06.04.2013 par ALBB
num.228 mai 2013 p.06
Madagascar CALA : une école où les rejetés apprennent dans de bonnes conditions

Antalaha est une ville sur la côte est de Madagascar. Quand bien même le climat pourrait sembler agréable à nos yeux, les cyclones dévastent régulièrement la région et l'économie nationale est dans un état désastreux. De plus, de révolutions en déstabilisations, le pays n'est pas géré adéquatement, avec une crise alimentaire qui sévit depuis 2009 à cause de l'inflation des prix (principalement le riz qui est la base de la nourriture). Autrement dit, la situation de cette île n'a cessé de se dégrader au cours de ces dernières années.

C'est dans ce contexte que des ONG essaient de développer des micro-projets en collaboration avec la population locale, tout en gardant un contrôle des opérations. Par exemple, CALA (Comité d'Aide aux Lépreux d'Antalaha) qui rend la vie d'anciens malades acceptable. En effet, les lépreux, même guéris, sont rejetés de la vie locale, de peur qu'ils ne contaminent les autres. Ils vivent dans des villages clairement délimités à l'extérieur des villes. Naturellement, des familles se forment et les enfants qui naissent, bien qu'en bonne santé, sont également considérés comme des parias.

Une école a donc été créée dans un de ces villages avec des financements venus d'Europe. Prévue en 2001 pour la trentaine d'enfants du village, c'est aujourd'hui 280 élèves qui suivent tout le cursus de l'enseignement obligatoire. Les enfants des villages - jusqu'à 10 km alentours- forment le principal de l'effectif. En plus des cours, les élèves bénéficient d'un repas sain et complet à midi. Cette alimentation est un argument supplémentaire pour les parents de permettre à leurs enfants de s'instruire, la nourriture étant chère et rare. Un autre centre de formation a également été organisé pour permettre aux jeunes de se former dans l'agriculture, principalement la sylviculture, afin d'éviter le déboisement de la région. Les forêts empêchent les cyclones de se renforcer et freinent leur progression. Comme la population cuisine au feu de bois, le remplacement des arbres abattus est indispensable, ce qui est une tâche interminable.

Actuellement, l'école primaire du CALA essaie de dépoussiérer les méthodes pédagogiques en introduisant le jeu (par exemple pour mieux comprendre les mathématiques) et l'observation scientifique (en allant étudier les plantes dans la nature). Une grande nouveauté dans la région ! Autant dire que cette manière de procéder interpelle, surtout les adultes, plutôt habitués aux cours "sérieux" en classe (lorsqu'ils ont eu la chance d'être alphabétisés). Les enseignants reçoivent donc des formations spécifiques pour varier leur manière de présenter leurs leçons.

Les résultats ne se sont pas faits attendre puisqu'en juin 2012, tous les élèves ont réussi les examens de fin d'année. Cela était tellement exceptionnel que les responsables ont craint une tricherie. Pour éviter une méfiance vis-à-vis des élèves, d'autres enseignants ont été priés d'effectuer une seconde correction des épreuves qui s'est soldée par … des moyennes encore meilleures !

Cette école, la seule de la région qui a une cantine, est destinée aux enfants des lépreux, mais les familles des alentours, enviant cette situation, y envoient leurs élèves. Il en résulte une intégration "à l'envers", puisque les gens sains se rendent chez les rejetés pour y être formés (et surtout nourris bien sûr !).

Une école différente – une goutte d'eau dans l'océan peut-être – mais une lueur d'espoir pour tant d'enfants qui auront de meilleures chances d'être reconnus et pour construire l'avenir de ce pays.

Pour plus d'informations, on peut se rendre sur le site www.calamada.org Il est possible pour soutenir ce projet de contacter M. Francis Chambordon au 022-755.22.17 ou chambordonf@infomaniak.ch).

 

auteur : Anne Lise Berger-Bapst
 
 
 
 
 
 
 
 

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