Irina Chkourindina
Alessio Nebiolo et Claude Régimbald
4 mains du 4 février Deborah Lee et Paul Coker
Irfan Siddiqui président de l'Association des Concerts du dimanche et Brigitte Siddiqui programmatrice avec Alessio et Claude
17.02.2018 par LR
num.276 mars 2018 p.19
Concerts classiques des dimanches aux Caves de Bon-Séjour 2018

L’année 2017 s’est terminée en beauté avec le fabuleux récital de Piano de Suzanne Husson et pour 2018 ce fut celui de la grande pianiste talentueuse Irina Chkourindina qui nous ravit dans un programme de Sergei Rachmaninoff et Frédéric Chopin, le 21 janvier en ouverture de l’année.
Sur cette belle lancée on continua le 28 janvier avec Claude Régimbald, flûte et Alessio Nebiolo, guitare. L’un et l’autre sont déjà connus du public fidèle aux concerts du dimanche. Dans la présentation des œuvres, celle de Fernando Sor (Variation sur un thème de « La Flûte enchantée » op. 9 pour guitare seule) interprétée avec délicatesse et profonde sensibilité pour la première fois, fut une réussite. On entrait dans l’intime de la divine musique mozartienne avec une guitare aux sonorités pleines de charme et de finesse.
Tout au long de cette Sérénade pour flûte et guitare, les compositeurs méconnus tels Joseph Bodin de Boismortier, Giorgio Mirto, Fernando Sor furent mis en valeur et leurs œuvres découvertes avec beaucoup d’intérêt et de plaisir.
Pour l’inventeur de la flûte traversière qui vécut au temps de Louis XIV, Joseph Bodin de Boismortier composa cette « Première suite, op. 35 » pour flûte seule jouée en général pour le coucher du roi. L’interprète nous livra les cinq mouvements avec une richesse de nuances propre à cette musique du XVIIème siècle et aux circonstances royales. Prélude, gavotte, menuet autant d’harmonies liées dans la douceur tout en évoquant une danse feutrée mais joyeuse, avec des cascades de notes gaies ou détachées.
Dans le « Grand Pot-Pourri, op 126 » de Mauro Guiliani, nous assistons à un véritable dialogue entre la flûte et la guitare où chacun livrait sa performance musicale, reflétant tantôt un concert de pépiements d’oiseaux, tantôt des ruisseaux colorés où jaillissent mille cascades, ou un festival de danses festives dans une nature en plein éveil. Le charme a opéré dans ce duo hors normes aux multiples variantes.
N’oublions pas Giorgio Mirto qui dans sa composition « Cassino 1944 » nous livrait les influences de cette guerre désastreuse. « Pour qu’alliés et envahisseurs partagent cette culture française, cette œuvre fut écrite en commémoration de la bataille du lieu et où l’abbaye qui a été détruite et reconstruite héberge actuellement un festival important ». (dixit A. Nebiolo)
A travers cette pièce moderne, les harmonies sont vulnérables, dissonantes reflétant les bombardements, la grisaille, la guerre qui siffle et tue de tous côtés, mais en même temps dans les tonalités plus aigües, plus gaies, la flûte fait revivre l’espoir, la lumière, la vivacité d’un peuple italien qui chante et danse malgré tout. Et la guitare toujours discrète semble prier.
Astor Piazzola (1921-1992) fut mis à l’honneur par la flûte et la guitare dans trois petites pièces retraçant le début du XXème siècle. « Bordel 1900 », « Café 1930 », « Concert d’aujourd’hui ». Entre les trois, vous aviez une image parfaite de l’ambiance de l’époque et nos artistes ont sur la représenter avec vigueur (surtout pour la flûte) et tendresse pour la guitare, mais en parfaite complicité. Entre nostalgie et exubérance, les tonalités tantôt graves, tantôt vives accordaient en subtiles nuances et plénitude toute la palette d’un décor 1900. Génial !
Le Bis donné par « Entracte » de J. Ibert nous offrait une danse effrénée à travers les arbres de la forêt à la poursuite de feux follets, que flûte et guitare sont parvenues à exprimer avec force.
Et voilà que nous repartons sur le concert à 4 mains (piano) donné par Deborah Lee et Paul Coker qui ont enthousiasmé une salle archi-comble, le 4 février en jouant les danses slaves de Dvorak op. 46, les cinq danses hongroises et seize valses op. 39 de Brahms.
Sincères mercis à tous : programmatrice, artistes et public si fidèle et toujours comblé !
Lucette Robyr

Photos Siddiqui


 

auteur : Lucette Robyr

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