16.08.2019 par MG
num.291 septembre 2019 p.06
La barrière du climat

 Nous connaissons ce qu'on appelle "la barrière de rösti", censée exister entre la Suisse romande et la Suisse alémanique. Or, est-ce qu'il existe "une barrière de climat" entre le canton de Genève et les autres cantons de la Suisse romande, en particulier la ville de Lausanne ? Voici quelques observations qui suggèrent que la réponse est oui. Commençons à l'extérieur de Genève !
Les manifestations publiques des jeunes (et des moins jeunes) semblent attirer davantage de monde dans les villes comme Lausanne et Fribourg qu'à Genève.
Lausanne est souvent choisie pour les conférences sur le climat, qui attirent toujours des personnalités mondialement connues (Greta Thunberg et Jacques Dubochet). Le plus récent, en août, fut le sommet sur le climat. Selon le journal Le Temps, "Lausanne, capitale du climat le temps d’un sommet". Les responsables de l'Université de Lausanne et l'EPFL ont déclaré vouloir limiter les trajectoires en avion quand les trajectoires terrestres existent.
Et maintenant Genève, en particulier les actions, ou inactions, d'un Conseil d'État qui, malgré les changements de responsabilités imposées à la suite de "l'affaire Maudet", semble inconscient de ce qui est demandé par les jeunes manifestants!
Pendant les canicules en juillet, avec ces pics d'ozone dépassant les limites pour notre santé, ce Conseil d'État n'a pas eu le courage d'imposer une limitation de vitesse sur les routes, en particulier l'autoroute. Il a simplement suggéré poliment aux automobilistes de ralentir. Quant aux propositions de taxer, même bannir, les véhicules très polluants du centre de Genève, silence radio.
Ce Conseil d'État continue à présenter le nouveau Plan Sectoriel de l'Infrastructure Aéronautique, négocié par l'ancien Conseil d'Etat, comme une grande réussite, malgré ces faiblesses (davantage de pollution atmosphérique et de mouvements des avions et la promesse de trois nouveaux vols long-courriers chaque jour, partant après 22h).
On veut continuer une fuite en avant, en construisant des bureaux (dont il y en a actuellement trop qui sont vides) et des logements autour de l'aéroport. malgré les nombreux courriers de lecteurs publiés par les journaux pour protester contre la densification de la ville. L'abattage de nombreux grands arbres en les remplaçant ailleurs par de petits arbustes n’aura aucun effet compensatoire avant des dizaines d’années.
En ce qui concerne l’augmentation de mouvements et de passagers prévus par les autorités fédérales, la direction de l'aéroport prétend toujours ne faire rien d'autre que de répondre à la demande qui provient principalement des compagnies d'aviation low cost. Pourtant, via son site Web, il propose des départs bon marché, souvent en dehors de l'Europe (beaucoup de CO2 émis dans l’atmosphère), à des prix réduits au minimum incitant la population à voyager davantage. Au mois de juillet, l'aéroport a compté 100'000 passagers de plus au départ qu'à l'arrivée.
L'aéroport de Genève refuse de suivre l'exemple de Zürich : ce dernier impose des surcharges pour tous les atterrissages peu avant, ou même après, minuit : mouvements qui, à Genève en été, réduisent à 6 heures par nuit nos heures de sommeil, mais qui permettent aux compagnies low cost d'attirer les clients avec les prix incroyablement bas.
Alors, que voulez-vous pour Genève dans un avenir proche (c'est à dire, bien avant la date de 2030 si souvent citée par les avocats de la croissance) ? Une ville paisible où on peut respirer, ou une ville bruyante avec de l'air pollué ?

auteur : Mike Gérard

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