4 articles pour cette sélection
du mar. 7 nov. au dim. 12 nov. 2023 par ALBB
num.333 novembre 2023 p.08
Hans Erni au Boléro : le Picasso suisse à découvrir chez nous

S'il est un artiste suisse qui peut représenter notre pays pour le 20ème siècle, c'est bien lui ! Hans Erni, né le 21 février 1909 à Lucerne, est décédé le 21 mars 2015, dans la même ville, laissant un héritage d'œuvres éparpillées dans le monde. Genève a la chance d'en avoir deux visibles en tout temps, la façade d'un grand magasin à la rue Grenus, mais surtout l'entrée de l'ONU qu'il a conçue l'année de ses 100 ans. Elle vaut largement le détour !

Le Boléro de Versoix a le privilège d'exposer la collection privée d'Inge et Francis Clivaz jusqu'au 12 novembre.

Ce couple a lié une amitié de plus de 40 ans avec Hans Erni et son épouse, partageant leurs idées et leurs goûts pour l'art.

Lors du vernissage, Cédric Lambert, Maire, a rappelé que Hans Erni n'a pas toujours été apprécié par la Suisse officielle, puisqu'il a été accusé d'être communiste. En 1967, sa ville l'a réhabilité avec un prix, qu'il a décliné, demandant de l'offrir aux jeunes.

Delphine Bachman, Conseillère d'Etat, est venue à vélo en appréciant le magnifique paysage et la belle piste cyclable. Elle a souligné que la culture est un secteur important pour l'économie, qu'elle rapporte plus qu'elle ne coûte, contrairement aux idées reçues.

Francis Clivaz a fait part de son émotion d'être au Boléro pour présenter la collection constituée avec son épouse. Ils se sont installés à Versoix en 1960, lorsqu'ils ont repris le Collège du Léman. A l'époque, cette école n'avait que 22 élèves. Ils l'ont revendue en 2007 avec un effectif de 2200 étudiants ! Autant dire qu'ils ont de la reconnaissance pour notre ville avec laquelle les relations ont été fructueuses.

Francis et Inge Clivaz ont partagé d'inoubliables moments en famille avec Hans Erni. Francis a rappelé qu'il a été surnommé "Picasso suisse". Toutefois, son engagement humaniste lui a valu d'être considéré comme "traitre à la patrie" parce qu'il fréquentait des communistes. Ce n'est qu'en 1966 que cette accusation, qui l'a profondément blessé, a été levée. Ironiquement, durant la période où il était ostracisé en Helvétie, il a rencontré un grand succès aux USA, contrée pourtant peu connue pour son amour envers les socialistes… Francis et Inge ont particulièrement apprécié cet homme engagé pour la paix. Un autre point qui les rapprochait était sa bonne connaissance de l'Afrique que l'artiste a sublimée au travers de ses œuvres.

Olivier Delhoume a souligné le message de paix que Hans Erni a laissé dans ses œuvres mélangeant le classique et le moderne. Il a aussi parlé de son amour pour la littérature qui nourrissaient son travail. Nul doute que Hans Erni influencera encore longtemps de futurs artistes.

Jean-Philippe Rapp a évoqué l'amitié qui le liait avec Hans Erni. Il se projetait dans le futur. Il était convaincu qu'il avait un rôle progressiste à jouer pour notre pays. Par exemple, il s'est investi pour le droit de vote des femmes. Il a créé l'affiche pour encourager son acceptation.

L'exposition est ouverte jusqu'au dimanche 12 novembre. A ne manquer sous aucun prétexte, ce d'autant plus que l'entrée est gratuite.

Photos : albb

auteur : Anne Lise Berger-Bapst

<< retour