19.04.2013 par MG
num.228 mai 2013 p.06
A propos de l'aéroport

Charges de bruit aux aéroports suisses principaux.

Chacun des trois principaux aéroports suisses impose des charges et surtaxes sur les mouvements d’avions à réaction, selon l’heure du mouvement et un tableau de classification du bruit par modèle d’avion.
Depuis 2001, Genève et Zurich utilisent le même tableau  qui classe les modèles d’avions selon leur bruit de I à V (I étant celui qui émet le plus de décibel et V le moins), tandis que l’aéroport de Bâle utilise un système différent plus proche de la classification française.
Les progrès technologiques en matière de réacteurs rendent cette classification 2001 obsolète: plus de 90% de jets utilisant les deux aéroports figurent désormais dans la classe V et paient donc la charge de bruit la plus basse.
Une classification nouvelle – et plus réaliste – existe cependant. Genève et Zurich doivent choisir quand l’adopter et quelles modifications apporter au modèle de charges de bruit, afin de garantir un revenu raisonnable pour l’aéroport sans taxer trop lourdement les compagnies aériennes.

À Zurich, un décret de l’Office Fédéral de l’Aviation Civile (OFAC) souhaitait que les nouvelles charges soient imposées dès début 2012. Une plainte déposée contre ce décret a eu un effet retardant, de sorte que le nouveau modèle de charges de bruit devrait être mis en application d’ici fin avril 2013. Des détails à ce sujet sont disponibles sur :
http://www.zurichairport.com/Portaldata/2/Resources/documents_unternehmen/umwelt_und_laerm/fluglaerm/20130404_Info_preliminary_drecree.pdf

À Genève, le nouveau modèle de charges de bruit ne sera imposé qu’en avril 2014, soit un an après Zurich. Un décalage qui s’ajoute à d’autres différences d’importance entre les deux aéroports. Zurich ferme une heure plus tôt que Genève pour les vols commerciaux et a (comme Bâle) a depuis de nombreuses années imposé une surtaxe de bruit aux atterrissages nocturnes (entre 22h et 06h), tandis que de tels atterrissages ne coûtent rien pour les avions de classe V à Genève.

Par ailleurs, Zurich imposera désormais également des surtaxes de bruit pour les périodes quotidiennes de 06h à 07h et de 21h à 22h, ce qui ne sera pas le cas à Genève.

Le système d’analyse des mouvements d’avions à Genève mis en place par l’ARAG (www.aragge.ch/cgi-bin/mouvements.pl) permet déjà de voir quels seraient les charges et surtaxes de bruit pour des mouvements d’avions selon le modèle de bruit actuel, ou futur, à Genève ou à Zurich.
Considérez par exemple les charges de bruit pour les mouvements du vendredi 12 avril dernier: une journée comportant un grand nombre de vols (comme la plupart des vendredis), dont beaucoup de nuit. (A noter que c’est la première fois que j’ai constaté que chacun des 13 avions de la compagnie easyJet Suisse était rentré sur Genève au-delà de 22h - dont celui parti pour Nice après 22h et revenu à Genève seulement à minuit 20).
Avec le modèle de charges de bruit actuel de Genève, les 493 mouvements d’avions de cette journée du 12 avril n’auraient généré que Frs. 3850.- de revenu, dont Frs. 200.- pour les 152 mouvements d’avions d’easyJet.
Avec le nouveau modèle de charges qui sera adopté l’an prochain, ces mêmes vols auraient rapporté Frs. 10580.- (dont Frs. 1920 pour easyJet).
À Zurich, déjà depuis 2001, ces mêmes mouvements auraient généré Frs. 7800.- (Frs. 2600.- pour easyJet), somme qui atteindra Frs. 13770.- (Frs. 5280.- pour easyJet) lorsque les nouvelles charges de bruit seront en vigueur.

En résumé, contrairement à Zurich, Genève semble tenter de retarder l’inévitable et d’éviter de pénaliser sérieusement des vols de nuit. De plus, le décret de l’OFAC oblige l’aéroport de Zurich à établir un modèle de charge supplémentaire pour favoriser les investissements dans des moteurs d’avions moins bruyants.

A ma connaissance, aucune obligation de cette sorte ne s’applique à l’aéroport de Genève…
 

auteur : Mike Gérard

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