25.03.2013 par ro
num.227 avril 2013 p.01
Le bonhomme hiver

Une parade du bonhomme hiver sous un air de Brésil

Le départ de la parade est à 16h45 dans la cour de l’école d’Ami-Argand. Y sont rassemblés un nombre d’enfants impressionnant, sous l’œil de quelques parents sagement restés sur les bords. Tous les parascolaires des écoles primaires de Versoix se sont donnés rendez-vous. L’après-midi même, ils ont fabriqué des masques colorés et pleins de plumes, ainsi que des maracas et des petits tambours. L’excitation monte, jusqu’au moment où le cortège est lancé. « Je veux tous les enfants du parascolaire devant ! Les parents restent derrière», ordonne Tainara.

« Aujourd’hui les chéris, c’est le carnaval de Versoix ! » crie Aurore, animatrice du Rado, méconnaissable sous sa perruque et ses grosses lunettes. Elle est déguisée pour l’occasion en Tainara, venue expressément du Brésil pour la parade du Bonhomme Hiver.
Sifflet en bouche, elle danse entourée d’une ribambelle d’enfants le sourire aux lèvres.

Du cortège se dégage une joyeuse cacophonie. En tête, un char avec un DJ, et la police qui dégage la route. Suit le Bonhomme Hiver, affublé de dreadlocks et d’un maillot de bain, tiré par les enfants eux-mêmes. Ce fameux Bonhomme, c’est Pascal Gentet qui l’a construit, installant vésuves et fumigènes à l’intérieur. C’est également lui qui s’occupe de la mise à feu à distance : « C’est un artificier qui me prépare ça. Après, moi, je branche juste le fil rouge sur le bouton rouge. Il faut juste appuyer sur le bouton. C’est un vésuve qui s’allume à l’intérieur, ensuite tout s’embrase. » Quant à la décoration, ce sont les enfants du Radis qui l’ont faite, le mercredi.
Une fois arrivés à la plage de Port Choiseul, les enfants se précipitent sur le stand de goûter, qui leur est offert. Pendant que le Bonhomme Hiver est gentiment poussé sur le lac, le Versoix Model-Club offre un spectacle aérien sous les exclamations des gamins, impressionnés par les loopings des petits avions.

Tainara annonce ensuite chaleureusement la flashmob, après avoir souligné l’importance de la présence de tous : « J’ai pensé à toi ce matin mon chéri et je me suis dit : «J’espère que tu seras là !» Parce que si tu n’es pas là… Et bien il n’y a pas la fête ! » La musique du Gangnam Style sort des enceintes et les enfants se ruent vers les escaliers où une prof de danse leur montre les pas : ils sautillent dans tous les sens, les mains croisées, selon la fameuse danse du cheval.

Finalement, le moment tant attendu arrive. « Maintenant, c’est l’animation incroyable ! Qu’est-ce que c’est ? Le Bonhomme Hiver, les chéris ! On va brûler le Bonhomme Hiver, parce que ça veut dire qu’on brûle l’hiver. » Tous les regards se tourne vers le Bonhomme qui flotte sur l’eau. Compte à rebours, tous en chœur. « Il fume ! », crie un garçon, le visage masqué par des plumes. Et tout à coup, des vésuves s’allument sur les bras du mannequin et un pétard explose, soulevant quelques cris. Les petits sont absorbés. Les plus grands essayent d’atteindre le Bonhomme en feu en lançant des cailloux, sous les grondements des accompagnatrices. Les réactions sont toutes enthousiates, comme celle de Tatiane, 6 ans : « Je trouve que c’est joli. Ça me fait penser à de la neige qui brûle. C’est joli et triste. »
Quand il ne reste plus que l’armature, des enfants scandent : « Elle est toute nue ! Elle est toute nue ! » Pour finir, le Bonhomme Hiver s’écroule. « Il est mort ! », s’exclame une petite fille. Pour ce premier jour de redoux, le bûcher du Bonhomme Hiver semble en effet synonyme de printemps... En espérant que ça dure !

Anouk Pernet
 

 

 

auteur : rédacteur occasionnel

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