21.11.2014 par MJ
num.244 décembre 2014 p.01
Edito244

Madame Buffat s’en est allée au paradis des fleurs. Pour ceux qui ne la connaissaient pas, rappelons qu’elle tenait avec son mari l’épicerie locale versoisienne, celle qui durant de nombreuses décennies a non seulement permis aux Versoisiens de trouver les produits locaux, mais aussi de connaître les derniers potins villageois. Chez Buffat, il y avait le boire, le manger et les cancans. Aujourd’hui, il y a la COOP, la Migros et le journal 20 minutes mais plus de contacts humains, plus de papotages, certes futiles, mais tellement bienfaisants pour le moral.

Il y avait autre chose aussi chez Buffat : le sourire et la bonne humeur, que vous achetiez une simple plaque de beurre ou commandiez trois caisses de vin blanc, vous y aviez droit; avec le tiquet de caisse, le sourire était compris, toujours. Et ça, c’était merveilleux.

Même si vous ne vous serviez pas chez Buffat, épicerie d’un autre temps, vous ne pouviez manquer d’admirer la décoration florale de la maison en longeant la route de Suisse. Oui, à gauche en venant de Genève, après la place du Bourg. Sur le toit, des dizaines de variétés de fleurs, de toutes les couleurs et en toutes saisons. L’épicerie Buffat c’était un peu la carte de visite versoisienne et je pense que grâce à elle, Versoix se devait de fleurir son environnement: cela motivait la municipalité à faire preuve de goût et à décorer ses places et ses rues.
Aujourd’hui seuls quelques parterres de ci de là fleurissent encore, mais les bacs à fleurs sont vides ou remplis de béton. C’est plus facile à entrenir mais ce n’est pas ce qui donne vie à la commune ni plaisir à la traverser.

D’autres villes ou villages mettent un point d’honneur à décorer leurs parterres, leurs rues et leurs places, une façon de dire : « Vous êtes les bienvenus, ici le sourire et l’accueil sont garantis ». Chez nous, non. Mais nos finances sont au beau fixe.

Il est vrai que depuis quelques années, l’âge de la propriétaire s’élevant, l’épicerie locale n’était peut-être plus qu’un décor, un espace en agonie, et la décoration se fanait, un peu plus chaque année.
En souvenir de Monsieur et Madame Buffat, de leur épicerie toujours fleurie, le conseil municipal pourrait s’inspirer de leur exemple et prendre la résolution de redécorer notre ville, de la refleurir, elle qui a remporté jadis le prix de la meilleure décoration florale du canton. Il suffirait d’un peu de bonne volonté et ne dites pas que cela coûte cher. Il n’y a pas que l’argent qui fait le bonheur, les fleurs, le sourire et la bonne humeur en font partie.

auteur : Michel Jaeggle

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