29.11.2010 par ro
num.204 déc. 2010 p.04
Versoix et la ville de Tarija en Bolivie : un lien coopératif

 La Libellule de Tarija

Pour les enfants de la ville de Tarija en Bolivie, la Libellule n’est pas seulement un petit insecte coloré avec de grandes ailes. C’est aussi une porte de secours pour ceux qui se retrouvent dans une situation d’exploitation.

La Libellule est un centre de réadaptation sociale pour les enfants exploités créé par l’association Education et Futur, une ONG basée à Genève, membre de la Fédération genevoise de coopération et qui travaille en étroite collaboration avec son pendant bolivien l’association Educatión y Futuro (EDYFU).

Tarija est une ville d’environ 200’000 habitants située tout au sud de la Bolivie, proche de la frontière avec l’Argentine. Beaucoup de familles très pauvres sont venues des campagnes pour y habiter dans l’espoir de trouver du travail. Elles se retrouvent généralement dans des situations très difficiles qui conduit les enfants à commencer à travailler vers 9 ou 10 ans pour les aider à s’en sortir. Ils deviennent vendeurs, laveurs de voitures, cireurs de chaussures, employés de maison, etc. Ils doivent délaisser l’école pour entrer dans le monde des adultes. Leurs employeurs profitent souvent du fait que ces enfants n’ont aucune protection pour commettre différents type d’abus. EDYFU constate qu’à de nombreuses reprises ces enfants souffrent de sous-alimentation, d’alcoolisme ou de carences affectives et sont menés au vol ou à la prostitution.

Afin de les sortir de cette situation, la Libellule est constituée de six différents services :

• Un service social et psychologique se charge de la détection et du suivi des enfants travailleurs et exploités. Des mesures sont ensuite prises pour une réinsertion familiale et scolaire.

• Une auberge est à disposition pour offrir le logement, l’alimentation et les soins de santé aux enfants qui en ont besoin. Elle accueille une cinquantaine de jeunes pensionnaires.

• Un centre de soutien pédagogique s’occupe de la remise à niveau et de la réinsertion scolaire des enfants en rupture ou en risque de rupture scolaire.

• Une unité de réadaptation sociale organise des activités artistiques, sportives, ludiques et culturelles pour rehausser l’auto estime et favoriser la sociabilité des enfants exploités. Une centaine d’enfants y participent quotidiennement

• Une école technique dispense à 150 jeunes chaque année des formations professionnelles en électricité, jardinage et cuisine-pâtisserie.

• Une école s’occupe également de l’alphabétisation des parents et leur permet de suivre des ateliers de formation.

En seulement deux années, la Libellule avait déjà permis à 1500 enfants travailleurs de participer à des activités de développement personnel. Ceux-ci ont eu la possibilité de bénéficier de soins médicaux, de cours et de formations. Ces activités ont un impact important sur les enfants et les adolescents. Ils retrouvent une confiance en eux et peuvent s’épanouir dans des domaines auxquels ils n’avaient pas accès avant. Education et Futur souligne notamment que de nombreux talents ont été découverts en théâtre, en musique et en sport. Au niveau professionnel, le soutien scolaire et la formation technique reçus leur permettent de trouver un travail plus rentable et plus valorisant que celui qu’ils exerçaient avant.

La Libellule accueille encore aujourd’hui un grand nombre de nouveaux enfants chaque jour.

Pour mener à bien ses activités, elle bénéficie notamment du soutien de la commune de Versoix, ainsi que de Perly et de la Direction du développement et de la coopération (DDC).
EDYFU cherche toutefois maintenant à autonomiser le Centre à travers des activités dégageant des revenus et à travers un rapprochement avec les autorités locales qui ont déjà fait part de leur réel intérêt pour le projet. Cette autonomisation permettrait d’assurer à long terme un accueil aux enfants de Tarija qui en ont besoin.

Flavien Renaud
Fédération genevoise de coopération

auteur : rédacteur occasionnel

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