21.04.2015 par JP
num.249 juin 2015 p.07
Pierre Maudet restera-t-il sensible ?

Le tir genevois se trouvera d’ici quelques années dans une impasse de taille. L’unique stand de tir cantonal de Bernex fermera ses portes en 2020 afin d’y construire des logements, laissant 5000 tireurs sur le carreau. Vu que chaque canton à l’obligation de se doter d’un stand cantonal, les pistes explorées par le gérant du dossier Pierre Maudet restent floues, mais inquiétantes pour certains. Le terrain du Président de la société de tir de Versoix (STV) Reto Schucan est dans le collimateur du Conseiller d’Etat chargé de la sécurité et de l’économie.

A la base et malgré une image dévalorisante, le tir genevois coulait des jours paisibles et avait réussi à s’implanter sur le canton sans porter préjudice à grand monde. Mais depuis l’annonce du projet immobilier à la place du stand cantonal, son avenir s’est d’un coup d’un seul assombri, car aucune solution de remplacement n’a jamais été évoquée par l’Etat (gestionnaire du stand cantonal) au préalable. Dès lors une issue concrète doit être pensée pour les 5000 tireurs Bernésiens et la construction d’un futur stand cantonal pour le prochain quinquennat, un projet qui semble utopique à l’heure actuelle. Le Président de l’association sportive genevoise de tir (ASGT) André Maury, nous résume ses inquiétudes quant à l’avenir du tir à Genève « On a devant nous cinq années pour trouver un emplacement stratégique, réaliser un stand cantonal aux normes et faire payer la facture au canton, cela relève du fantasme aujourd’hui. Genève pendant des années difficilement chiffrables n’aura plus de stand cantonal, avec des conséquences tragiques pour les petits stands satellites du canton et pour notre sport, si aucune solution cohérente ne se présente » lâche le Président genevois du tir cantonal.

Une Commission a été réalisée par l’Etat afin d’envisager l’avenir plus sereinement, commission dans laquelle figure M. Maudet. Les premières propositions parlaient d’établir le stand sous le futur bureau des automobiles se logeant à Bernex, coût : 40 millions Chf. Un projet surréaliste lorsque l’on connaît les finances du canton et le prix d’un stand extérieur : 6 millions Chf.
De là, André Maury comprend que de farouches négociations avec les communes genevoises doivent être entreprises afin de trouver un terrain d’entente, au sens propre comme figuré. « Bonjour, 5000 tireurs et des travaux chez vous ça vous tente ? » Une marchandise pas si simple à liquider. C’est à ce moment précis, que le stand de tir versoisien et son Président Reto Schucan apparaissent comme un projet plausible, comme nous le confirme André Maury « Une dizaine de sites ont été retenus, parmi eux, figurait celui de M. Schucan. Il y a déjà une implantation et de l’espace, mais aussi des inconvénients, le stand est bien trop excentré de tout. Mais si l’on me dit qu’il y a rien ou Versoix, je sais ou j’appuie. C’est mon rôle de Président de voir notre sport continuer à vivre. La vraie question que je me pose actuellement est la suivante : existe-il une réelle volonté de refaire un stand cantonal ou pas ? Je n’ai pas cette réponse pour l’instant, et elle me semble cruciale » assure M. Maury.

Le Président de la STV se retrouve dans une situation des plus étonnantes. Après avoir construit seul, sans aide ni subvention son propre stand, il apprend que son terrain figure dans les petits papiers de M. Maudet. Reto Schucan tombe sur la tête et n’a qu’une seule faute à se reprocher «Le terrain sur lequel j’ai bâti le stand ne m’appartient pas, il est la propriété de la commune. Elle semble se positionner en ma faveur, mais dans tous les cas je me battrai corps et âme contre toute entourloupe à mon égard» clame le Président versoisien. André Maury dit comprendre les réticences du Président de la STV « C’est normal qu’il ait peur, car si le stand cantonal s’implante là-bas, s’en est fini pour lui. Il a tout fait seul et est un amoureux du tir, je comprends sa situation mais la mienne n’est pas évidente non plus ».

Un nom revient régulièrement, il s’agit de Pierre Maudet. Selon les deux Présidents, le membre du Conseil d’Etat possède toutes les cartes en mains, alors qu’ils leurs en manquent de leurs côtés afin de trouver une solution viable pour le futur du tir à Genève. L’un le juge comme étant «l’ennemi du tir», l’autre dit comprendre la difficulté d’occuper un poste comme le sien, mais confirme que «le tir n’est pas sa tasse de thé».

Vous l’avez compris, un véritable jeu politique se trémousse en coulisse où alliances, promesses et bluffs alimenteront les débats jusqu’à une solution concrète pour les 5000 tireurs du canton laissés à l’abandon d’ici 2020. Le silencieux est une arme qui tue en toute discrétion, espérons que certain(s) n’en fassent pas usage face à ce sport national de 700'000 membres, où jeunes et moins jeunes risquent de payer onéreusement leur passion pour ce sport.

auteur : Julien Payot

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