11.04.2013 par TM
num.228 mai 2013 p.15
Printemps à cordes

Printemps à cordes

Les Mars de la Guitare, festival sur quatre dimanches, embrassent l'arrivée du printemps et imposent un retour sur les événements de cette manifestation désormais incontournable à Versoix.
Non, ce n'est pas le Festival du Chocolat, renommé "festichoc'" dans on ne sait quel élan artistique. Etait-ce le chiffre neuf et un besoin de renouveau avant la dixième édition, ou bien le passage inspirant d'un hiver de trop, selon certains calendriers cosmiques?
En tous les cas, aux Caves, on ne tergiverse pas sur ces questions, mais on s'affaire à fournir les derniers réglages pour l'enregistrement. Elias Siddiqui (photo), l'ingénieur du son, s'occupe des préparatifs pour immortaliser ces moments inédits.

Au rendez-vous, le public remplit toujours la salle. On arrive, ainsi, aux abords d'un changement: "une nouvelle configuration s'impose peut-être", rappelle Brigitte Siddiqui, qui pense surtout à l'avenir et aux infrastructures nouvelles et naissantes, peu favorables à des concerts classiques qui rassembleraient encore plus large audience.

Côté concert, les enfants, plus sages qu'à l'habitude, moins bruyants mais ajoutant toujours au charme de ces représentations à l'atmosphère plutôt chaleureuse, découvrent un quatuor à cordes. On les frotte en l'honneur de la muse de la musique et de la danse, puisque Terpsycordes, il se nomme. Contraste sur Haydn qui nous rappelle que la guitare n'est pas seule à honorer la musique classique, un interlude charmant, comme une seconde ouverture, un nouveau printemps plaisant et allègre!

Puis, s'ajoute Alessio Nebiolo, sa guitare donnant le la (et le ré!) aux violons qui s'accordent en orchestre. De Girolamo Bottiglieri, à Raya Raytcheva, et à Caroline Cohen-Adad, jusqu'au violoncelle de François Grin, on peut entendre un délicieux concerto de Malerbi, subtil mélange rendant hommage aux six cordes qui se grattent pour raisonner en son de cloche sur fond d'orchestre flottant. On découvre une autre facette de l'art du guitariste!

En deuxième partie, on apprend même à connaitre toute la subtilité d'un quintet à cordes envisagé de cette façon. Le choix de Piazzolla et de ses Five Tango Sensations, une danse moderne et féérique qui convient parfaitement à l'appel des instruments, arrangés finementt sur un air enchanteur!

Petit clin d'oeil à Paganini (dont la légende veut qu'il ne lui restât plus qu'une seule corde pour jouer devant une salle époustouflée) ou simplement le signe d'un grand moment de musique? Une guitare qui manque de tourbillonner dans les airs et une partition qui s'envole, de quoi être un peu éberlué!

Cordes grattées en plein vol et cordes de violon qui se pincent à l'envi, tambour sur guitare et doigts qui virevoltent, on finit presque sobrement et combien nostalgique sur le deuxième mouvement du concerto en ré majeur de Vivaldi, comme un petit carillon qui nous berce dans les regrets d'un autre festival qui s'achève.

Un peu de publicité, comme il en faut toujours, Alessio vit ici, le quatuor est du coin, les occasions ne manqueront pas de le retrouver.

L'année prochaine, nouvelle étape, nouveaux artistes et peut-être qu'enfin, les disques compacts confectionnés pour les artistes, eux-mêmes, comme démonstration et comme souvenir d'un moment inoubliable, trouveront un usage enfin public! Seulement, Brigitte, la présidente, conclura d'expérience, que les embûches ne manquent certainement pas jusque-là!

auteur : Thomas Mazzone

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