28.08.2011 par ro
num.211 sept. 2011 p.12
Schwarzenegger bientôt à Versoix

Environnement

L’ancien gouverneur de Californie vient de créer le R20 (Régions pour l’action climatique), dont le siège est à Versoix. Il sera sur place pour l’inaugurer en novembre prochain.

Mercredi 18 mai, un bureau à downtown Santa Monica. Alors que paparazzi et reporters font le pied de grue à l’extérieur pour tenter d’alimenter le scandale autour d’un fils conçu hors mariage, Arnold Schwarzenegger est concentré sur autre chose.
Entouré de ses conseillers, l’ancien gouverneur de Californie planche sur la stratégie de sa nouvelle ONG. Le R20 – Régions pour l’action climatique – n’est pas juste une lubie: c’est le principal projet politique de celui dont le mandat s’est terminé il y a cinq mois.

Son idée? Réunir des acteurs infra-étatiques (régions, villes métropoles), afin de répliquer, à travers des projets concrets, le modèle californien de l’«économie verte». Une organisation aux ambitions majeures – elle veut lancer des projets pour 100 milliards de dollars ces cinq prochaines années – et dont le siège se trouve depuis peu... à Versoix.

100 millions de lampes LED. C’est là, dans un salon de la Villa Grand-Montfleury, que reçoit deux jours plus tard Christophe Nuttall, directeur pour les partenariats innovants au PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) et futur directeur du R20, dont les bureaux occupent le rez-de-chaussée de cette maison de maître.

Arrivé tout droit de Los Angeles, où il a participé à la réunion avec l’ancien «Governator», l’homme évoque avec enthousiasme les projets envisagés. «Le R20 facilitera une grande opération de remplacement de l’éclairage public par des ampoules LED. Sur un millier de villes contactées, quarante ou cinquante seront choisies dans lesquelles cela vaut la peine d’investir. Cela représente un total de 100 millions de lampes LED, que le R20 commandera en bloc.»
Regrouper les forces pour mieux négocier face aux fournisseurs, c’est l’une des raisons qui justifient l’existence de cette coalition des régions.

«Que ce soit en matière d’efficacité énergétique des bâtiments, de transports publics ou de production d’énergie renouvelable, la réponse aux problèmes posés par le changement climatique est entre les mains des collectivités territoriales, affirme Christophe Nuttall.
Or, dans les grands sommets sur le climat à Copenhague en 2009, à Cancun en 2010 ou à Durban à la fin de cette année, les villes et les régions ne sont pas autour de la table de négociation. Avec Arnold Schwarzenegger comme portevoix, notre premier objectif est d’obtenir une reconnaissance pour ces acteurs clés.»

L’organisation se voit aussi comme une plateforme d’échanges entre des régions du Nord et du Sud. «Le R20 regroupe également des ONG et des universités, des entreprises et des institutions financières, poursuit Christophe Nuttall.

L’objectif est d’ouvrir au maximum l’accès au savoir, à la technologie et aux mécanismes financiers qui permettront à une région de mettre en place un plan ambitieux en matière de développement durable.»
Pour l’instant, un budget annuel prévu d’un million de francs permet le fonctionnement du R20 dans sa phase de démarrage. Une dizaine de personnes devraient y travailler d’ici à la fin de l’année.

L’organisation a démarré avec 35 régions signataires à travers le monde (aucune région suisse, pour l’instant), mais le nombre de membres n’est pas limité. «D’ici à 2014, le R20 aidera au moins 20 régions du monde à devenir des faibles émettrices de CO2. Et d’ici à 2020, le chiffre de 200 est visé.»

Come-back européen? L’ancrage helvétique de l’organisation n’est pas un hasard. Directeur des partenariats innovants du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Christophe Nuttall a rencontré Arnold Schwarzenegger lors du Governors’ Global Climate Summit à Los Angeles en 2009.

«Il cherchait un point d’ancrage au sein du système onusien, s’imaginant jouer un rôle d’ambassadeur pour la cause écologique. Je lui ai demandé pourquoi il ne créerait pas plutôt sa propre structure.» La réputation de Genève comme ville internationale et la neutralité helvétique ont pesé dans la balance. Un coup de pouce de l’Etat de Genève, qui offre des locaux pendant la phase de démarrage, a fait le reste.

«Arnold Schwarzenegger viendra pour l’inauguration officielle des bureaux en novembre, assure Christophe Nuttall. Je crois que les autorités du canton seront agréablement surprises de rencontrer quelqu’un de très intelligent et ouvert sur l’international.»

De quoi alimenter les spéculations dont Newsweek s’est fait le relais il y a quelques semaines: Schwarzie se verrait bien, à travers le R20, briguer un jour la présidence de l’Union européenne! Un scénario fou, comme tous ceux qui ont jalonné la carrière improbable du bodybuilder devenu acteur devenu politicien.


Cyril Jost
Article paru dans l’Hebdo

auteur : rédacteur occasionnel

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