10.10.2017 par ALBB
num.273 novembre 2017 p.04
Versoix soutient un projet en Colombie

Conformément à l’accord conclu avec la Fédération Genevoise de Coopération, la Ville de Versoix a soutenu un projet de GeTM en Colombie dans la région d'Antioquia pour permettre à cette région rurale de mieux profiter de l'accord de paix récemment signé en partant des forces locales, à savoir des familles paysannes. Le répondant local est Vamos Mujer, association fondée en 1979 à Medellin, reconnue dans le pays pour ses compétences en agroécologie et dans l’accompagnement des groupes et associations de femmes paysannes. Dans le cadre du projet, Vamos Mujer s’allie avec AMOR, association qui a une longue expérience dans l’accompagnement psychosocial des victimes du conflit armé.

Le projet vise à former les familles paysannes pour qu’elles puissent ensuite partager ces nouveaux savoirs avec d'autres, au lieu d'envoyer des experts extérieurs. Ainsi, la population prend en main son destin, les progrès sont partagés ... et contagieux.

Deux volets complémentaires sont financés. Tout d'abord, l’appui et le renforcement des initiatives productives agro écologiques de 48 fermes familiales, qui leur permettra d'améliorer la qualité et la quantité de leurs récoltes. Plus de produits à vendre, mais aussi et surtout la possibilité de se nourrir grâce à la variété des cultures. Un des points forts de cet axe est de créer un dialogue constructif autour du travail agricole afin que l'apport des femmes soit mieux reconnu, aussi bien à l’intérieur des familles qu’au niveau local et régional. Les participants constatent d’ores et déjà que le fait de partager les décisions a renforcé les liens familiaux. Les jeunes quittent moins la région et sont fiers d'être paysans, ce qui n'était pas le cas avant. Une cohésion sociale bienvenue; l'avenir ne fait plus peur. 12 animatrices ont été formées pour accompagner de nouvelles familles sur le chemin de cette agriculture novatrice.

Bien que le traité de paix soit officiellement signé, il faut noter que la région subit encore des tensions dues aux pressions des narcotrafiquants ou des grandes compagnies minières qui convoitent les richesses tant du sol que du sous-sol. Les petits propriétaires peinent à défendre leurs droits fonciers. Le fait de participer à un tel projet leur permet d'être mieux reconnus et de faire entendre leur voix. Par ailleurs, la guerre civile avait donné de l'importance au rôle des femmes, vu qu'elles ont dû assumer aussi bien le travail domestique que la gestion des fermes en l'absence des hommes. Leur retour change la donne et remet en question le rôle des femmes, raison pour laquelle un rééquilibrage social respectueux est encouragé par Vamos Mujer. Ce dialogue permet de nouvelles perspectives dans cette région rurale très pauvre de la Colombie, un des pays les plus inégalitaires du monde.

L'autre partie du projet est l'accompagnement psychosocial des victimes du conflit. La guerre civile a sévi pendant plus de 50 ans. Victimes et anciens guerrilleros se côtoient quotidiennement. Les animosités sont fréquentes et insupportables pour les victimes. Difficile de croiser en liberté des personnes qui ont torturé ou tué des membres de sa famille. Une douzaine de femmes sont formées pour animer des groupes de parole de 15 à 20 personnes afin de participer au mouvement de réconciliation nationale. Elles suivront 240 victimes afin de leur permettre d’entamer un processus de guérison et d’envisager l’avenir avec sérénité.

Il est clair que 50 ans de guerre civile ne seront pas oubliés de sitôt, mais chaque initiative permettant un début de pardon, une autonomie financière ou une reconnaissance des familles paysannes est un pas dans la bonne direction.

La contribution de SFr. 25'000.-, avec celles de la Confédération, l'Etat de Genève et la Commune du Grand-Saconnex permet à de nombreuses familles paysannes d'envisager un avenir meilleur.

Photos fournies par GeTM

Photo 1: Patricia Zuluaga (agronome en charge du volet agro-écologie) et Rosita dans sa ferme, municipalité de Sonsón, sous-région de l'Est d'Antioquia.

Photo 2: Ana María Berrío (chargée de projet à Vamos Mujer) et Rosita dans sa ferme, municipalité de Sonsón, sous-région de l'Est d'Antioquia

Photo 3: Visite des fermes des femmes, municipalité de Sonsón, sous-région de l'Est d'Antioquia
 

 

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

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