on avait aussi annoncé une tempête et celle-ci montre se montre à l'horizon. Il ne s'agit pas du bug dans le système d'éclairage de la patinoire évoqué le mois dernier et sur lequel M. Genequand (PLR) se plaît encore à plaisanter. On ne lui en fera pas reproche. Il ne s'agit pas non plus, même si ça n'est pas drôle, du pied fracturé de M. Lambert (PDC). Il ne s'agit pas des nuisances de l'Aéroport de Genève qui vont s'intensifiant et qui pousse M. le Maire à exiger des explications.

Non, il est question de la CAP (Caisse d'assurance du personnel de la Ville de Genève et des Services Industriels de Genève et du personnel communal transféré dans l'administration cantonale) et de la réforme impliquée. Les conditions en secteur privé (largement défavorables) ne laissent d'autre choix à M. Malek-Asghar (PLR) et aux Conseillers Municipaux qui le secondent que de s'y soumettre par un vote sans appel.

Lecture fleuve par M. Richard et vote teinté de trois abstentions. Pour M. Kummer (Verts), le temps de travail requis et augmenté de 35 à 40 ans est difficile à avaler, avec une retraite, qui elle, passe de 62 à 64 ans pour les fonctionnaires concernés (ce qu'il comprend). La possibilité existe bien de cotiser davantage pour pallier les années d'études qui auraient été trop nombreuses avant l'entrée en fonction à 24 ans seulement (pour en totaliser 40 à 64), mais il pense qu'on va trop loin.

M. Hurni, lui, aimerait faire un trou de plus dans la ceinture pour mieux la resserrer, afin de demander un modeste effort supplémentaire aux fonctionnaires affectés, et deux millions à dépenser pour la Ville dans cette réforme, c'est beaucoup!

Deux visions avec un problème qui reste intact. M. Angelo (MCG) le rappelle, c'est problématique dans toutes les caisses de pension, souvent à cause de mauvais investissements. Oh, ce n'est pas une mauvaise gestion, le rappelait M. Richard (Verts) au journal, mais il y a bien une directive qui force à la capitalisation. Alors, on se rappelle 2008, où tout a commencé et où certains économistes avaient tenté de lancer l'alerte. Ils avaient été pris pour des fous.

C'est cela une tempête, et si l'on en croit une analyse un peu creusée des catastrophes bancaires récentes (Chypre) et les informations qui arrivent au compte-gouttes à la presse, mais qui provoquent néanmoins un choc régulier, il n'est pas certain qu'à coups de larmes on ait déjà l'oeil du cyclone derrière nous. D'ailleurs, dans son long exposé, M. Malek-Asghar a rappelé la problématique démographique et le large taux d'ancienneté dans la population. Avec une natalité autour de 1.4, on a passé la moitié du parcours vers l'enfant unique des Chinois et vers les problèmes que cela implique. Ce n'est pas tant à cause de l'espérance de vie, sur laquelle on peut prédire une réduction avec l'urbanisation des campagnes et la baisse du pouvoir d'achat, qui fait souci, mais la politique de compensation démographique en général, car remplacer un nouveau-né par un jeune travailleur - même s'il n'a que 20 ans - ce ne sont pas quelques miettes de pour-cent qui pèseront plus tard dans la balance des retraites (avec ratio travailleur/retraité) mais une bonne quinzaine de ceux-ci.

Justement, c'est là que le tumulte et l'irrégularité grandit sur le flot de Versoix pour former une vague qui inquiète, car une autre affaire est en cours. Apparemment sans rapport, le Plan Localisé de Quartier de l'intersection Dégallier-Lachenal (140 logements, une demi-Pelotière environ), s'inscrit exactement dans cette logique dévastatrice. Si nous prenons des mesures contre ce problème de retraites, il faudrait aussi en prendre contre ces PLQ à tout va, pour densifier et fluidifier cette politique économique.

C'était chose faite, le CM s'était prononcé contre le Plan Directeur Cantonal et contre ce PLQ. Pourtant, il semblerait que les choses ne se soient pas interrompues ici. Ainsi, l'association Lachenal-Canal ressent le besoin de lancer une pétition du haut de ses quatre vingtaines de membres, afin d'être entendue dans l'élaboration de ce PLQ. Le département cantonal de l'urbanisme avait promis la mise en place de tables rondes pour l'élaboration des PLQ, lesquels sont incontournables pour outrepasser les contraintes de zones à bâtir. En d'autres termes, sans PLQ, on ne peut pas construire un immeuble en zone "villa". Une poignée de détails modifiés renvoie le PLQ sur l'ouvrage, le prix payé semblant satisfaire les plus piètres négociateurs.

En plus de la pétition, les Verts avaient déposé une résolution, afin que l'on pût traiter plus efficacement cette demande, qui n'était qu'un tremplin pour accéder à ces fameuses tables rondes promises. Par 16 "oui", 6 oppositions et 2 abstentions, cela sera traité en commission. Un échec pour les pétitionnaires, puisque la commission n'est absolument pas tenue de donner suite. Elle peut aussi dissoudre ou rapidement classer le dossier. Les séances de commission se déroulant à huis-clos, les discussions sur ce sujet pourtant brûlant échappent au public.

Avec ce revirement, on se demande quelle est la logique poursuivie. Est-ce que l'on désire verser de nouveaux millions à la ruine de la Cité dans les fonds de pension véreux? Ne veut-on pas tout faire pour appuyer sur les seuls leviers qu'il nous reste, à savoir s'opposer et faire participer la population? A mesure de préavis négatifs qui ne compte pour rien et de connivence, ce n'est pas que l'on jetterait la pierre à ceux qui ne peuvent rien décider, mais on leur demande de la clarté, de la vision et de l'information, afin que les citoyens puissent réfléchir selon la donne réelle, aux causes et non aux conséquences. On serait presque tenté de faire un coup de pub et de dire "Heureusement qu'on a Versoix-Région!", mais le mérite revient aussi aux politiques qui, même si aucune subvention n'est versée, se montrent relativement coopératifs !


Mme Laïla Chaoui (MCG)
Toujours active en séance, mais rarement sur l'actualité la plus brûlante, elle se soucie des habitants et de la vie locale. Elle a aussi eu l'occasion de prouver qu'elle est une riveraine soucieuse, répondant à une demande du public concernant la collectivité privée de la Pelotière, où elle réside.

M. Yves Richard (Verts)
En faveur de l'intégration de l'association d'habitants Lachenal-Canal au PLQ, il présentait la résolution de son parti en soutien à ce projet. Toujours rigoureux et participatif lors des séances du CM, on ose rarement le contredire, tant la précision est au rendez-vous!

M. Jean-Claude Röthlisberger (SP)
Soutenant une résolution Socialiste-Progressiste à propos du complexe Versoix Centre-Ville, insatisfait de la tournure des événements après les votations populaires sur l'initiative du VRAC, il a le sentiment que le citoyen a été un peu berné dans cette affaire. Ainsi son parti proposait de réaménager un espace initialement prévu pour être loué à des particuliers, afin de rééquilibrer l'offre culturelle du projet. Par quatre (trois SP) "non", dans l'idée d'en entendre plus ce soir, 18 "oui", la question sera, elle aussi, traitée en commission.

auteur : Thomas Mazzone

<< retour