24.06.2011 par TM
num.210 juil.2011 p.06
Un Tableau du Conseil Municipal

On m'avait suggéré de dresser un portrait de chacun et j'avais trouvé l'idée bonne, puis de moins en moins, et, de fil en aiguille, j' ai opté pour l'idée d'un tableau plus global, offrant une meilleure description de la vie du Conseil Municipal.


Mais que dire, alors, d'une soirée tout à fait formelle, avec, pour reprendre une expression qui m'a été soufflée, des dés qui sont jetés, à l'avance, puisque l'élection des participants aux commissions correspondent simplement à l'approbation d'un consensus, qui s'est déroulé, encore une fois, sans surprise.


D'abord, pour donner un cadre à notre image, la Maison du Charron, lieu important de la culture versoisienne, et dont la salle des séances aux aspects pittoresques est dotée d'une magnifique tapisserie aux allures de modernité illustre parfaitement une tendance récurrente dans du Versoix d'aujourd'hui.

Rénové en 1986-1987, ce bâtiment allie un désir de conservation et de culture avec un aspect plus pratique. Ce décor presque inespéré est une opportunité enivrante pour ce tableau de la vie politique communale, à défaut du vin qui peut couler parfois à flots, quand les soirées se prolongent.
Et puis, ce lieu est métaphorique de notre manière de voir les choses, car cette ville "dortoir", dont la formule même se résume à l'utilitaire, s'est tout de même trouvée assez fertile pour qu'on y prenne racine.

Ce faisant, cette population a commencé à se préoccuper du sort de sa cité et elle a redécouvert un patrimoine qui a été longtemps renié, lorsque la modernité se devait de prédominer: un climat idyllique, des rives du lac jusqu'à la forêt, pour reprendre les mots que le doyen a ôtés de ma bouche, mais en omettant pourtant le bourg, cet héritage que les "Versoisiens nouveaux" restaurent et préservent, avec la même ardeur que nos plages et nos bois, dont on sauvegarde la beauté sans négliger le côté pratique, croissant à la mesure du besoin qui est parfois tel, qu'il peut sembler se changer en oppression.


Dans ce décor, enfin, on aperçoit, sur un piédestal, les acteurs dont on fait l'intronisation. Du majestueux fauteuil étymologique qu'elle suggère, on ne conserve que de justesse, l'idée d'être assis. Le siège très humble du conseiller municipal implique effectivement bien plus de labeurs que d'honneurs, mais c'est ce qui rend la tâche d'autant plus noble, avec des élus au service de la ville plutôt qu'à ses dépends.


Alors, à l'heure des formalités administratives, constitutionnelles et réglementaires, deux conseillers municipaux sont astreints à encadrer cette cérémonie: l'un, une figure jeune et emblématique de ce Versoix nouveau, et l'autre, le visage plus ridé, mais représentant d'autant plus cet enracinement à cette ville dans un sursaut de renouveau, ne datant pas de temps très reculés.

Ces rôles de président et de secrétaire, ils les doivent à leurs statuts de cadet, pour Jérémy Jaussi, et d'aîné, pour Bernard Levrat, qui, dans un discours, rappelle certains points d'ancrage de la ville aux vagues bleu-ciel. Le paradoxe versoisien atteint même un sommet quand on précise que M. Levrat est l'un des onze conseillers municipaux fraichement élus, qui impliquent incontestablement, par leur présence, un changement dans ce portrait, dont les lignes actuelles s'installent peu à peu.
Du discours du doyen, qui propose aussi un croquis de la scène politique locale, plusieurs points semblent se superposer sur la présente esquisse du CM.

Ainsi, s'enthousiasmer sur ce qu'est Versoix actuellement ne doit pas se suffire: le vaste monde est plein de périls et de contradictions et l'avenir nous réserve encore bien des soucis, dont certains sont déjà à nos portes mêmes.

C'est pourquoi, notre Sénèque improvisé nous suggère un devoir de réalisme. A celui-ci, il ajoutera un devoir de tolérance, en redéfinissant celle-ci et en lui accolant une dimension de compréhension; il y associe également Versoix-Région, dont les positions sont parfois vivement mises en cause, mais dont il estime que l'ensemble reflète bien la diversité des points de vue. Finalement, il parle d'un devoir d'écoute, en appelant à plus de débat; ce qu'on pourrait, à mon avis, seconder par un devoir de parole, car trop de gens encore, n'expriment pas leur désarroi, ou bien le font de façon trop sensiblement décalée, de sorte que la discussion n'ait jamais lieu.


Puis, dans un bref interlude, les commissions seront alors réparties et les places du bureau attribuées dans la continuité des seize sortants, avec Mme Enhas à la présidence, secondée par M. Sudan et M. Chappatte, dans le rôle de secrétaire.


Pour finir, dans une toile, on observe parfois des scènes constituant une espèce de tableau enchâssé et inébranlé par l'action, contenant moult détails et curiosités disséminées. Eh bien, c'est un peu l'attraction que présentent les apéros en fin de séance, et c'est d'autant plus vrai après une intronisation, où quasiment tout le monde choisira, aujourd'hui, de rester reste, et où même plus d'intéressés auront fait le déplacement.

Le portrait de chacun, c'est là qu'on l'observe, dans ces scènes dispersées. Certains sont réservés, d'autres expansifs et d'aucuns un peu maladroits. C'est l'école de la vie, mais on y parle surtout politique. Il y a les habitués, qui sont toujours là pour prendre un "p'tit coup de plus" à la fin.

Il y a les orateurs, accompagnés de ceux qui se complaisent dans une certaine procuration à les voir parler. Il y a ceux qui se chamaillaient sur leurs lignes d'idées respectives. Il y a aussi ceux qui débattent plus calmement d'idées, qu'ils façonnent peu à peu, en petits groupes, mais dont une part souvent minimaliste voit en fait le jour.

C'est ainsi qu'il en est, on avance par petit pas, ce qui peut parfois apporter la frustration et même la rage. Pour certains, il n'est pas facile de faire une description, car ils préfèrent rester plus effacés. Pour d'autres, en revanche, on peut oser s'amuser à une description, tant la perception semble tacitement partagée.

En premier, il y a l'incontournable M. Piccot, le Cicéron local, qui entame d'ailleurs son dixième mandat de quatre ans, ce qui finit toujours par être un sujet de plaisanterie.

Puis, on a M. Sauter, son double plus vert et plus économe en paroles et en législatures.

Après lui, c'est le tour de M. Leiser, l'électoraliste avenant, et précédant M. Jaussi, le jeune dynamique avec sa touche personnelle de traditionalisme. Et l'on pourrait aussi citer M. Rothlisberger, le socialiste que ses compagnons de droite s'amusent à taquiner. Et finalement, prenant lentement et timidement le pas du législatif, on distingue le tandem des "contestataires" d'un MCG souvent contesté sur la forme.
Les autres, on les regarde, mais ils se décrivent moins bien, c'est pourquoi chacun se devrait d'aller voir par lui-même, quitte à ce que ne se soit uniquement pour accomplir cette nécessité de dialogue, que M. Levrat mentionnait si bien.

On y trouve, en définitive, suffisamment de champ pour s'exprimer. Ou bien, on pourrait peut-être évoquer le devoir de contrôle du citoyen après des élections: une précaution sans laquelle on a une démocratie aveugle basée plus sur le renom et la fidélité, dans un choix fondé plus sur des symboles et sur une récurrence que sur le mérite, loin d'être cependant absent dans notre ville.

Si vous souhaitez connaître la composition de toutes les commissions de ce nouveau Conseil Municipal, cliquez sur le lien internet ci-dessous.

www.versoix.ch/

auteur : Thomas Mazzone

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