17.11.2014 par LR
num.244 décembre 2014 p.15
Concert classique du 16 novembre 2014 aux Caves de Bon-Séjour

Salle comble pour écouter en ce 3ème dimanche de novembre une pianiste de renom Mme Yasmine Ambroise-Siddiqui, directrice de l’école Croqu’Notes et fille de notre programmatrice des concerts classiques aux Caves de Bon-Séjour à Versoix et elle-même excellente musicienne. Le merveilleux talent se poursuit de génération en génération !

Le thème des œuvres présentées de Rachmaninoff, Ravel et Liszt était consacré à l’eau. Le concert débuta par 2 élèves de Yasmine Ambroise-Siddiqui, Kim Satorre dans «Clair de lune» de Debussy et Julie Perdichizzi en 4 mains avec son professeur dans «le jardin de Dolly» de G. Fauré.

Mais le meilleur était à venir. Yasmine, dans le Prélude op 23 n° 4 de S. Rachmaninoff, nous offrait de joyeuses sonorités dans un échange ou dialogue d’harmonies graves ou aiguës, de nuances chantantes comme de légères cascades.
Les « Jeux d’eau » de M. Ravel devenaient flamboyants. On imaginait aisément ces jaillissements spontanés vifs ou plus doux, volumineux ou minimes, dans ces volutes de bulles ou de nuages, puis retombant sur le sol pour s’écouler inlassablement en petites vaguelettes. Le rythme était prenant, toutes les touches du piano ont chanté sous les doigts agiles et délicats de l’artiste.
Quant aux « Cyprès de la Villa d’Este » (célèbres jardins étagés du XVIème siècle qu’animent de multiples jeux d’eaux à Tivoli en Italie), la brillante virtuosité de la pianiste éclata dans toute sa splendeur. L’œuvre de F. Liszt rayonnait avec force, les harmonies se jouant des subtilités de la nature au gré de l’interprète. Les cyprès prenaient racine et grandissaient sous nos yeux concurrençant les jeux d’eau brillant sous le soleil, chantant comme le piano la nature merveilleuse.
M. Ravel nous épate encore. Son père, versoisien et ingénieur, influença beaucoup son fils. Et cela se remarque par la précision de son dessin mélodique. On le sent dans cette «Ondine» où toutes les expressions et colorations de l’eau sont mises en lumière. Tantôt de légères vagues, tantôt des clapotis, brise ou cascalettes, plane rivière ou flots agités, toute cette vision d’immersion ou d’émergence s’accentuait après la lecture, par Nina Graifemberg, d’un texte de Aloysius Bertrand sur «Ondine», dépitée par le refus de ses avances au poète qui aime une mortelle. Mais le charme de l’eau opérait en nous sous les doigts magiques de Yasmine.
Et l’on termina en beauté avec le «Prélude op 32 n° 10» de Rachmaninoff. A nouveau un plan d’eau, dans cette musique apaisante, servant plus à une méditation dans le regard que l’on y met. Les sentiments se bousculent dans le plaisir d’admirer ces reflets, ces couleurs, cette musicalité de l’eau qui glisse et s’étale. Le piano s’attendrit après les accents sonores et violents, l’être observateur s’assagit par la paix intérieure qu’il retrouve.
Ô lac, suspends ton onde ! Et quel régal d’avoir retrouvé et entendu Yasmine Ambroise-Siddiqui.
Avec nos sincères félicitations pour ce moment de bonheur !  Lucette Robyr
 

auteur : Lucette Robyr

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