17.03.2014 par LR
num.237 avril 2014 p.04
L'orgue de l'église catholique de Versoix

Voilà qu’après 18 mois de travaux dans notre église, dont l’orgue a tellement souffert, un relevage (nettoyage-ajustage) complet a dû être entrepris et cela durant 2 mois. Maintenant il est agréable de l’entendre à nouveau avec beaucoup d’harmonie et belles sonorités.

Cet orgue date de 1916, rénové entièrement en 1995, relevé en 2014. A part quelques remaniements intérieurs tout est d’origine. C’est un instrument à vent doté de 1300 tuyaux en bois pour les sons graves et en métal pour les sons plus aigus. Ce que l’on voit à première vue, c’est le buffet décoré selon les goûts de l’époque et qui a un rôle de résonateur et de porte-voix. Les tuyaux de façade appelés « montre » ou « chanoines » parce qu’ils sont muets sont décoratifs. Les tuyaux sonores sont derrière soigneusement alignés et fixés sur leur sommier (planche en bois avec des trous où sont disposés chacun des tuyaux).

Les longs tuyaux en bois de forme carrée et d’une longueur de 2.60 m situés à l’arrière du buffet sont soit ouverts en haut, soit fermés. Ils correspondent en général aux sons graves (tuyaux ouverts) ou bourdons (tuyaux bouchés). Les sonorités plus aigües et aussi variées que possible sont en général issues des tuyaux en métal (alliage étain et plomb ou zinc, cuivre) à bouche ouverte.
Vu le nombre d’octaves (8) sur 2 claviers dotés de 56 touches chacun, le nombre de tuyaux (1300) plus le pédalier à 30 marches ainsi que les trois pédales pour relier entre eux les claviers et le pédalier, la pédale d’expression pour valoriser les jeux et les harmonies, on peut comprendre qu’à lui seul, l’orgue est plus qu’un orchestre puisqu’il peut jouer de tous les instruments, chaque tuyau étant en lui-même un instrument.

La technologie a aussi évolué, de même que l’harmonisation. En 1916 le 1er orgue – qui provenait de l’ancienne manufacture d’orgue Schmidt à Genève – était à commande pneumatique. En 1995, on le transforma en commandes mécaniques comprenant un assemblage de « tringleries ». Celui sur lequel on joue actuellement conserve encore énormément d’éléments datant de 1916. N’oublions pas que l’harmonisation d’un orgue dépend aussi du style qu’on veut bien lui donner : baroque ou classique ou un mélange des deux, ou plus romantique, suivant le goût de l’organiste et de l’environnement architectural dans lequel il se trouve. Le nôtre est du style classique tandis que celui du Temple de Versoix est plutôt de style baroque.

En général, un orgue est relevé tous les 20 ans.
Quand on pense que chaque tuyau joue une note différente, répercutée en miroir, c’est-à-dire tant de tuyaux côté droit, tant de tuyaux côté gauche pour la même sonorité (do d’un côté, do de l’autre) que l’on règle chacun spécialement soit à l’oreille, soit au diapason en prenant comme base le « la » du hautbois (car c’est le plus difficile à régler) et que l’on doit mesurer la fréquence de 440 hertz (norme européenne) on peut s’imaginer la complexité d’une harmonisation. Il faut savoir aussi que chaque degré de chaleur ou d’humidité en plus ou en moins a une influence sur le timbre, le son, la vibration que donne le tuyau.

On peut louer ici le travail très professionnel de nos facteurs d’orgue, spécialiste en la matière, qui ont assuré une manufacture impeccable de ce relevage. Nous les en remercions sincèrement et chaleureusement.

Nous reviendrons peut-être plus en détail dans un prochain numéro, vous expliquant les fonctions plus mécaniques de cet orgue. En attendant, après deux mois de travail intensif sur notre orgue remis à neuf, on aura le plaisir de l’entendre à nouveau chaque dimanche, et plus particulièrement lors des prochains concerts qui seront donnés en l’église de Versoix. Alors bonne écoute à tous. 

[Photos J. Robyr]

auteur : Lucette Robyr

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