16.02.2016 par JP
num.256 mars 2016 p.11
Association Richelien-La Bâtie : Un siècle déjà !

Souvent comparés à des enfants esseulés de la commune, Richelien et la Bâtie, hameaux installés sur les hauts de Versoix, possèdent pourtant la plus ancienne association de la ville. Vieille de plus d’un siècle, l’Association des intérêts de Richelien-La Bâtie (AIRB) présidée actuellement par Laurent Krull, a toujours milité pour la sauvegarde de ce havre de paix et son développement.

L’AIRB voit le jour le 19 avril 1910, grâce à l’association de plusieurs propriétaires du quartier investis dans leurs bourgades. Le premier Président Balthasar Schindler et quelques copains œuvrent à l’accroissement de leurs deux bourgs au nord de Versoix, accessibles à cette période par des chemins terreux et peu praticables, les reliant difficilement au village de Versoix. Il faudra attendre le début des années 1960 pour voir Richelien et la Bâtie se développer, notamment par l’arrivée de l’autoroute avec le brouhaha qu’elle généra. On en profitera pour goudronner leurs routes. Situées également aux abords de la rivière «La Versoix», les deux agglomérations possèdent une activité artisanale et industrielle intéressante. Classés en zone agricole et forestière, les paysans dominaient toutefois le paysage du nord versoisien. Les habitants et l’AIRB ont su tout au long de ce siècle s’adapter aux métamorphoses et modifications afin de défendre leurs intérêts, et continuer à être les garants d’une pérennité des valeurs simples et du vivre ensemble.

Ces derniers mois, ce petit coin discret et paisible est monté sur les devants de la scène cantonale avec des actions concrètes et en devenir, comme l’arrivée tant attendue de la ligne de bus U, ou encore le projet de décharge bioactive. La première nouvelle donne des perspectives d’ouverture à plusieurs quartiers éloignés de Pont-Céard, comme le confirme Laurent Krull « L’accès au transport et à la mobilité n’est pas seulement une affaire d’écologie, mais pour nos anciens, c’est enfin la possibilité de se rendre librement au centre de Versoix et de rompre leur isolement ». Le Président souligne également que le nouveau tracé est à double sens, ce qui devrait permettre aux habitants de la ville de venir profiter des espaces naturels ou sportifs mis à disposition. La ligne inaugurée le 12 décembre dernier, a maintenant trois années pour confirmer que la demande est bien réelle. Les derniers chiffres maintiendraient aisément le nouveau tracé, et pourquoi pas ouvrirait la possibilité de prolonger l’itinéraire jusqu’à la Bâtie ou Mâchefer.

« Ce serait un non-sens gigantesque »

En octobre 2015, l’AIRB a été mis au courant d’un projet d’étude concernant l’insertion d’une décharge bioactive à Genève. Elle viendrait remplacer la décharge du Nant de Châtillon à Bernex en fin de cycle. Quatre sites potentiels se situent sur la commune de Versoix (les Gravines, Mâchefer, Sauverny et près du stand de tir), pour le Président Laurent Krull « cette décharge serait un non-sens gigantesque, pour le développement de la ville, mais aussi pour le bien-être des habitants. La nature des déchets et les emplacements décrits sur les cartes auront de forts impacts sur la vie du quartier. Nous nous opposerons contre vent et marée à ce projet", assure-t-il. Le conseil municipal va dans le même sens que l’AIRB et s’est exprimé le 16 novembre 2015, en allant contre l’implantation d’une décharge bioactive sur Versoix. A l’heure actuelle, le projet n’en est qu’à une pré-étude, analysant les places disponibles sur Genève et la carte géologique, rien de précis n’a été déterminé.

Le problème autoroutier

L’AIRB aujourd’hui, c’est 50 membres cotisants, pour 120 boîtes aux lettres. Impossible de chiffrer le nombre exact d’habitants entre Richelien et la Bâtie, mais l’image vieillotte qu’elle reflétait auparavant a bien évolué «Les gens sont actifs et travaillent, nous ne sommes pas tous reclus dans nos cabanes à vivre comme des marginaux. De plus en plus de jeunes viennent s’installer ici, nous avons le calme et la paix à 30 minutes de la gare Cornavin, que demander de plus ?» affirme le Président. Une chose que l’AIRB demande en plus et compte bien se faire entendre, concerne le bruit occasionné par l’autoroute passant à proximité des premières habitations. Une pétition lancée entre les deux quartiers par l’association a récoltée 95 signatures, un joli résultat qui n’a pas eu les effets escomptés.

Selon une conversation avec M. Genequand, un projet de 3ème voie existe et mentionne l’installation d’un mur antibruit de 200 mètres dans le périmètre de Mâchefer, la commune a pris connaissance de cette requête, mais son statut territorial ne donne pas le poids nécessaire pour répondre à ces demandes. D’autres solutions semblent possibles pour soulager les esgourdes des habitants «Pourquoi pas limiter ce tronçon à 80km/h, ce qui réduirait déjà amplement les nuisances. On peut imaginer aussi un revêtement fait d’un bitume silencieux, nous sommes ouverts à toutes propositions, mais ce tronçon est le deuxième plus fréquenté de Suisse, et des solutions s’imposent» lâche Laurent Krull. L’avenir s’annonce chargé pour la plus âgée des associations communales, qui au delà de ses combats, tient à s’ouvrir à tous. Toute la population est la bienvenue à ses événements «La Soupe» et le tournoi de pétanque «la Boulette», afin de partager avec ces locaux un moment agréable dans la nature verdoyante qu’offre la campagne versoisienne.

Plus d’information : http://www.airb.ch

auteur : Julien Payot

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