24.01.2014 par GS
num.236 mars 2014 p.14
Jules Mülhauser, le poète de la vigne.

Ils sont passés par Versoix

Jules Mülhauser, le poète de la vigne

Rares sont encore les Versoisiens qui se souviennent de s’être promenés dans les vignes à Versoix. Et pourtant, notre commune possédait un vignoble jusqu’au milieu du XXe siècle. Les noms donnés à certains chemins nous rappellent cette période viticole : Chemin de la Vigne-Noire, chemin des Lombardes (de l’origine des vendangeuses). Les côteaux de Saint-Loup et des Colombières, très bien exposés, permettaient cette culture. Le vin que l’on produisait était pourtant de médiocre qualité.
C’est peut-être la beauté de ces vignes qui attira Jules Adam Louis Johann Mülhauser à Versoix. Né le 11 janvier 1806 à Genève, il est le fils de Jean-Pierre Mülhauser, peintre décorateur sur porcelaine et négociant, et de Sara Jacquemin. Après ses études dans cette ville, il part en Russie où il est professeur de français. Le 4 janvier 1827, il épouse dans la paroisse de Trikaten, Jeanne Marie Baylon.

De retour en Suisse en 1843, il travaille comme journaliste, puis enseigne le français à l’Ecole normale de Lausanne et au Collège cantonal. Revenu à Genève en 1853, il y occupe le poste de principal des établissements d’instruction secondaire, puis au Collège industriel. En 1855, il se retire à Versoix et se consacre exclusivement à la littérature ; il a été notamment pionnier du théâtre national romand avec plusieurs pièces. C’est à lui que l’on doit la traduction de « Guillaume Tell » de Schiller. Il était membre honoraire de la Section de littérature de l'Institut national genevois.

Jules Mülhauser a été choisi pour écrire le livret de la Fête des vignerons de 1851, sur la musique de Frantz Grast. Ces partitions sont devenues populaires par l’un ou l’autre couplet ; tels, les Couplets du rémouleur :

« Vignerons, par moi vos outils,
Coupent sans cesse à votre guise ;
Mais, pour vos brillants appétits,
C’est le travail qui les aiguise.
Gens de tant d’orgueil revêtus,
Dont la race en tout lieu abonde
Venez, je vous rendrais pointus.
Et vous percerez dans le monde »

Le poète et dramaturge a écrit plus de la moitié des textes et sollicita pour le reste quatre collègues, dont Marc Monnier. Pour la Fête de 1865 on fit de nouveau appel à lui. Jules Mülhauser a ainsi participé par son talent au succès de la célèbre Fête des Vignerons et il fallait bien ces quelques lignes pour rendre hommage à ce Versoisien.
 

auteur : Georges Savary

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