Logo de la FIBA
Projet du bâtiment
Maquette du futur bâtiment FIBA
Situation actuelle
27.03.2012 par ro
num.217 avril 2012 p.13
FIBA - Basketball

Le Basketball mondial pose ses valises à Mies

Vous l’avez peut-être remarqué, un drôle de bâtiment est en construction à la sortie de Versoix, tout juste sur la commune de Mies. Caché derrière la station-service « la Buna », un imposant chantier côtoie le centre de fitness « Silhouette » depuis le mois d’octobre 2010. Maintenant qu’il prend forme et touche à sa fin, intéressons-nous à ce qu’il renferme…

Mais pour cela, il nous faut remonter bien des années en arrière. Alors que la Fédération Internationale de Basketball Amateur (FIBA) avait pris pour habitude de voyager et de louer des locaux, elle décida en 1968 de chercher un terrain pour y installer définitivement son siège. Cependant, le projet fut plus ou moins abandonné jusqu’au début des années 90: le temps du changement était arrivé. L’Europe s’imposa petit à petit comme principal lieu d’accueil lorsque la FIBA occupa respectivement Rome, Berne, Münich et enfin Genève, ville où la FIBA fut créée en 1932. Mais ce n’est qu’en mai 2008 que le territoire vaudois fut repéré. De par sa proximité de l’Aéroport de Genève, le site faisait figure de candidat idéal pour rassembler les fédérations de basketball du monde entier.
La FIBA avait donc trouvé son Saint Graal : un terrain d’à peine moins de 8’500 m2 pour plus de 5’200 m2 de surface constructible. La FIBA décida alors d’acheter le terrain et d’y construire la « Maison du basket », siège officiel qui deviendra le lieu « où ce grand sport vivra et grandira » comme le déclara alors Patrick Baumann, secrétaire général de la FIBA et membre du Comité International Olympique (CIO).

Un appel d’offre est rapidement lancé et un cabinet d’architectes de Lausanne reçoit le privilège de bâtir le fameux bâtiment. Laissant libre cours à leur imagination, les architectes vaudois eurent pour projet de faire un siège à l’image de la FIBA. En effet, s’inspirant du logo de cette dernière – cinq mains posées sur un ballon de basketball – le groupe Luscher Architectes SA décida de créer le bâtiment en forme de main dont la structure porteuse sera un panier de basketball avec son filet. Chaque pilier de cette structure sera gravé au nom de chacune des 213 fédérations nationales regroupées au sein de la FIBA. L’architecte Luscher explique que cette structure porteuse aux noms des fédérations qui forment la FIBA est une métaphore du soutien que chacune de ces entités apporte à la fédération internationale.

Mais commençons une visite virtuelle des lieux en suivant les plans et autres simulations en trois dimensions publiés par la FIBA. En guise d’accueil, un terrain de basket guidera les visiteurs jusqu’à l’entrée principale, entre le pouce et l’index de cette main géante. Le rez-de-chaussée accueillera – outre la réception – le Hall of Fame, véritable hommage aux personnalités ayant marqué l’histoire de ce sport. Le premier étage renfermera toute l’administration de la FIBA alors que le deuxième étage deviendra à la fois une immense salle de conférence, une salle de réunion et une cafétéria, le tout donnant sur des terrasses et des jardins. Enfin, le sous-sol abritera un parking ainsi que les archives et divers locaux. Autre élément marquant de cette construction, l’utilisation abondante de vitres afin d’utiliser au mieux la lumière et de profiter de la superbe vue de la région.

Après l’Union des Associations Européennes de Football (UEFA) à Nyon en 1995 et un grand nombre d’entités du sport européen et mondial à Lausanne, la FIBA est une énième institution sportive internationale à élire domicile dans le canton de Vaud. En effet, outre le Tribunal Arbitral du Sport (TAS), le Comité International Olympique (CIO) et le Bureau Européen de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA), le canton de Vaud, et Lausanne en particulier, abrite un nombre incroyable de Fédérations et d’Organisations du Sport international, plus communément regroupées sous l’acronyme FOS.

La question qui s’impose d’elle-même est de savoir quel est l’argument de séduction du canton de Vaud pour accueillir en son sein un si grand nombre de FOS ? Outre une vue irrésistible sur le lac Léman, que peut-il donc offrir de si exceptionnel pour attirer ainsi les grandes instances du sport international ? Tout d’abord, la présence à Lausanne du CIO confère à l’arc lémanique et au canton de Vaud un statut particulier et le prestige inégalable de Capitale olympique et de haut lieu du sport mondial. De plus, outre les exonérations d’impôts communaux, cantonaux et fédéraux (inexistantes sur le canton de Genève), les FOS bénéficient d’avantages, attribués par le canton de Vaud ou par la ville de Lausanne, tels que des démarches administratives facilitées, la construction de la Maison du Sport (lieu où sont regroupées de nombreuses FOS) et la création de l’Académie Internationale des Sciences et Techniques du Sport (AISTS) visant à former les futurs cadres des diverses FOS. De plus, la proximité de l’aéroport de Genève reste un atout majeur pour une telle région. Ainsi, le canton de Vaud et la région lausannoise ont su se rendre attractifs autant au niveau de la renommée que des avantages administratifs et financiers. Le résultat est sans appel : toujours plus de FOS cherchent à s’installer chez nos voisins, à l’image de la FIBA. Le cas de la FIBA n’est d’ailleurs pas sans rappeler la Fédération Internationale de Motocyclisme qui avait migré en 1995 de Genève à … Mies !
Même s’il était largement exagéré de parler de « fuite des FOS », il est malgré tout surprenant de constater la désertion de Genève par ces institutions du sport mondial.
Mais puisque par chance la FIBA arrête de rebondir aux quatre coins de l’Europe pour venir s’ancrer tout proche de notre commune, il est naturel de se demander quelles sont les conséquences de l’installation d’une telle organisation internationale pour Versoix ? A première vue, elles sont difficiles à mesurer. En effet, les 100 à 120 places de travail annoncées par la FIBA seront très probablement occupées par les actuels employés et donc ne vont pas permettre de créer des emplois supplémentaires dans la région. Au niveau de la presse, il semble également peu vraisemblable d’envisager une médiatisation imposante et soudaine de Mies et de sa région, si ce n’est lors de l’inauguration du bâtiment et aux veilles de compétitions majeures.

Mais ce qui parait néanmoins le plus probable, c’est que la présence de la FIBA ne changera pas beaucoup de choses pour les Versoisiens et nos voisins de Mies. Malheureusement, l’absence de réponse de la FIBA à nos sollicitations ne nous permet ni d’apporter un peu de lumière sur le choix de la commune de Mies ni sur les conséquences qu’une telle installation aura sur les communes avoisinantes.

Gaëtan Chevallier

auteur : rédacteur occasionnel

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