26.03.2014 par GS
num.239 juin 2014 p.14 Mai 1954 début de la Conférence asiatique à Genève.
Genève a retrouvé l’animation diplomatique d’avant-guerre. Pendant plusieurs semaines la préparation de la conférence a occupé les autorités genevoises. Les locaux dans lesquels se déroulent les négociations étant mis à disposition par l’O.N.U., la question de l’aménagement d’un édifice consacré aux délibérations ne se posa pas. En revanche le logement des chefs de délégation et de leurs adjoints posa des problèmes délicats. La première question à résoudre fut de trouver des villas dignes de recevoir les ministres des affaires étrangères et leurs collaborateurs immédiats. Monsieur Chou En Lai, ministres des Affaires étrangères de la République populaire de Chine s’est établi à la villa Montfleury, gardé par quelques dizaines de soldats chinois. « Il y en avait derrière tous les bosquets », nous dit un témoin qui se souvient de cet événement. « Joli-Port » accueillit la délégation française qui avait à sa tête Georges Bidault, puis Pierre Mendès-France. L’arrivée de la voiture du ministre à la place Bordier était attendue par les journalistes et photographes sous l’œil curieux de quelques badauds. Quant aux délégués de la Corée du Nord qui ont été par la suite remplacés par ceux du Vietminh, ils logeaient dans la maison « Le Cèdre » qui doit son nom à l’un des plus imposants conifères, dits du Liban, que l’on ait connus dans la région de Genève. Il ornait l’angle de la propriété et fut abattu par la bise en novembre 1940. Le compte rendu administratif nous indique que : «La présence de ces délégations a occasionné certains soucis à la municipalité. Il a fallu mettre à la disposition de la troupe des cantonnements, cuisines, réfectoires, chambres d'officiers, locaux pour le matériel et l'armement, ce qui n'a pas toujours été chose facile, vu l'effectif élevé de certaines compagnies, qui a atteint jusqu'à 240 hommes. D'autre part, le changement des troupes qui avait lieu chaque semaine, nous a obligés à de nombreuses prises de contact et a compliqué l'établissement des décomptes et le règlement des indemnités. Cependant, la longue présence de ces troupes chargées de la surveillance des délégations a été profitable au commerce local et n'a pas entraîné de dépassement de dépenses pour notre commune. Signalons que la discipline des soldats — la plupart provenant de Suisse alémanique — a été parfaite.» Le temps de quelques semaines, Versoix était au centre du monde diplomatique, elle le redeviendra à l'occasion du Sommet de Genève de 1985, lors de la rencontre entre Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan.
auteur : Georges Savary
|
<< retour |