Thomas Mazzone
17.10.2014 par TM
num.243 novembre 2014 p.08
CM d'octobre: Versoix, guerre et paix

Après l’approbation du PV, Yves Richard (Verts), président du CM, nous sert Aristote sous les rires désabusés des Conseillers: “L’objet principal de la politique, c’est de créer l’amitié entre les membres de la cité.” Pourtant, c’est de ça qu’il s’agit. Formé sur polis, signifiant justement “la cité”, LE politique c’est avant tout le “bien commun”, ce dont on doit s’occuper en commun pour la sécurité, la prospérité et la survie de la Ville.

Si cela permit au moins la bonne entente au cours de la séance, seul l’avenir nous dira, si le consensus politique versoisien aura suffi à préserver l’héritage, l’esthétique et le bon fonctionnement de Versoix ; tout ce qui fait sa raison d’être en tant que Ville, car déjà, on prépare le bicentenaire de l’annexion à Genève. Du rêve de Choiseul à sa chute pour jeu d’intérêts à Versailles, de la vision napoléonienne de la Suisse à “l’alliance” (-bund) définitive de 1848, on pourra dire que Versoix a, en tout cas, son histoire propre et une profondeur qui devraient lui valoir un peu plus que le statut de ville utilitaire en périphérie ; un peu plus qu’un statut de bouche-trou sur les visées parfois démesurées du Canton, Genève ayant toujours eu des intérêts bien particuliers et rêvé de grandeur, alors que, bien souvent, on n’y faisait que passer ! Cela lui valut autrefois la gloire, comme le malheur, tout est question de proportion, de pragmatisme et de sens de la réalité; jusqu’au fond des choses!

Et c’est bien ce qui se joue en sous-main derrière chaque sujet traité et derrière chaque avancée, sans qu’on ne s’en rende toujours compte. Ce jour-là, il fut question du crédit de l’aménagement extérieur de Versoix Centre-Ville. Ayant finalement pris une part active dans le bâtiment nommé le Boléro en l’honneur de Ravel, autre figure fameuse ayant séjourné à Versoix, la Mairie se doit maintenant de payer davantage. Par la même occasion, l’historique du budget de la place, présenté par le Conseiller Administratif M. Malek-Asghar (PLR), nous montre que, par un jeu d’allocations et de revenus engendrés, l’augmentation n’est pas aussi conséquente et fâcheuse que pouvait le suggérer le questionnement de M. Kummer (Verts). Monsieur Jaussi (Verts), précisera néanmoins qu’en tant que Conseiller Municipal, il n’aura, par manque d’information et malgré ses requêtes, pas pu jouer pleinement son rôle sur ce dossier. Il n’était pas évident de savoir quelle direction prenaient les choses et il comprend ainsi les interrogations soudaine de son collègue John Kummer, suite à ce que M. le Conseiller Administratif Claude Genequand (PLR) appellera une “erreur” de la part d’un de ses collaborateurs, un faux chiffre (sous évaluant les coûts d’environ deux millions de francs) ayant une fois été diffusé, sans que lui-même n’en parlât jamais.

Si personne ne remet en doute sa bonne foi, la situation prit une tournure pour le moins amusante. Et, à propos de drôleries, on regrettera que M. Genequand ne nous ait pas lu les quelques insultes qu’il affirme recevoir régulièrement par le biais de courriers anonymes. D’après lui, c’est “un peu facile” d’insulter sans signer et dommage que de facto il ne puisse pas répondre aux remarques néanmoins pertinentes contenues dans certaines missives. Il recommande donc aux gens courageux de signer et à la presse de transmettre ce message. Comme votre serviteur n’est pas (encore) aux ordres de la Mairie et que M. Genequand ne fait pas partie d’un vaste réseau de corruption, on ajoutera encore qu’on le fait de bon cœur tant que bien nous en coûte!

Il fut également question d’un crédit pour la gérance, pour plus de 560’000 francs qu’on investira alors dans des rénovations et adaptations concernant des prestations diverses, allant de la petite enfance à la voirie, en passant par le sport. Il fut aussi question d’un tabassage dans l’enceinte de l’école Ami-Argand, ou, selon M. Angelo (MCG), sur le chemin Pré-Colomb, avant que l’on ne pût légitimement se demander s’il s’agissait de la même affaire. Selon M. le Maire, la police enquêterait sur ce cas de “règlement de compte” et aucune plainte n’aurait été déposée! Et pourtant, selon M. Angelo, cela accentuerait en tout cas le sentiment d’insécurité qui pourrait régner dans la Ville.

On parla également des travaux en cours, avec une réfection d’urgence de conduites de gaz inadéquates sur le chemin Dégallier, nécessitant de nouvelles excavations que les SI se sont promis de reboucher par la suite, mettant enfin la route à neuf. Après les communications de M. Genequand, on assermenta Mme Sauter (Verts) pour son retour au CM, elle qui avait déjà siégé pour quatre législatures ; et, faisant l’impasse sur tout ce qui fut discuté plus copieusement, et dont on fait état par avant, comme pour faire miroir à ce retour, ce fut, pour clore l’assemblée, le retour annuel des finances dans la présentation, par M. Malek-Asghar, du budget 2015, lequel sera voté en novembre.

L’historique présenté nous suggère ambitions et nécessités, une stratégie basée sur la péréquation, mais il rend aussi compte d’une stagnation de la population locale. Un budget équilibré, un taux de centimes additionnels encore bien haut et de bonnes prestations au niveau de la Ville: le compromis est intéressant, mais il n’est évidemment pas favorable au déménagement d’un siège d’entreprise à Versoix. Cela limite les rentrées fiscales liées aux activités commerciales sur le territoire de la Commune, mais cela nous place aussi avantageusement dans le fonds de péréquation, qu’il soit cantonal ou inter-communal. Quant à la stagnation de la population, le Conseiller Administratif affirme à demi-mot un saut qualitatif et une situation saine qui devraient faire plaisir au comité de l’initiative Ecologie et Population, qui, si l’on en croit l’optimisme versoisien, serait ravi de voir appliquer un tel modèle à l’ensemble de la Suisse, mais, là encore, l’avenir en témoignera!

auteur : Thomas Mazzone

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