31.10.2017 par ro
num.273 novembre 2017 p.20
Hommage à Ernest Roder

C’était le 13 février 1960, à l’Auberge du Raisin.
La Société fédérale de gymnastique section de Versoix tenait son Assemblée générale. Ernest RODER succédait à William GUICHARD et devenait moniteur-chef sur proposition du Président Pierre WICHT. Une proposition accueillie « par de vifs applaudissements », lesquels témoignaient de l’estime et de la confiance dont jouissait Ernest.



Ernest RODER, né en 1932, fils de paysan et terrien de corps et d’âme, avait connu une enfance dure. Il avait eu le mérite d’autant plus remarquable d’ouvrir en 1960 une boucherie-charcuterie à la Rampe de la Gare, dans l’arcade précédemment occupée par le boulanger Mordasini. Il avait d’emblée rencontré le succès, parce qu’il était un excellent professionnel attaché à la qualité de ses produits, d’un abord sympathique et admirablement secondé par Simone, sa chère épouse, dans le soin à la clientèle.

Gymnaste invétéré, il avait connu une jolie carrière dans « les nationaux » (les disciplines gymniques historiques du pays, comme la lutte, le jet de la pierre, etc) marquée par nombre de distinctions fédérales et cantonales. Ses compères de l’époque étaient alors Emile CAILLAT, Willy VORAMWALD, Paul TESAURI.

Mais c’est son autorité naturelle qui l’a conduit à diriger la section in globo en concours, toutes disciplines confondues. Ernest donnait ses ordres en souriant, d’une voix douce, le corps un peu plié vers l’avant, en jetant un regard attentif sur ses protégés. Il avait un geste répétitif du bras droit qui incitait au dynamisme. Plus qu’un chef, il était un entraîneur, un meneur d’hommes.

Las, surchargé, ne parvenant pas à concilier tâches professionnelles et responsabilités sportives, il devait rapidement remettre sa fonction de moniteur-chef, laquelle était reprise ad interim par William GUICHARD en attendant l’arrivée en 1964 de Robert DETRAZ.

Mais Ernest RODER était resté l’âme de la gym-hommes, une bande de joyeux lurons aux caractères primesautiers venant au local pour se « faire du bien », c’est-à-dire bouger et bouger encore.

Le départ d’Ernest laisse tout un petit monde un peu orphelin. Il avait su créer autour de lui une coterie dynamique et soudée. L’après-leçon, c’était beaucoup plus le verre devant des plats de viande séchée et de charcuterie à son domicile, secondé en ceci par son épouse si admirable, que les chaises du bistrot. Sa musique personnelle, c’était « Les copains d’abord » que chantait Brassens et qui a résonné au temple lors de ses obsèques.

Ernest était un homme heureux, de ces gens dont on dit qu’ils n’ont pas d’histoire. Mais qui, en fait, ont une Histoire: celle qu’ils tracent dans la vie de tous les jours avec ces crayons qu’on appelle générosité, empathie, don de soi, amour inconditionnel des autres.

Au revoir, Ernest, on t’aimait, on t’aimait beaucoup. Que ta famille, Marianne et Jean-Claude en particulier, trouve, dans le souvenir lumineux que tu laisses, paix et sérénité.

G.Ramseyer

auteur : rédacteur occasionnel

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