31.01.2019 par YR
num.285 février 2019 p.06
Au Conseil municipal : les partis divisés par la Fondation des Parkings

Au Conseil municipal : les partis divisés par la Fondation des Parkings

« N’hésitez pas à prendre un chocolat avant que je vous explique… », a plaisanté le vice-maire Cédric Lambert (PDC) au moment de présenter une proposition de crédit concernant les parkings communaux. Le chocolat est-il un bon moyen de faire passer une pilule amère ? Pour certains, ça n’a pas suffit…

Parkings communaux : moderniser et externaliser

En substance, l’objet absolument central de cette séance du Conseil municipal est une enveloppe de 242’000 CHF. Ce crédit doit financer l’acquisition et l’installation d’horodateurs modernes (105’000 CHF) sur les quasi 800 places de parkings communaux dits « privés », mais aussi la rénovation de deux parkings : celui situé place Bordier et celui aux abords du stand de tir de Versoix (137’000 CHF).

Les travaux pourront « améliorer le confort des usagers et leur permettre de s’orienter de façon adéquate dans les parkings », selon la brochure informative transmise par le Conseil administratif aux conseillers municipaux.

L’objectif de ce plan est de mettre fin au phénomène de voitures-ventouses occupant des places de parkings gratuitement et sur une durée non-maîtrisée. Pour y parvenir, l’exécutif entend faire disparaitre les places de stationnement gratuit, suivant les recommandations d’un rapport rendu en 2013 par la société Transitec. En outre, la commune y gagnerait chaque année environ 158’000 CHF, rendant virtuellement le projet rentable dès sa deuxième année.

Les horodateurs prévus sont connectés : il est possible de les recharger avec de la monnaie, avec une carte, ou encore à distance, depuis une application smartphone gérée par… la Fondation des Parkings. Cette dernière joue le rôle de gestionnaire de ces payements en tenant à jour une base de donnée des numéros de plaques. Dans cette optique, la Fondation des Parkings sera également en charge de faire l’entretien des horodateurs : collecte de la monnaie, réparation, etc.

Concernant les tâches de contrôle, la Fondation des Parkings ne devrait être employée que de manière transitoire : « nos agents municipaux prendront la responsabilités de ces parkings (…) d’ici 2 à 3 ans », selon Cédric Lambert.

Pour les abonnements, les choses sont différentes. Selon le plan prévu par le Conseil administratif, le secrétariat de la police municipale en recevra la gestion. Pour autant, la procédure sera encadrée par une autre entité privée : la société IEM. Celle-ci mettra en place un site internet permettant de proposer son dossier. Celui-ci sera transmis à la police municipale versoisienne, puis enfin intégré à la base de données de la Fondation des Parkings. Bref, c’est un circuit en trois étapes.

Un crédit qui divise, un règlement qui fâche

Le débat s’est ouvert par la prise de parole de M. Leiser (PLR), qui a tout d’abord prévenu que la question du règlement revient au Conseil administratif… « jusqu’à ce que le Conseil municipal veuille s’en saisir ! ». Détonnant, particulièrement pour un élu de la majorité de centre-droit. Au sujet du règlement, il a exprimé que ce dernier n’en fait pas assez pour les entreprises et leurs employés. Il a décidé de voter « Oui, mais… » au crédit, en espérant que le règlement évoluera vers plus de souplesse.

M. Riat (PLR) a également accepté le crédit à contre-coeur : « Nous aimerions privilégier les effectifs [de la police municipale] ». Peu après, au sujet de la Fondation des Parkings, il n’a pas mâché ses mots : « J’ai toujours voulu les avoir à distance. Mais il faut se rendre à l’évidence, ils sont spécialistes. »

Antonio Angelo (MCG) a critiqué une délibération « peu claire », et il juge nécessaire de traiter le sujet du règlement lors de la prochaine commission de l’urbanisme.

Mme Tchamkerten (Verts) n’a pas aimé le plan financier en trois ligne, « c’est maigre ; comment les charges sont-elles divisées ? Pourquoi ne pas confier le travail de contrôle à nos agents municipaux ? ». Elle a indiqué refuser la demande de crédit à ce titre. Même son de cloche chez M. Zimmermann (PS), qui dénonce la politique de « sous-traitance » que le règlement et le projet sous-jacent constituent.

Contrairement à sa collègue de parti, M. Richard (Verts) a fait savoir sa confiance, tant pour la Fondation des Parkings comme pour le Conseil administratif. Pour lui, c’est un « oui ».

À titre personnel, M. Zeder (PDC) a également annoncé voter contre la demande de crédit. « Lors de la campagne électorale [de 2015], je m’étais exprimé contre les parkings payants. », a-t-il expliqué.

En définitive, l’objet a été accepté à 20 oui et 3 non. Aurait-il été aussi largement approuvé si le règlement était dans la balance ? Rien n’est moins sûr.

En bref

Deux autres objets ont été présentés (puis acceptés) lors de cette séance : l’autorisation à la fondation Bon-Séjour de constituer des servitudes concernant l’abri PC, et l’autorisation à la fondation Samuel-May de céder gratuitement du terrain au domaine public communal. En deux mots : des formalités.

Texte et photo : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

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