17.05.2020 par LMV
num.299 juin 2020 p.09 Protection civil: aide précieuse en situation d'urgence
La mobilisation d l'armée a fait parler dans les médias mais, alors qu’elle est tout aussi exceptionnelle, la mobilisation massive de la protection civile n’a pas suscité d’engouement particulier. Pourtant, durant les dernières semaines, ces jeunes hommes en uniforme orange et beige, postés aux abords des grandes surfaces et des hôpitaux, sont devenus partie intégrante du paysage urbain. Explication et témoignage d’un astreint versoisien. Le 13 mars dernier, avant même que l’armée ne soit engagée, le Conseil d’Etat a pris la décision de mobiliser la protection civile et les astreints ont reçu chez eux une lettre les informant de leur très probable future sollicitation. « J’ai reçu la deuxième lettre à peine quelques jours après », raconte Georges*. « Évidemment au début, je n’étais pas motivé. À cause des gens qui ne se sont pas présentés, il y avait un manque d’effectif et l’organisation entre la protection civile et mon employeur n’était pas au top. Je travaillais la semaine à 100%, puis j’enchainais directement le week-end à la protection civile, parfois même avec des horaires de nuit, c’était pas facile. Maintenant bon, je suis au chômage partiel alors ça aide "rires nerveux" ». Selon la loi, les tâches s’organisent autour d’une maxime: « La protection civile est axée sur la maîtrise de catastrophes et de situations d’urgence. » La pandémie de coronavirus répond évidemment à cette définition et la protection civile apporte son aide dans la gestion de la crise. Le canton compte 11 organisations régionales qui sont gérées et coordonnées par la protection civile cantonale. L’ORPC Valavran (organisation régionale de la protection civile) couvre les communes de Bellevue, Céligny, Collex-Bossy, Genthod, Grand-Saconnex, Pregny-Chambésy et Versoix. Sur leur page Facebook, de nombreuses publications détaillent les actions menées par les astreints afin, notamment, de venir en aide aux personnes vulnérables. « Normalement, on est affecté en fonction de notre domicile mais j’ai été appelé à la protection civile cantonale, au quartier général si on veut » explique Georges. « J’ai beaucoup changé de postes. Au début: j’étais à l’entrée pour vérifier la température des personnes qui entraient dans le bâtiment et tenir un registre des allers et venues. Les personnes qui présentaient des symptômes de coronavirus étaient envoyées chez un médecin pour une visite médicale plus poussée ou directement renvoyées chez elles. Après je suis passé à la communication : en gros on reçoit les informations et on les redirige vers les personnes concernées. Une pharmacie a besoin de 1000 masques ? Ok, on communique ça à l’ORPC qui va s’occuper de les livrer. Et puis on relance les astreints qui ne se sont pas présentés… Après, si la personne ne vient toujours pas, c’est une affaire pénale. Maintenant je suis chauffeur ! Je fais des livraisons surtout et c’est vrai que le temps passe plus vite ». Georges est mobilisé à tout le moins jusqu’au 30 juin, si la tendance actuelle de déconfinement se maintient. Les effectifs fluctuent, mais la situation reste fragile et tant que ce sera le cas, la mobilisation de la protection civile se maintiendra: « Maintenant avec la réouverture des commerces, des collègues sont aussi affectés pour aider à faire respecter les distances de sécurité et les normes d’hygiène… Les magasins peuvent demander à avoir l’aide et celle-ci est fournie par l’ORPC le plus proche. » La pandémie de coronavirus a soulevé de multiples débats sur des sujets divers et après sa mobilisation, la place de la protection civile sera de toute évidence réévaluée. Son rôle dans la gestion de la crise sera un argument de taille. Parfois moquée, elle pourrait voir son image redorée et son importance pourrait bien être revendiquée. Pourrait-on envisager de mettre en avant un service au sein de la protection civile comme une alternative égale à un service militaire ? Serait-il envisageable de laisser le choix ouvert aux personnes astreintes, dès lors que tout semble indiquer que les crises futures seront sanitaires et non pas militaires. L’élargissement de cette obligation aux femmes pourrait également être considéré, en vue d’une situation plus égalitaire. Des questions qui ne manqueront pas de se poser au moment du bilan. *Georges est un nom d’emprunt. auteur : Laura Morales
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