28.02.2012 par SZ
num.216 mars 2012 p.10
Une salle omnisports, utopie versoisienne ?

Les infrastructures sportives ne font de loin pas le prestige de la commune de Versoix. Pire, elles entravent sérieusement le développement des clubs de sport. Pourtant, la création d’une salle omnisports pourrait pallier le manque de salles viables. Et la question n’est plus de savoir si oui ou non, un tel complexe est nécessaire, mais bien quand il se fera.


Griefs des clubs de sport

Une enquête auprès des différentes sociétés sportives de Versoix* dont l’activité requiert l’utilisation d’une salle en bonne et due forme, a permis de faire ressortir les besoins. Du côté du PEPS VBC (Volleyball), la problématique de disponibilité des salles se ressent à plusieurs niveaux : « Le manque de salles nous a contraint à nous séparer parfois de jeunes joueurs ou d’aller nous entraîner ailleurs (Henry-Dunand ou Genthod) », fait savoir un responsable. En outre, cette même problématique a entravé une possible évolution de ligue : « On aurait très bien pu, à certaines époques, monter une équipe de Ligue Nationale avec les jeunes du cru. » Pour ce qui est de la qualité des salles existantes, tout n’est pas rose non plus. « En effet, les plafonds des salles des Colombières et d’Adrien-Lachenal sont trop bas pour jouer un volleyball que nous qualifierons de normal. » Même son de cloche du côté du FutNet, anciennement foot-tennis : « Il n’y a pas assez de salles à Versoix, nous sommes vraiment coincés dans notre développement, les entraînements et le niveau du club en pâtissent. » Pour le Badminton club, le grand soucis se situe au niveau de l’éclairage de la salle des Colombières mise à disposition par l’Etat de Genève: « C’est une vraie catastrophe ! Pour notre grand tournoi de double de novembre 2011 (150 participants), nous avons dû changer les néons nous-mêmes !! Quatre heures de boulot à trois personnes… Et c’est chaque année pareil. » Un dernier élément important mis en avant par les clubs relève que les sols des certaines salles sont très glissants.


Promesse non tenue des autorités

Quant au club de Versoix-Basket (VB), le manque de salles le contraint non seulement à faire la moitié des entraînements sur le canton de Vaud, notamment Founex, mais aussi de limiter les inscriptions des joueurs. Ce problème ne date par d’hier. Et pour cause, un membre du club fait savoir qu’en 1993, le projet de construction d’une salle s’était déjà posé. La raison ? Le VB club avait accédé à la Ligue Nationale B et ne pouvait plus jouer les matches dans la salle de Montfleury, celle-ci ne répondant plus aux normes d’homologation de cette catégorie de jeu. « Les autorités versoisiennes de l’époque n’étaient pas enthousiastes pour se précipiter dans une nouvelle construction, craignant que les bons résultats du VB ne soient qu’un feu de paille, se souvient le responsable. Ils ont fait comprendre au club qu’il devait faire ses preuves avant de construire une nouvelle salle. » Le VB a donc obtenu une dérogation pour jouer à Coppet pendant un an. Puis c’est l’euphorie, la qualification pour la Ligue Nationale A (LNA, la plus haute). Les autorités de Versoix sont alors revenus sur leur promesse « préférant payer une location à Coppet plutôt que de financer la construction d’une salle ». Conséquence pour le club : « Cet enchaînement qui a abouti à la non construction d’une nouvelle salle nous a coûté notre équipe de LNA, devenue vice-champion suisse en 1997. Lorsque le club a fusionné avec Champel pour former le Genève-Versoix basket (puis les Geneva Devils), il était impensable que cette équipe ne joue pas dans le canton et les matches ont eu lieu au Pavillon des sports du Bout-du-Monde à Champel, plutôt qu’à Versoix. De là, l’esprit a changé. »


Le temps des questions

A la lecture de tous ces griefs, plusieurs questions viennent alors à l’esprit. Pourquoi les communes vaudoises voisines, de taille très inférieure à celle de Versoix, sont-elles capables de construire de magnifiques salles de sport ? Pourquoi les autorités versoisiennes et les Commissions des sports qui se sont succédées durant ces vingt dernières années n’ont absolument pas anticipé la démographie de la commune et le développement des clubs de sport ? Et qu’en est-il aujourd’hui ? Pour rappel, en février 2011, au débat des élections municipales, tous les candidats répétaient en coeur qu’il fallait construire une salle omnisports... Promesse électorale ou volonté réelle ?


La parole à la Commission des sports

Nous avons interrogé le président de la Commission des sports, Jean-Pierre Piccot, afin de savoir si une salle omnisports était à l’ordre du jour : « Pour l’instant, rien n’est prévu. Cela ne veut pas dire que rien ne se fait ». Après cette nouvelle qui se veut rassurante, le président a détaillé les démarches entreprises datant du 22 septembre 2011, lors d’un comité: « Monsieur Claude Genequand (ndlr : Conseiller administratif délégué aux sports) souhaitait connaître l’opinion de la Commission des sports relative au lancement d’une étude de salle omnisports, car il doit s’agir d’une volonté réelle du Conseil Municipal. Après un tour de table, toutes les fractions politiques dans l’ensemble étaient d’accord. » Ouf. Que reste-t-il à faire ? « Il a été demandé d’établir un tableau d’occupation des salles disponibles dans notre commune afin d’être en mesure d’objectiver les besoins. (ndlr : en cas de doute sur les besoins, relire les paragraphes un et deux du présent article). Une procédure longue car « toutes les sociétés sportives doivent répondre à plusieurs questions. » Estimation de la Commission des sports pour la réalisation de ce tableau : « fin 2012». Et le président d’ajouter : « La Commission encourage Monsieur Claude Genequand à prendre contact avec le Conseiller d’Etat en charge des sports. » Message transmis.


Rien avant 2014 et encore…

En réalité, ce qui précède n’est que le préambule. Car une fois le tableau de disponibilité des salles réalisé, il faudra dans un deuxième temps lancer une étude pour l’implantation d’une salle omnisports. Puis, dans un troisième temps passer devant le Conseil Municipal pour demander un crédit d’étude, afin de déterminer l’emplacement ( soit Lachenal, soit le Centre sportif de la Bécassière), les dimensions, le coût, etc… pour ensuite vérifier que ces résultats vont dans le sens des souhaits de la Commission des sports. Une estimation de temps ? « Pour ma part, je ne pense pas avant 2014, note le président. C’est très long et complexe. Mais je suis convaincu que les travaux commenceront pendant cette législature. Je vais, avec la Commission des sports, tout faire pour que les sociétés sportives de Versoix puissent bénéficier de cette salle si attendue. »
Tout ceci n’est pas sans rappeler la parade du projet de piscine olympique, que soutiennent ses membres depuis 2003 ! Ne pourrait-on pas, pour une fois, redoubler d’efforts et de bonne volonté de sorte à faire avancer un peu le schmilblick?

*seule la FSG Versoix (Fédération suisse de gymnastique) n’a pas répondu à nos sollicitations

auteur : Sandra Zanelli

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