26.03.2013 par ro
num.227 avril 2013 p.16
En souvenir de ma Grand-Maman

En souvenir de ma grand-maman

Elle était petite. Très petite. Elle vacillait un peu quand elle marchait. On la soutenait, la plupart du temps. Avachie sur son canapé, sur la fin. C’était un jour pluvieux d’automne. Tout était gris, des nuages aux souliers. Par la main, elle tient une petite fille. Petite aussi. Avec des couettes blondes. Elle la serre fort, très fort, pour ne pas la lâcher, ne pas la perdre. La gamine ne comprend pas pourquoi. Elle grogne. Elle aimerait bien courir, jouer, non rester immobile.
- Julie, arrête, fais un effort ! Reste tranquille un moment !
Julie sourit. Clic. Grimace. Clic. Cornes. Clic. Langue.
- Julie, ça suffit ! Pour Mémé !
Clic. Ce sera boude.
Les mains se détachent. Mémé reste, l’enfant s’envole déjà vers un nouvel univers ; celui de l’imagination. Elle s’élance, se heurte au regard froid et mécontent de ses parents. Qu’importe ! Maman Rideau, elle, ne fait jamais d’histoire, et Papa Fromage jamais de punitions. Vite dehors, avant que le passage spatio-temporel ne se referme. A l’extérieur, la pluie faisait fureur, des gouttes giclaient de tous les côtés, rebondissant sur la surface lisse de l’anorak. Deux martiens l’attendaient, impatients de partir pour de nouvelles aventures, dans l’environnement mystérieux du jardin. Tous trois, abandonnant derrière eux la vieille maison terne, échappèrent à la menace de ses terribles habitants ! A terre ! Il ne faut pas qu’ils aperçoivent du mouvement. Rampant comme des vers gluants, les compères se faufilèrent jusque derrière la haie. Là, batailles de boue et courses d’escargots étaient au rendez-vous. Quand soudain : ah ! Les monstres, ils arrivent !
- Les enfants ? Vous êtes où ? C’est goûter !
Ils veulent la paix ? D’accord.
- Ah, on a eu peur ! Attention de ne pas glisser. Mais qu’est-ce que vous avez fabriqué ? Vous êtes plein de terre !
Le retour fut pénible. Et qu’on lave, et qu’on frotte. Pas facile d’être exploratrice intergalactique ! L’enthousiasme retombé, l’eau était froide. Julie grelottait. Mémé attrapa la fillette, Smouatch, elle se blottit contre la vieille dame. La petite la serra fort, pour ne pas la lâcher, pas la perdre. Elle ne voulait pas dormir, mais elle était si fatiguée. Les voyages, ça épuise ! Elle ferma les yeux. J’ai fermé les yeux. Les souvenirs affluent. Mémé, la campagne, les fameuses prises de photos, mes deux frères. C’en est trop. Je ne vais pas perdre mon temps maintenant à rêvasser. Allez Julie, range cet album et va travailler !

Amélie

auteur : rédacteur occasionnel

<< retour