Yasmine Ambroise-Siddiqui et Lucio Fersurella
05.03.2018 par LR
num.277 avril 2018 p.15
Un regard enchanteur sur le 18ème et le 19ème siècle

Le dimanche 4 mars fut d’un autre registre tout aussi plaisant, Yasmine Ambroise-Siddiqui, pianiste, enseignante, fondatrice de l’école de musique Croqu’notes à Versoix, interprétait le «Prélude» de la suite pour piano de Debussy, «le Matin» de la suite «Perr Gynt» de Grieg et enfin le 1er mouvement de la Fantaisie op. 17 de Schumann. Les genres étaient bien différents et avec son immense talent, Yasmine a su dégager toutes les couleurs sonores d’un monde à la fois chaotique et pourtant plein de charme. Sonorités parfois dissonantes, tout en exprimant quelques reflets classiques. Force et douceur étaient au rendez-vous dans des suites d’arpèges ou de gammes chromatiques. La virtuosité était là !
Avec Grieg ce fut plus calme, plus poétique. Beaucoup d’expression et de sensibilité dans le jeu des harmonies et du thème revenant en variante, illustrant les éclats d’un matin ensoleillé en pleine campagne lors d’une promenade au bord d‘un ruisseau, agrémenté du chant des oiseaux et d’une légère brise. Moment très agréable et plaisant.
Schumann nous réveilla un peu. La musique est vive, dynamique avec de belle envolées sur des sonorités bien différentes. On a l’impression que l’orage éclate. Alternance de respiration, de souffle, puis à nouveau de violence, de tonalités majeures fortissimo en mouvement continuel pour finir un peu plus calme. Excellente interprétation dans la folie de cette œuvre !
La particularité de ce concert fut la découverte de Lucio Fersurella, baryton. Magnifique voix, agréable, chaude et légère empreinte aussi de beaucoup de sensibilité dans le «Nocturne» op 43 n° 2, et les «Berceaux» op 23 n° 1 de Fauré. On se voyait dans la nuit douce et claire, comme on se voyait au pied du berceau tout en nuance et expression, prêt à fredonner une berceuse. Très joli ! et accompagné avec sensibilité par Yasmine au piano.
Dans les «Six Lieder des Dichterliebe» de Schumann, l’interprète chanta avec finesse et délicatesse, illustrant calme ou rapidité, intensité ou douceur. Voix très expressive qui illustrait bien les thèmes de chaque chant. Lucio fut encore plus vivant dans les trois airs d’opéra de Vivaldi, tirés l’un de l’opéra «Arsila», les 2 autres de «Tito Manlio». Le charme opérait dans cette musique joyeuse, entraînante, colorée, harmonieuse et dynamique. Reflets de cette Italie lumineuse que Lucio a su si bien nous communiquer et embellir, avec la souplesse du piano.
Le public fut enchanté et applaudit à tout rompre, félicitant nos deux jeunes artistes talentueux et virtuoses qui nous ont comblés. Sincères mercis pour leur magnifique prestation. Les reverra-t-on dans un futur proche ? A souhaiter avec plaisir !

Lucette Robyr
Photo Siddiqui
 

auteur : Lucette Robyr

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