22.05.2018 par YR
num.279 juin 2018 p.05
Décharge de la rive droite : la pause du DETA n'a rien de nouveau

Décharge de la rive droite : la pause du DETA n’a rien de nouveau

Ça ne lui aura pas suffit ! Lors de l’entre-deux tours de l’élection d’avril-mai 2018 au Conseil d’État genevois, Luc Barthassat (PDC) a nommé un comité d’experts afin d’examiner le projet contesté de décharge de mâchefers à Genève, et ce dans un dernier effort pour sauver son siège en péril. Non-réélu, Barthassat a raté son pari. À bien y voir, son geste semble plus creux que ce qu’en a dit la presse régionale.

Le tour de passe-passe de M. Barthassat

Luc Barthassat, ancien Conseiller d’État en charge du DETA (le Département de l'environnement, des transports et de l'agriculture) n’avait pas fait grand secret de sa volonté d’éviter certains sujets douloureux à l’approche des élections. En mars, il déclarait devant une aula pleine comme un oeuf, à Collex-Bossy – commune de la rive droite – que pour le projet de décharge de mâchefers promis à la rive droite, « je ne vais pas dire qu’on passe à la rive gauche aujourd’hui, y’a des élections dans 3 semaines », et que concernant d’autres projets, « si c’est moi qui suis élu », « j’ai les budgets, on va pouvoir couper pas mal de rubans ». Sous couvert d’humour, M. Barthassat mimait un certain opportunisme. Il en fit plus sérieusement montre quelques semaines plus tard.

Car lors de cette même réunion en mars 2018, il avait également annoncé avoir réclamé des rapports sur des méthodes alternatives à la mise en décharge de ces déchets, dont les résultats étaient prévus pour le mois de juin. Avant cela, le processus de recherche de site pour la décharge était interrompu.

Problème : rien ne semble distinguer le « comité d’experts » annoncé comme une nouveauté fin avril 2018 de ces deux futurs « rapports » déjà brandis en mars 2018 devant la colère montante des habitants et des élus de la rive droite. Les entités en charge de proposer des voies alternatives ont beau être différentes, l’objectif est strictement le même, et parait même faire doublon.

Cette déclaration d’entre-deux tours a tout d’un effet d’annonce basé sur un changement de date butoir pour les rapports, décalé de juin à « la rentrée ». La Tribune de Genève a titré « Les multiples et heureuses coïncidences de l’entre-deux-tours de Luc Barthassat ». 20 minutes s’est écrié « Décharge opportunément enterrée par Barthassat ».

De fait, le projet de décharge est temporairement « en pause » (rien de nouveau depuis mars) et deux rapports sont attendus (idem, rien de nouveau). Seule la date butoir a changé. La manoeuvre de communication de Luc Barthassat – même si repérée comme telle par nos confrères – a fait son office.

L'heureuse coïncidence communale

Par voie de communiqué de presse, les communes de Collex-Bossy, Satigny et Versoix – en lice pour « accueillir » la décharge de mâchefers – ont annoncé leur soulagement parallèlement à leur vigilance renouvelée, souhaitant un abandon total du projet.

En outre, les exécutifs communaux ont également affirmé : « Les pétitions lancées dans les trois communes ont certainement permis de convaincre le Conseiller d’Etat Luc Barthassat de la nécessité de trouver d’autres solutions ».

Une déclaration qui trouve son écho dans la bouche du Conseiller d’État, justifiant son ‘’revirement’’ en relevant : « Il y a tout de même 12 000 signataires à cette pétition ». Et à chacun d’ignorer que M. Barthassat avait déjà annoncé la suspension du projet et l’étude de solutions alternatives lors du mois de mars 2018.

Pour un communiqué de presse publié durant l’entre-deux tours, et le même jour que la déclaration M. Barthassat, leur synchronisation est étonnante. Une autre « heureuse coïncidence », pour reprendre la formule de la Tribune de Genève.

Texte : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

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