07.04.2015 par LR
num.248 mai 2015 p.08
Mon quartier

Il était si joli mon quartier, il y a de ça bien longtemps. Ses villas cossues, couleur crème, ivoire, roses ou blanches, aux architectures personnalisées étaient entourées de jardins fleuris, potagers, de gazon rigoureusement tondu, d’arbres fruitiers, de buissons feuillus, d’autres égayant l’atmosphère de leur floraison printanière. Il y en avait pour tous les goûts, toutes les formes, toutes les couleurs qui rivalisaient de beauté et de lumière tout au long des saisons. Un festival de richesses harmonieuses qui nous délectait les yeux et le cœur. C’était de cela, voilà plus d’un quart de siècle.

Depuis les temps ont changé. Les villas qui bordaient les chemins de plaisance ont disparu pour faire place à des immeubles plus ou moins grands, plus ou moins jolis. Adieu les magnifiques jardins, les pelouses où l’on installait chaises, tables, fauteuils, balançoires, jeux de sable pour profiter du soleil d’été. On était tous voisins et on partageait mille plaisirs, de la conversation d’un instant aux soirées conviviales autour d’un repas. Même l’hiver avait son charme sous la couverture neigeuse et les glaçons pendant aux toits. L’environnement s’est modifié, on a dû s’habituer aux différents chantiers, aux nouveaux immeubles – densité oblige ! – qui ont remplacé les villas, aux nouveaux voisins dont on ignore le nom et même la proximité. On se sent parfois étranger, alors qu’on y vit depuis longtemps dans notre cher quartier. Quelques balcons décorés de géraniums rouges, des mini-parcs pour enfants en bas âge où seul un petit ballon peut être autorisé et encore ! Le décor est planté ! … Les rues ont changé d’aspect, la nature a repris certains droits, on s’adapte à un environnement plus ou moins heureux et les années passent ! … Que nous réservera l’avenir ? Nul ne le sait, mais j’aime mon quartier malgré tout.
 

auteur : Lucette Robyr

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