Dimanche 13 avril, Aux Caves de Bon-Séjour
Musique et Nature sous les doigts du pianiste
Adalberto Maria Riva
Pianiste au riche palmarès, Adalberto Riva est considéré comme un habitué des concerts classiques des Caves de Bon-Séjour. A chacun de ses passages, il attire un public averti qui se réjouit de l’entendre.
Pianiste mais également musicologue, A. Riva aime à partager avec son public ses connaissances en lien avec les œuvres qu’il propose à notre écoute, ce qui fut particulièrement enrichissant ce soir. En effet, d’origine italienne, ce pianiste très curieux d’œuvres oubliées est venu réveiller le répertoire du patrimoine des compositeurs suisses du 19ème siècle, ainsi que des œuvres de compositeurs étrangers ayant composé lors de leurs séjours en Suisse à cette même époque, ceci en reconnaissance de différentes étapes importantes favorisant l’évolution de sa carrière, qui se sont déroulées dans notre pays.
Le programme commence d’une façon agréablement surprenante avec deux œuvres de Liszt (1811-1886) : La première intitulée « Fleurs mélodiques des Alpes n°6» nous conduit sur l’Alpage avec entre autres thèmes folkloriques celui du « Liauba » repris à plusieurs reprises et retravaillé en variations. La 2ème œuvre de Liszt de ce programme « Les cloches de Genève » atteste de la présence du compositeur à Genève, ville dans laquelle sa fille Blandine est née.
Adalberto Riva poursuit ce récital avec les partitions des compositeurs suisses, Hans Huber (1852-1911), pianiste, compositeur le plus important de la 2e moitié de ce siècle, fondateur du Conservatoire de Bâle avec « Nachtgesänge n°1 et 5 » puis avec des pages originales « Introduction, variations ( sur le thème mozartien de Lacidarem la mano) et rondo », musique pleine de vivacité de la jeune compositrice suisse de Lenzburg Fanny Hunnerwald (1826-1854), seule femme à cette époque à pouvoir vivre de ses compositions et de ses concerts. Pour le troisième compositeur suisse Samuel Bovy-Lysberg (1821-1873) nous revenons à Genève avec « Pensée de mai » pièce dans laquelle l’influence de Schumann est bien présente. Le récital aborde la fin de son programme avec les œuvres de Paul Hahnenmann (1826-1933) allemand installé à Ste-Croix «Le lac qui scintille aux caresses de la brise », Vincent Adler (1826-1871) hongrois, professeur au Conservatoire de Genève que l’on retrouve dans « Un soir à Gratien, idylle »et Joaquim Raff (1822-1882) d’origine schwytzoise mais dont la carrière se déroule en Allemagne avec « Laendler ». Une dernière œuvre de Liszt « Vallée d’Obermann » terminera le programme officiel. Nous avons encore été gratifié d’un bis d’Adolf Rudhardt, professeur à Genève et son Etude pianistique « Clair de lune sur le Rhin ».
Toutes ces œuvres captivantes sur le plan musical ont été magnifiquement interprétées par Adalberto Riva. Il a su exprimer toutes les nuances de couleur et d’expressivité qui nous ont transportés de la passion amoureuse tour à tour douce puis toute en force dans de belles envolées mélodieuses ou plus rythmée pour traduire une gaieté vive. A. Riva nous a fait passer par toutes le émotions qu’il a portées à son paroxysme dans la partition de la « Vallée d’Obermann » (Liszt) en évoluant de l’ombre du fond de la vallée à la lumière des sommets, en soulignant bien l’effet du passage du mineur au majeur. A certains moments, les subtils effets musicaux alliés aux titres très évocateurs nous permettaient même de visualiser picturalement le décor. Tout se réalise dans une extrême justesse, tout est fait pour mettre ces œuvres à leur juste valeur.
Envoûtant, ce programme a déjà été présenté à Berne en août 2013 dans le cadre de la Semaine de conférence des Ambassadeurs de Suisse à l’étranger grâce à Monsieur Federico Sommaruga, directeur de « mySwitzerland.com » de Switzerland Tourism, qui a fait l’honneur de sa présence pour la réédition de ce récital aux Caves. A noter également que le CD de ce même récital* a été enregistré sur le piano historique Braschoss-Liszt du Château de Gruyères. Il faut savoir que la famille du compositeur Samuel Bovy-Lysberg a été propriétaire du Château de Gruyères, époque où la vie musicale s’est épanouie à l’intérieur des murs du château.
Merci à Adalberto Riva, tel un prince d’avoir su réveiller une belle princesse, la musique romantique de notre pays au 19e s, répertoire complètement oublié qui mérite d’être redécouvert. Geneviève Fradique-Gardaz
• CD « Musique et Nature au Château de Gruyères »
Adalberto MARIA RIVA
au piano historique Braschoss-Liszt
(VDE-GALLO)
