16.06.2020 par ro
num.300 juillet-août 2020 p.24
Achats transfrontaliers : la bonne affaire ?

Bien que je respecte la liberté de choix et de commerce, en lisant les commentaires sur une brève du 20 minutes, je ne peux m’empêcher de m’interroger sur la justesse de l’analyse des acheteurs qui affirment : « … c’est moins cher au passage de la caisse … ».
Cette affirmation est à la fois correcte et vérifiable, mais totalement fausse ! Pour ma part, j’affirme que faire ses courses en France peut aussi être plus onéreux et à divers titres.
Comment est-ce possible ?
1. Tenir compte de tous les facteurs de coûts.
Pour faire ses achats à l’étranger, il faut consacrer plus de temps et faire plus de kilomètres, prendre sa voiture là où on pourrait aller à pied ou se faire livrer. Or le temps nous est précieux, et une voiture… coûte des centaines de francs de frais fixes par mois, soit entre 60 et 80 centimes le kilomètre.
2. Achat de proximité = achat raisonné
Beaucoup d’acheteurs font des réserves pour la semaine ou plus, achètent des quantités pour « amortir » le trajet. Or de leur propre aveu, lors du confinement, ils jetaient moins car ils achetaient moins. Combien de nourriture finit à la poubelle car elle n’est pas consommée à temps ? Et combien de congélateurs pourraient être débranchés ? Acheter localement en petites quantité sans rien jeter, c’est jusqu’à 30% de nourriture économisée.
3. Je peux acheter plus
Un autre faisait remarquer que grâce aux économies réalisées, il avait pu acheter des cadeaux à ses petits-enfants.
Dans un hypermarché, observez bien votre propre comportement : beaucoup d’entre nous y font des achats spontanés de super affaires en promotion, d’objets tellement indispensables et qui viennent encombrer nos armoires. Le luxe ultime pour ses petits-enfants ne serait-il pas le temps qu’on leur consacre plutôt que ce jouet en plastique made in China  ?
4. « La viande suisse est meilleure mais beaucoup plus chère… »
« … et je refuse de payer ce prix-là ! ». Pourtant, il ne s’agit pas de produits identiques. Les conditions d’élevage sont bien moins respectueuses à l’étranger. Et si pour un même budget nous consommons moins de viande, mais une viande plus respectueuse des conditions d’élevage, alors notre empreinte environnementale s’en trouvera abaissée considérablement. Et nous gardons le plaisir du goût des produits authentiques.
En conclusions, sentez-vous libre de choisir vos lieux d’achat en fonction de vos propres convictions et impératifs, mais n’oubliez pas de mettre dans la balance la totalité des coûts, du temps et des nerfs que vous voulez y consacrer, de calculer votre bilan CO2 personnel, et vous ferez un choix éclairé.
Gilles Chappatte
Président de la FIVEAC

auteur : rédacteur occasionnel

<< retour