26.02.2018 par YR
num.276 mars 2018 p.06
Interview de M. Briffaz

Que fait la police municipale ?

Qui la dirige, et quel est son quotidien ?
Nous sommes allés à la rencontre de Patrick Briffaz, chef de poste d’une police municipale versoisienne qu’il décrit volontiers comme « une police de proximité, présente quotidiennement dans le tissu versoisien», pour lui poser ces questions.

• Versoix Région (VR): Depuis combien de temps travaillez-vous à la Police municipale de Versoix ?
• Patrick Briffaz (PB): J’ai été engagé pour monter le poste de la Police municipale de Versoix le 1er avril 2001. Quand je suis arrivé ici, il n’y avait pas un seul classeur !

• VR : Quel est le quotidien du chef de poste ?
• PB : La journée du chef de poste est prête avant même qu’il la commence : il gère les demandes d’autres institutions, participe à de nombreux rendez-vous, se rend sur le terrain pour régler des problèmes entre personnes ou avec la jeunesse... tout est prévu en avance !
Le rôle inclut également de s’enquérir comment vont ses employés, faire les plannings des collègues, faire l’analyse des phénomènes émergeants en séance d’état-major, et de répondre, en dehors de ce qui est planifié, à certaines urgences.

• VR : Vous travaillez ici depuis 2001 ; selon vous, comment la criminalité a évolué à Versoix ces 16 dernières années ?
• PB : À Versoix, il n’y a pas beaucoup de criminalité. Par contre, là où une action était nécessaire, c’était au niveau du vandalisme, du racket, des agressions. En bref, de la «petite criminalité».
Au début, Versoix fonctionnait en quartiers : Montfleury, Pont-Céard, La Pelotière, Ami-Argand...
Des rivalités existaient entre des jeunes de ces quartiers, éclataient sous la forme de bagarres. Outre les bagarres, on comptait également un certain nombre de stores d’écoles endommagés, des tentes lacérées, beaucoup de tags sur les murs.
Avec le concours des travailleurs sociaux hors-murs, on a décidé d’inclure à la fois des jeunes (des ados) «en rupture» et des jeunes qui n’étaient pas «en rupture» dans l’organisation des manifestations touchées par le vandalisme.
En participant au bon fonctionnement des manifestations, on s’est retrouvés sans rackets, sans bagarres de bandes, sans vandalisme, et avec beaucoup moins de déprédations autour des écoles. Ces jeunes ont appris à travailler ensemble sous l’autorité de police, à se connaitre malgré le fait qu’ils venaient de différents quartiers.
Avec le temps, Versoix, maintenant, c’est devenu un grand quartier. Il n’y a plus de petites bandes, de rivalité. Le contact qui s’est fait avec l’autorité est un contact de confiance et de respect. On leur a donné une chance de s’en sortir. C’est un tissu.

• VR : Comment la police cantonale et la police municipale se répartissent les tâches ?
• PB : Il y a beaucoup de choses à dire ! La police municipale, à la base, était purement contraventionnelle : constatation puis contravention. Tout ce qui sortait de cette logique était remis à la police cantonale.

Maintenant, les polices municipales ont été formées en matière de police judiciaire, donc elles travaillent également avec le ministère public. Cela touche l’alcoolémie et la vitesse au volant, la tranquillité publique, la loi sur les étrangers, la loi sur les stupéfiants, les armes... C’est pour cela que le poste de Versoix dispose de deux cellules ainsi que de deux salles d’audition.
En pratique, on organise une rencontre hebdomadaire avec l’ilotier de la police cantonale pour se répartir les tâches. Enfin, ce qui concerne le judiciaire se fait directement et exclusivement avec le procureur général. Exclusivement, car il s’agit de la séparation des pouvoirs.

• VR : Au niveau décisionnel, comment fonctionne votre relation de travail avec le secrétaire général de la ville de Versoix et le Conseil administratif ?
• PB : Je suis chargé de l’opérationnel, et j’ai carte blanche sur ce champ. On se voit une fois par semaine avec le secrétaire général pour travailler les dossiers qui doivent être présentés au niveau politique. Enfin le conseiller administratif en charge de la sécurité nous rencontre une fois par mois et nous confie des objectifs chaque année.
Aujourd’hui, la police municipale de Versoix ne couvre que son territoire communal. Toutefois, si les souhaits du Conseiller d’État genevois Pierre Maudet (PLR) se réalisent, il se pourrait bien qu’elle se balade un jour dans les communes qui n’ont pas d’agents municipaux.

Propos recueillis par Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

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