Edith Buffat nous a quittés. Et Versoix a perdu une de ses grandes figures. Une personnalité toute de devoir, de bonne humeur, d’entregent.

Elle était, dans la mémoire collective, inséparable de Gilbert, son époux, disparu en 2006. Inséparable non plus de son épicerie, en bordure de Route de Suisse. Une épicerie d’un autre âge, mais tellement chaleureuse, tellement « couleur locale ». Avec au rayon « charcuterie » les meilleures saucisses aux choux du monde, en saison bien entendu. Avec, en façade, le drapeau vaudois les jours où le Lausanne-Sport avait gagné une rencontre. Inséparable enfin de son chignon que Gilbert célébrait en chantant les soirs de festivités.

Elle a passé dans l’Histoire le jour où elle a reçu une distinction peu ordinaire, dans le cadre de la remise des Mérites sportifs de Versoix, sous l’appellation non-contrôlée de « épicière anti-gang ». Ceci pour avoir cramponné par la tignasse une voleuse chargée au sein d’un trio de gangsters de l’occuper pendant que les deux autres vidaient le tiroir-caisse de l’épicerie. Une action déterminée et courageuse qui avait permis rapidement l’arrestation par la Police du trio de voyous. C’était en 1986.
Edith Buffat était d’ailleurs accoutumée aux honneurs : dans les vingt dernières du XXe s, elle remportait avec une régularité d’horloge le Concours des balcons fleuris par la grâce d’un petit bâtiment croulant sous les fleurs, d’un jardin magnifique de couleurs et de senteurs.

Edith Buffat a traversé sa vie à Versoix en riant. De tout, d’elle-même et Gilbert aussi. Un rire communicatif qui donnait aux heures un relief sympathique et des couleurs chatoyantes.
Le rire parce qu’il est l’expression de la joie de vivre. Une joie de vivre qu’elle répandait autour d’elle, avec générosité, persuadée que le privilège du bonheur doit être partagé.

Edith Buffat s’en est allée en laissant un souvenir particulièrement chaleureux. Que cette certitude apporte aux siens, à Josiane sa fille et ses enfants en particulier, sérénité et réconfort dans ces instants cruels de séparation. Qu’ils acceptent l’expression de notre considération émue.

Gérard Ramseyer