12.03.2019 par YR
num.287 avril 2019 p.11
Comment les habitants de Versoix ont voté le 10 février 2019 ?

Comment les habitants de Versoix ont voté le 10 février 2019 ?

Que se passe-t-il lorsqu’on rapporte des enjeux nationaux aux décisions d’une commune ? Afin de mieux comprendre le profil politique de la nôtre, votre audacieux mensuel vous propose de plonger tête la première dans les résultats des votations fédérales et cantonales… à Versoix.

Commune et canton dans un mouchoir de poche

Quatre objets étaient soumis au vote ce jour-là : l’initiative populaire sur l’arrêt du mitage du territoire (seul objet fédéral), une initiative sur la création d’une caisse publique de remboursement des soins dentaires, une autre sur la création d’une caisse publique d’assurance maladie et accidents, et enfin un référendum sur la loi sur la laïcité de l’État.

Versoix a refusé les deux caisses publiques, dans des proportions équivalentes à la moyenne du canton. Elle a également suivi le canton de Genève sur la loi sur la laïcité, à un taux légèrement supérieur (57,6% de oui, par rapport aux 55% de moyenne genevoise).

Sur l’objet fédéral enfin, l’initiative sur l’arrêt du mitage a été refusée plus largement à Versoix (54% de voix contre, comparé aux 52% dans le canton). Ceci dit, Genève comme Versoix pâlissent face à la moyenne suisse.

Au niveau fédéral, le texte a été rejeté à 63,6% des suffrages, et n’a été accepté par strictement aucun canton. Le système dit de la « double-majorité », nécessaire pour faire passer une initiative populaire fédérale, lui a assené un camouflet.

Petites et grandes communes n’ont pas la même sensibilité

Comme nous l’écrivions il y a deux mois, le clivage le plus intéressant réside entre les communes de plus et de moins de 10’000 habitants. Cette distinction arbitraire permet à moindre frais de comparer les communes citadines des communes rurales, en utilisant la population comme raccourci.

Celui-ci peut être vecteur de biais, mais il est également utile dans le présent contexte, une fois ledit risque de biais apporté à l’attention de chacun.

En se penchant de plus près sur les résultats de cette initiative sur l’arrêt du mitage, l’on se rend compte que les communes de plus de 10’000 habitants étaient très proches d’accepter le texte : le refus n’y était que de 50,76%.

Versoix n’est dans aucun des extrêmes. Elle a refusé le texte plus fermement que ces communes très peuplées, mais moins radicalement que les communes les moins habitées.

Les trois objets cantonaux suivent la même logique, de manière encore plus distincte. Les habitants de communes genevoises de moins de 10’000 habitants ont refusé à près de 65% les textes proposant des caisses publiques. Ils n’étaient que 55% dans les communes les plus peuplées. Versoix se situe cette-fois ci du côté des communes particulièrement favorables, n’ayant refusé ces textes « que » à 53% des suffrages environ.

À l’inverse, la loi sur la Laïcité a été plébiscitée dans les communes les moins peuplées, avec 62% d’avis favorables contre 53% d’avis favorables seulement dans les communes de plus de 10’000 habitants. Pour rappel, Versoix l’a accepté à 57%.

Le portait politique de Versoix s’affine. La commune semble rejeter moins aisément que les autres des projets de politique sociale alignés avec la gauche et l’extrême-gauche (mais les refuse tout de même, il ne faut pas le perdre de vue).

Dans un autre registre, les Versoisiens votent « dans l’entre-deux » sur des sujets plus technique que sont la gestion du territoire et la mise en oeuvre concrète de la laïcité.

Ni complètement grise, ni complètement verte; ni pleine aux as, ni fauchée comme les blés, Versoix est un laboratoire politique passionnant.

Texte : Yann Rieder

auteur : Yann Rieder

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