06.05.2015 par LR
num.249 juin 2015 p.15
De la musique classique aux Caves de Bon-Séjour, le 26 avril

Notre grand Maître de musique attendu régulièrement chez nous, est arrivé pour donner à tous les amoureux de la musique classique, une heure ½ de bonheur. Adalberto Maria Riva, notre merveilleux artiste et interprète nous présenta avec simplicité et délectation un programme sur la «Musique italienne du Baroque à nos jours». C’est ainsi que notre talentueux pianiste, passionné de recherche sur les compositeurs oubliés commenta chaque œuvre, jouée avec délicatesse, sensibilité et perfection. Les compositions musicales séparées de Domenico Scarlatti, Domenico Paradisi, Stefano Golinelli, Adolfo Fumagalli illustrant les 17ème, 18ème et 19ème siècles furent expliquées clairement.

Avec Scarlatti (1685-1757), nous entrons dans l’âge d’or du baroque. Ce sont les Italiens qui ont inventé le piano (le 1° fut à Naples), influencé par le facteur de piano de J.-S. Bach, M. Bilbermann. Les pièces musicales étaient souvent écrites pour le clavecin et grâce à un article paru sur le piano dans la presse italienne, l’instrument prit dès lors ses marques de noblesse. La Sonate en ré mineur K9 de Scarlatti fut notre première surprise de charme : gaieté, vivacité, finesse, les notes s’écoulaient telles de vraies petites cascades où la brise s’amusait à en jeter les embruns.

Avec la Toccata en La majeur de Paradisi (1707-1791) on baigne en reflet dans la renaissance de la musique instrumentale très en vogue pour l’accompagnement des nombreux opéras existants (Puccini, Bellini, Verdi). Un moment de bonheur dans l’expression de ce joyeux morceau.

Golinelli (1818-1891) appelé le Schubert italien avait une facilité pour l’invention mélodique, tel Schubert. A travers la «Cicalata» (la cigale), on se retrouve dans la nature où avec les notes pleines de richesse virevoltant sur les aigus, on entend de temps à autre le cri de la cigale. Pur instant de plaisir plein d’entrain !

Dans l’œuvre dédiée à Franz Liszt «La roche du diable, étude de bravoure », Fumagalli (1828-1856) (le Paganini du piano) nous offre à travers cette transcription des effets très complexes, mouvementés, des accents toniques, des sonorités graves aux variantes colorées, tel un torrent en perpétuelle mutation. Comme l’artiste a su rendre génial ce morceau de musique, original en soi par ses découvertes !

Voilà qu’on rentre dans la deuxième partie de cette période italienne couvrant le 20ème siècle ; on fait honneur à Ottorino Respighi. Puis Gianfrancesco Malipiero, Luigi Dallapiccola et Giulio Cesare Sonzogno enthousiasmèrent le public.

Extraits des « Antiche danze e arie » pour luth dont Italiana et Siciliana, Respighi (1897-1936) nous ouvre les portes de la Renaissance. L’influence de Clementi – grâce à sa nouvelle méthode de piano – sur Respighi, fait ressortir les deux écoles de cette période : la musique ancienne et le romantisme. On le ressent au cours de l’interprétation à la fois douce, chantante, harmonieuse, aux mélodies lumineuses qui s’écoulent dans les œuvres citées. Dans les jolies cascades de gammes aux différentes variantes, gaieté et mélancolie se côtoient dans des rapports amoureux.

Autre est Malipiero (1882-1973) qui nous procure une musique modale et non tonale. Les deux guerres mondiales ont passé ; le compositeur mélange savamment les genres et les tonalités, dont Stravinsky s’inspirera. Dès lors, musique ancienne et musique moderne iront de pair. Dans les quatre mouvements du «Preludi autunnali» (Prélude d’automne), Adalberto Maria Riva nous exprime avec aisance ces contraires, toutes les couleurs vives de l’automne, mais aussi son temps maussade et triste, ses vents violents et les chants des oiseaux.

Passons à Luigi Dallapiccola (1904-1975). Ce compositeur a écrit sa «Sonatina canonica sui Capricci di Paganini» pour sa fille. Sa musique d’influence autrichienne et méditerranéenne change souvent grâce à sa nouvelle construction. Il superpose différents thèmes : canon à l’endroit, canon à l’envers, beaucoup de virtuosité au niveau de la composition. Tous les sentiments humains semblent représentés dans le parcours de cette œuvre où tonalités aigües, vibrantes, se juxtaposent avec les rythmes vifs, effrénés, puis tout à coup des harmonies douces, calmes, mélodieuses, pour reprendre de plus belle dans un tout autre registre, plus saccadé. Perpétuel dialogue entre le paisible et le bruyant.

Enfin pour terminer, «Favoletta» de Sonzogno (1906-1976), contemporain de Dallapiccola. Ce sont des mélodies plus raffinées, avec harmonies intelligibles et claires. Le compositeur est convaincu du pouvoir de communication de la musique, d’où des créations pour les enfants. L’influence de Ravel est importante. Accords magiques ou emphases, mélodies simples et faciles à enregistrer, reflets colorés ou exotiques, toute la brillance de ce morceau fut rendue par notre virtuose hors pair pourvu d’une grande sensibilité.

Et c’est en apothéose, que notre merveilleux pianiste interpréta en bis l'air de «Casta Diva» pour main gauche seule de Adolfo Fumagalli. Prestation lumineuse, réjouissante et apaisante qui combla notre âme et nos esprits enthousiasmés. Nous étions heureux !

Sincères félicitations et Merci cher Adalberto pour ce programme musical enrichissant et joyeux.

Au prochain revoir aux Caves
 

auteur : Lucette Robyr

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