15.02.2015 par ALBB
num.247 avril 2015 p.04
Nègè Blon ou la “Maison des Métaux”

Une chance d’entrer dans la vie professionnelle au Mali

La Ville de Versoix a soutenu un projet de formation professionnelle dans les métiers de chaudronnerie et de tuyauterie offrant des débouchés au Mali en partenariat avec ACCED (Association pour l’accès à l’éducation et la formation), une ONG genevoise.

Nègè Blon a commencé à Koulikoro (dans la région de Bamako) ce programme en 2010 qui a permis de former 90 apprenants et proposer une perfection professionnelle à 117 employés. Cette première promotion a eu un taux de réussite de 86%, et 28% des diplômés ont trouvé du travail. Notons que certains candidats n’étaient pas été alphabétisés et qu’ils ont, dans un premier temps, suivi un enseignement basique d’écriture et calcul qui leur a permis d’entreprendre la formation professionnelle proprement dite dans de bonnes conditions.

Vu le succès de cette filière, le gouvernement malien a retenu Nègè Blon comme partenaire de sa cellule “insertion” qui vise à installer un maximum de jeunes dans l’emploi ou l’auto-entreprise, ce qui correspond aux meilleurs débouchés dans le pays.

En effet, depuis 2014, Nègè Blon a renforcé son ancrage institutionnel en scellant un partenariat stratégique avec les chambres consulaires de l’Industrie et du Commerce, des Mines et de l’Organisation Patronale des Industries du Mali. A la demande de ces organisations, est née une nouvelle offre pédagogique : la qualification en soudage selon les procédés 111 et 311 sur acier. C’est un programme accéléré d’initiation des jeunes en abandon scolaire et diplômés sans emploi d’une durée de 10 mois. Il est proposé aux communautés rurales riveraines des exploitations minières pour les qualifier et leur permettre de postuler aux offres d’emplois dans les entreprises industrielles implantées sur leurs territoires.

Pour le démarrage de ce programme, une mission d’information et d’identification conduite par Nègè Blon et ses trois partenaires précités a séjourné dans les communes de Sienso et de Fourou dans la région de Sikasso, du 3 au 9 novembre 2014. La mission a dialogué avec les maires, les chefs de villages, les Sous-Préfets et les sociétés d’exploitation des mines d’or de Morila et de Syama.
La forte implication des Sous-Préfets et des maires a abouti au recrutement et à la mise en formation d’un groupe de 10 jeunes de la commune dès le 10 décembre 2014. La société minière de Syama, quant à elle, s’est engagée à participer au programme via l’alternance. Elle accueillera les jeunes dans ses ateliers pour leur perfectionnement, ce qui est un atout en vue des recrutements dans la mine. Ce programme est une 1ère au Mali où le Gouvernement, les communes et les entreprises minières peinent à trouver des solutions concrètes à l’emploi des jeunes et à la lutte contre la pauvreté dans les territoires. L’or est la 1ère recette d’exportation du Mali mais il ne brille pas, pour l’instant, pour les populations locales. Faute de qualification, celles-ci s’adonnent à l’orpaillage traditionnel sans sécurité pour les personnes et l’environnement. L’offre de Nègè Blon présente donc une opportunité sans précédent d’apaiser le climat social dans les zones minières et d’organiser un système d’apprentissage dans le secteur minier moderne et respectueux des droits individuels et collectifs.

Fort de cette reconnaissance et grâce aux financements reçus de l’extérieur, pas moins de 320 apprenants ont été formés ou sont en passe de l’être sur la période 2014-2015. De nouvelles filières ont été ouvertes (électricité et soudage aluminium), ce qui permet à encore plus de jeunes d’entrer dans la vie active avec un bagage adéquat.

Un nouveau volet a été ajouté à Nègè Blon : le micro-crédit, en collaboration avec des institutions spécialisées. Ainsi, non seulement les jeunes ont la chance d’être formés et de trouver un travail, mais ils peuvent aussi, s’ils présentent un projet viable en tant qu’indépendant, l’entreprendre en étant financé et entouré adéquatement.

L’école n’est pas seulement financée par des fonds publics, mais aussi par des fondations privées. D’autre part, Nègè Blon réussit à réunir environ 15% de son budget grâce à diverses recettes.

La Ville de Versoix a donc financé SFr. 25’000.- pour cette école de formation professionnelle, sur un budget de SFr. 217’469.-, dont SFr. 111’992.- ont été demandé à la Fédération Genevoise de Coopération.

 

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

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