12.11.2019 par ALBB
num.294 déc.2019-janv.2020 p.11
Comment naissent les projets à Versoix ?

Les travaux sont omniprésents à Versoix depuis plus de vingt ans. Mais comment sont-ils imaginés ? Qui est responsable ? Comment les citoyens peuvent-ils participer ? Qui chapeaute les projets ? L'Etat ? La Ville ? Les privés ?

Versoix est paralysé par les travaux depuis plusieurs années et les citoyens, en bons Genevois, râlent en blâmant les politiciens. Cet article tente de rendre à César ce qui est à César... Une dernière édition a déjà expliqué les tenants et aboutissants de la réfection de la route Suisse, aussi ce sujet est volontairement évité.

Plans localisés de quartier (PLQ)
Pendant des décennies, l'Etat avait la main mise sur ces projets qui définissent les densifications des quartiers. Les communes ne pouvaient donner que des préavis, souvent balayés par le Conseil d’Etat. La prise de conscience citoyenne des enjeux urbanistiques a changé la donne puisque plusieurs référendums contre des PLQ ont été gagnés. En effet, les citoyens refusaient un développement trop grand à leurs yeux de certains quartiers et les services de l'Etat devaient reprendre leurs études à zéro.

Pour éviter ces revers, l'Etat encourage dorénavant les communes à prendre les devants et d’organiser une concertation en amont des plans localisés, afin de donner une meilleure chance à leur réalisation en proposant une image directrice de quartier. Versoix est à la pointe de ce changement, puisque plusieurs quartiers ont été ainsi traités à la source avec des ateliers participatifs (Jean-Querret entre la route Suisse et Port-Choiseul ou Lachenal-Dégallier). Peuvent participer à ces travaux non seulement les élus, mais surtout les propriétaires, voisins et des citoyens qui ont envie de mettre la main à la pâte et imaginer le futur de leur commune, sous la houlette d'urbanistes qui connaissent les règles d'aménagement et coordonnent les débats. Il en ressort des idées différentes plus proches des désidérata du public, quand bien même le but est de densifier les zones.

Il faut encore noter à ce propos que des chantiers sont en train de s'ouvrir : ils sont le fruit d'anciens PLQ. Des propriétaires privés construisent des bureaux et/ou logements en respectant ces normes qui ont été fixées il y a très longtemps. Les Autorités versoisiennes ne sont donc pas seules responsables de ces travaux.

Concrétisation des projets communaux
Tout d'abord, il faut savoir que plusieurs services sont principalement impliqués lors de chantiers. En premier lieu celui de l'urbanisme-transports pour le projet et ensuite celui des travaux-voirie ou des bâtiments pour la réalisation. Il va sans dire que leurs responsables collaborent. Par exemple, le choix du mobilier urbain doit convenir à la voirie qui l'entretiendra.

Tous les projets commencent par une phase d'étude et continuent avec des mandats coordonnés de réalisation. Les deux étapes ont un crédit dévolu préparé par les services communaux, contrôlé par le Conseil administratif et voté par le Conseil municipal après discussions en commissions.

Tenants et aboutissants de projets communaux récents
Versoix-Centre : il y avait une volonté politique de développer ce quartier au bénéfice d'un PLQ. Plusieurs propriétaires (l'église catholique - la ville et un privé) ont coordonné le concours d'idées et formé le jury. Ensuite, chacun a construit sa partie avec ses mandataires de manière indépendante. Les aménagements extérieurs ont été coordonnées par Ar.Ter pour que l'ensemble soit cohérent (canal, etc).
Ancienne-Préfecture : la réfection du bâtiment était devenue indispensable vu sa vétusté. Un concours, couvert par un crédit d'étude, a été lancé avec un jury composé d'une moitié de politiciens versoisiens et de l'autre des professionnels de la construction. Le Conseil municipal a ensuite voté un crédit de construction. Le projet a ensuite été affiné avec la participation des utilisateurs et construit. Il sera terminé en 2020.

Place du Bourg : Les Autorités de Versoix estimaient qu'elle méritait une modernisation. Des représentants des services et politiciens municipaux ont demandé un projet à un urbaniste validé par une autorisation de construire en octobre 2012. Devant les changements de mentalité pour mieux répondre aux nouveaux besoins des riverains et usagers, il a été décidé de créer un atelier participatif pour l'améliorer, avec un groupe de citoyens et commerçants qui assure le suivi des travaux. Cette révision a permis d'ajouter des arbres pour avoir de plus d'ombre, de supprimer des obstacles, de modérer le trafic tout en gardant des places de parking. Il a fallu à nouveau déposer une demande d'autorisation à l'Etat et répondre à des injonctions de la Commission des Monuments et Sites.

On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs. Notre commune est en perpétuel changement. Les jeunes qui ont grandi ici voudraient trouver un logement ou un travail dans la région. Bien sûr, chaque arbre qu'on abat ou maison qu'on détruit pour bâtir plus grand peut choquer.

Les citoyens qui tiennent à suivre ces projets sont invités à s'exprimer le long du processus comme expliqué plus haut. Ils peuvent trouver les informations sur le site de la Feuille d'Avis Officielle (dont la version papier a disparu) ou contacter les services municipaux.

Les plus enthousiastes seraient bien inspirés de contacter le service d'urbanisme pour savoir quels sont les prochains projets prévus et, le cas échéant, s'engager dans les groupes de discussions participatifs pour apporter leur vision à notre avenir.

Photo Albb : le chantier de l'Ancienne-Préfecture à son début

 

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

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