12.06.2016 par AP
num.260 juillet-août 2016 p.11
CM : Gilles Chappatte

Gilles Chappatte, de Beyrouth à Versoix, de la SBS à l’Etat, et de l’AHM au CM

Gilles Chappatte est né à Beyrouth en 1965, où son père, un Suisse montant des services après-vente dans le monde entier pour la Fédération horlogère, s’est installé après avoir rencontré une Libanaise. Le couple y a ses deux premiers enfants, Alain et Gilles, puis déménage au Pakistan, où naît Patrick, au coup de crayon bien connu. La famille s’installe ensuite à Singapour, où les garçons apprennent très vite l’anglais. Mais ils l’oublient tout aussi rapidement quand, en 1973, les cinq Chappatte déménagent en Suisse. Gilles Chappatte y entame un apprentissage à la SBS, où il obtient son CFC d’employé de commerce. En vue de perfectionner sa maîtrise de la langue de Goethe, il suit un stage notamment à la Bourse de Francfort, où il est témoin en mai 1989 d’un d’attentat à la bombe incendiaire par la RAF, qui, grâce à l’efficacité allemande, ne retardera que de quelques minutes l’ouverture de la Bourse. A peine le pied posé en Suisse, le jeune Gilles déclare vouloir apprendre l’anglais, et part étudier six mois dans une école en Angleterre.

Muni de son nouveau bagage linguistique, Gilles Chappatte est alors recruté pour travailler au département logistique et infrastructure de la SBS. En parallèle, il passe un Diplôme fédéral d’organisateur, qui le propulse à la tête du service de l’organisation. Il met à profit le nouvel outil qu’est Intranet pour créer des bases de données pour la gestion des coûts analytiques, voit la banque se régionaliser, puis se fondre avec l’UBS, mais garde sa place et impressionne ses collègues suisses allemands en réorganisant le service d’approvisionnement. Il met également en place le premier plan de mobilité de Suisse romande, en instaurant des parkings payants, dont les bénéfices servent à financer des abonnements de transports publics pour les collaborateurs, la création d’un système d’autopartage et d’ateliers de réparation pour les vélos.

En 2002, il quitte l’UBS pour la BCGE, où il opère en tant que directeur de la logistique. La réorganisation des locaux et la vente d’immeubles qu’il effectue contribuent à ce que l’entreprise renoue avec des bénéfices plus que nécessaires. Puis, après 23 ans dans les banques, Gilles Chappatte se met à son compte et monte une entreprise de conseil en organisation, tout en décrochant un Certificat HEC en Entrepreneurship. Cinq ans plus tard, il postule à l’Etat et obtient le poste de Directeur adjoint du service des tutelles (aujourd’hui : le Service de protection de l’adulte). Son expérience dans la restructuration guide le service vers une sous-traitance de la gestion des factures des pupilles, pour que les assistants sociaux aient plus de temps à consacrer aux cas compliqués, qui requièrent beaucoup d’attention. Après trois ans dans ce service, il devient Directeur de la logistique du pouvoir judiciaire. Actuellement, après des années de travail acharné et d’évolutions de carrière au gré des opportunités, Gilles Chappatte estime qu’il est temps de prendre une année sabbatique. “Je me demandais : ‘Pourquoi est-ce que je cours dans ma cage comme ça?’ J’ai envie de faire un break. Ça fait 35 ans que je travaille, et j’en ai encore pour 15 ans minimum… Donc j’ai décidé de m’arrêter une année”, confie-t-il.

Pause active cependant, il est désormais membre du comité de fondation de Caritas Genève, et consacre une grande part de son temps libre à soutenir et à réorganiser cette institution. Après un voyage de six semaines en Asie, il contribue au lancement depuis le 21 mai du nouveau marché hebdomadaire du samedi sur la place de la gare de Versoix. Cette prestation, s’enthousiasme-t-il correspond à la fois aux attentes de la population et aux besoins des commerces à voir le centre-ville s’animer pour capter une clientèle régulière.

Tout commence au village de Montfleury

Alors qu’en terme d’emploi Gilles Chappatte montre une grande mobilité, il n’en est pas de même pour la politique. Il l’approche la première fois via l’Association des Habitants de Montfleury, quartier qu’il considère comme un petit village, où il exerce un temps le rôle de président. Cette expérience l’amène à aller observer le Conseil municipal et les partis présents. Bon compromis entre le social, l’économie et l’écologie, les piliers du développement durable, le PDC retient son attention. Bien qu’il s’affilie au parti, il apprécie le consensus entre les différentes mouvances de la commune. “C’est comme un parti unique, le Parti des intérêts de Versoix, mais avec des couleurs différentes. J’ai tout de suite compris que la diversité des couleurs politiques, des âges et des sexes, est la plus belle qualité de la démocratie”, décrit-il.

Dès sa première législature en 2008, Gilles Chappatte apprécie cette manière d’apporter quelque chose à la communauté, tout en suivant une véritable école de vie. Désireux d’en apprendre plus, il se portera même candidat au Grand Conseil, sans illusion cependant, mais afin d’avoir un aperçu du fonctionnement d’une campagne et de se confronter avec une population pas toujours acquise à ses idées. Aujourd’hui, c’est à celle de Versoix qu’il se dédie, après huit ans de législature. Satisfait du développement du centre de la ville et de la création d’emplois qu’il implique, il juge qu’il y a encore du travail à effectuer : “Versoix est en train de grandir. Pas seulement en nombre d’habitants, elle est aussi en train de mûrir. Et c’est une adolescence qui ne se passe pas toujours très bien, parce que si le corps grandit, la tête ne suit pas toujours. Il y a des soucis avec la gestion de l’administration qui doivent être rapidement réglés. Ce défi est important. L’enjeu est de continuer à développer la ville, surtout qualitativement, et d’améliorer les prestations pour la population à travers les services de l’administration.”

Et avec son expérience dans la restructuration, il sait de quoi il parle. Il sera encore là pour en parler; s’il a beaucoup bougé sur le plan professionnel, la politique est loin de lui laisser le temps de se lasser !

auteur : Anouk Pernet

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