27.09.2018 par ALBB
num.282 octobre 2018 p.03
Patrimoine - Au fil de la Versoix

Sans aucun doute, notre commune - et toute la région d'ailleurs - s'est développée au fil de la Versoix. Saviez-vous que "notre" rivière se prénomme "Divonne" avant de rejoindre la frontière suisse qu'elle marque ? Un cours d'eau de seulement 22 kilomètres avec deux patronymes, c'est rare, mais cela prouve l'attachement des populations de la région depuis toujours à cette source vitale.

Depuis le Moyen Age, la Versoix a été utilisée pour faciliter le travail de l'homme. Des moulins ont été bâtis le long de son cours. L'innovation était le leitmotiv des générations qui nous ont précédés. Il fallait chaque fois imaginer une solution pour mieux domestiquer la force de l'eau et la partager. D'abord, simplement, pour moudre le blé. Mais, rapidement, des adaptations ont permis de construire des papeteries ou des martinets - pas les oiseaux ! - mais des marteaux automatiques qui permettaient aux taillandiers de fabriquer des outils bien plus efficacement.

Il faut rappeler que, à l'époque, les outils étaient indispensables pour l'agriculture ou l'industrie. L'électricité et les moteurs n'existaient pas encore. Il n'était pas rare de devoir changer la lame de sa faux, par exemple...

Lors des Journées du Patrimoine, une balade était proposée à Sauverny, sur la rive française pour se rendre compte de l'ampleur les travaux effectués entre 1860 et 1865. Pour gagner une chute de 2.5 m. dans un canal, le cours principal de la Versoix a été déplacé de quelques mètres, la frontière aussi par la même occasion ! Autant dire qu'aucune autorisation n'avait été demandée. Un géomètre a validé la réalité quelques années plus tard... Cinq ans de travaux titanesques effectués solidairement par la population de toute la région, vu qu'ils étaient bénéfiques pour tous. Ainsi, il a été possible d'avoir un martinet et un moulin au même endroit.
Gérer le débit du cours d'eau était un casse-tête. Crues ou période de sécheresse, les volumes pouvaient (et c'est toujours le cas bien sûr) décupler en quelques heures. Autant dire que les responsables étaient toujours à l'affut du moindre changement pour modifier les barrages qui géraient l'entrée des canaux de dérivation.

Aujourd’hui, au lieu-dit : Le Martinet il ne reste qu'un canal de dérivation et de grands bâtiments sans aucune production. Notons que le moulin de Grilly, à quelques kilomètres en amont sur la berge française est en restauration patrimoniale. Une manière de préserver notre précieuse histoire régionale. Par ailleurs, la dernière grande turbine qui a été utilisée à Sauverny jusqu'en 1965 est exposée à côté du barrage de Verbois par les SIG. Encore un détail de taille : à l'époque, le droit d'eau était attaché à la parcelle. Inaliénable ! Une sagesse malheureusement oubliée...
Le guide de cette intéressante promenade était Thibault Estier, descendant direct de l'instigateur de ces travaux gigantesques. Il a su, avec humour et au travers d'anecdotes transmises de génération en génération, emmener les groupes non seulement sur le chemin qui longe la Versoix, mais aussi voyager dans d'autres époques qu'il serait dommage d'oublier.

Les Journées du Patrimoine, organisées par l’Association du Patrimoine Versoisien, ont remporté un franc succès. Plus de 400 personnes ont visité le hameau du Château des Chavannes ou de Branvaude et sa ferme, toujours en activité, ou découvert les secrets des moulins de la Versoix durant le premier week-end de septembre. De belles rencontres en vérité !

Plus d'infos ? www.patrimoine.versoix.com

Photos : Mme Muriel de Terwangne, membre du comité de l'APV

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

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