Furax. Je suis absolument furax. La Poste m’envoie une lettre me demandant, sans ironie, si mon « vœu le plus cher » ne serait pas de pouvoir tester de nouveaux produits « tranquillement, aÌ€ la maison », et me propose d’en déposer « d’authentiques échantillons fort attrayants » dans ma boiÌ‚te aÌ€ lettres.
Que ma boiÌ‚te aÌ€ lettres porte le message « Pas de publicité » ne vous décourage évidemment pas. Loin de laÌ€ : d’abord vous ne respectez pas mon souhait, en me laissant de la publicité de La Poste mé‚me, puis de surcroiÌ‚t vous m’encouragez aÌ€ enlever mon message afin de pouvoir recevoir ces fameux échantillons!
Qu’est-ce que vous imaginez, chez «PromoPost » ? Qu’une telle proposition me fera changer d’avis et du coup accepter un tas de produits bidon ? C’est une insulte.
N’avez-vous pas honte ? Beaucoup de Suisses essayent consciencieusement de réduire leurs déchets, voire de diminuer leur consommation en général. J’en fais partie. N’importe, vous persistez aÌ€ promouvoir la surproduction, nourrie d’une industrie publicitaire aÌ€ milliards, qui nous a amenés dans la situation catastrophique dans laquelle l’humanité se trouve.
Regardez les glaciers suisses, Messieurs, Mesdames, comment ils fondent ! Réveillez-vous ! Nous sommes au 21é€me sié€cle. Les Trente Désastreuses sont révolues et nous voulons avancer! Et voilaÌ€ que vous m’envoyez un autocollant montrant une gueule béante d’hippopotame qui crie « Nourrissez-moi avec de la publicité ! » Je crois ré‚ver.
Pour moi, c’est encore une signe du déclin d’un jadis adéquat service public qui s’immole année apré€s année sur l’autel du profit, du capitalisme sans bornes et de la surconsommation. Ceci est vraiment la limite, un excé€s que je ne tolé€re pas. Je vais fermer mes comptes chez vous.
Je suis petit, je le sais bien, et vous ne remarquerez rien. Vous profiterez pour des millions de toute manié€re de cette campagne immorale, en vous faisant payer par les sociétés qui dépendent de cette machine publicitaire. Tant pis. Peut-é‚tre puis-je vous blesser dans votre réputation. Adieu.

Nigel Lindup