Berne, 12.09.2019 - L’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) mettait à l’enquête publique plusieurs demandes relatives à l’aéroport de Genève. Ce dossier devrait permettre de fixer le bruit admissible, ce qui permettra la mise à jour du cadastre dédié. Ce nouvelle échelle pourra être fixée en prenant en considération ces projets et les prévisions de trafic pour les prochaines années. Le résultat, qui doit respecter les limites définies par la fiche PSIA, sera par la suite intégré dans le cadastre du bruit. Il sera dès lors contraignant pour l’Aéroport international de Genève, ainsi que pour les privés dans le cadre des procédures de demande d’autorisation de construire.
Même avant l’apparition de la pandémie COVID, nous avons formulé les objections, en particulier contre le scénario de trafic pour l’année 2022, dont les calculs par l’EMPA ont donné lieu à des courbes du bruit admissible, qui deviendront le nouveau cadastre de bruit , valables probablement jusqu’à l’année 2030. On peut constater que ces courbes de bruit couvrent une surface très étendue autour de l’aéroport. Il est également le cas que nos autorités utilisent déjà ces courbes pour statuer sur les demandes de construire.
Avant l’effet de la pandémie, on pouvait déjà critiquer le scénario proposé par l’aéroport, qui supposait une continuation de la croissance jusqu’à 2018. Même le directeur de l’aéroport avait dû admettre, au tout début de 2020, que l’époque de la croissance était révolue.
Ensuite, la pandémie a fait des ravages, avec même une période glorieuse presque sans le bruit des avions. Les résultats mondiaux furent spectaculaires : moins de pollution, le ciel bleu azur, et pour beaucoup d’habitants de notre planète des vues spectaculaires des montagnes qu’ils n’avaient plus vues depuis très longtemps.
Depuis le début de l’année, la pandémie a frappé fort, en particulier sur l’aviation. La première vague est passée maintenant, mais avec l’augmentation des cas d’infection dans plusieurs pays d’Europe, en particulier la France, l’Espagne et la Grande-Bretagne, on craint une deuxième vague, qui pourrait à nouveau toucher la Suisse, dont les habitants semblent être nombreux à vouloir chercher le soleil et les plages balnéaires.
Selon un article dans la Tribune de Genève du mardi 22 septembre, notre compagnie d’aviation Swiss estime qu’un retour au niveau d’avant la crise n’est attendue qu’au plus tôt en 2024. Selon le journal britannique Le Financial Times du lundi 21 septembre “The prospects for recovery are grim with a full revival in aviation not expected until the middle of the decade, with long-haul travel expected to be the last part of the market to return to pre-pandemic levels”. Une prévision qui rendra difficile l’utilisation bientôt du nouveau terminal Est, prévue en particulier pour les vols long-courriers, mais dont les travaux ont actuellement été suspendus, afin d’accomoder une perte pour l’aéroport d’au minimum 100 millions de francs en 2020.
Et maintenant, réexaminons les prévisions de notre aéroport.
Le 30 août, sur une page du télétexte RTS, on pouvait lire quel le directeur général, André Schneider avait communiqué par email au personnel ses prévisions suivantes pour les années à venir :-
« Cointrin s’attend à une baisse de la fréquentation de l’ordre de 23% en 2021 par rapport à 2019. Un chiffre qui n’est pas anodin quand on sait que 95% des revenus de Cointrin sont liés au nombre de passagers.
Le situation devrait revenir à la normale en 2022, selon cette projection, avant une nouvelle baisse en 2023 »
En ajoutant que ces prévisions ont « un nouveau d’incertitude important », il se protège, peut-être surtout en ce qui concerne sa prévision pour 2022.
Ce qui peut choquer tous les genevois, en particulier les riverains de « son » aéroport, c'est qu’il semble vouloir prétendre que l’année 2022 correspondra avec le scénario utilisé pour calculer les courbes de bruit en 2022, et le cadastre de bruit qui va avec. Nous, qui vivons dans le monde réel, et qui avons bien compris que l’effet de la pandémie continuera encore des années, nous pouvons protester contre cette prévision complètement irréaliste. On peut également penser à l’impact de la finalisation par les chambres fédérales le mercredi 23 septembre de la nouvelle loi sur le CO2, qui comprend une taxe sur les billets d'avion de ligne d'un montant variant entre 30 et 120 francs, selon la distance et la classe de transport, et une taxe pour les vols en jets privés fixés entre 500 et 3000 francs. Cette dernière taxe pourrait avoir un effet important à Genève. Notons, en passant, qu’une investigation des mouvements privés pendant l’été 2020 indiquait un bon nombre de vols vers les plages du sud de la France, l’Italie et la Sardaigne !
Mais, peut-être, ne pourrait-on avoir un sentiment de méfiance quant à la prévision mentionnée par le directeur de l’aéroport pour le retour à la normalité en 2022 ? Elle serait plutôt destinée aux bureaucrates de l’office fédéral de l’aviation civile (OFAC), qui pourraient les accepter telles quelles et d’autoriser les courbes de bruit pour 2022 ! Autrement dit, suspecter que le scénario de l’aéroport pour le trafic en 2022 est conçu afin d’avoir les courbes de bruit aussi étendues que possible. Cela permet de protéger l’aéroport contre la possibilité, qu’à cause des circonstances imprévues, quelques riverains de l’aéroport puissent subir un bruit supérieur au bruit admissible.
Quelles sont les conséquences subies par les riverains de l’aéroport dont leur propriété est à l’intérieur des courbes de bruit ?
En premier lieu, une restriction plus importante des droits à bâtir rendant difficile la réalisation de projets d’habitations individuelles ou de logements collectifs, autant pour les communes que pour des particuliers. En second lieu, une inconstructibilité de parcelles conduisant ainsi à des pertes patrimoniales importantes, puisque ces propriétaires seront virtuellement expropriés de leurs droits à bâtir par ces nouvelles contraintes. En outre de nouveaux espaces, jusqu’alors constructibles, seront concernés notamment dans le sud-ouest du canton.
Selon les prévisions de l’aéroport, il est prévu qu’en 2030, les courbes de bruit seront bien rétrécies, et que nous aurons un nouveau cadastre de bruit 2030. Entretemps il est évident que les courbes de bruit pour quelques années à venir seront moins étendues que cette courbe 2030. En conséquence, la solution la plus simple, n’est-elle pas d’adopter immédiatement le cadastre de bruit 2030, et d’obliger l’aéroport à prendre toutes les mesures nécessaires pour s’assurer qu’à partir de maintenant le bruit restera dans ces limites ?