19.01.2015 par LR
num.245 février 2015 p.15
Folle soirée irlandaise et celtique aux Caves de Bon-Séjour

Les Caves étaient archicombles ce dimanche 18 janvier, le carton «complet» a été affiché, beaucoup de monde debout derrière et dans l’espace bar où la prestation était diffusée par haut-parleur. Dans le cadre des concerts classiques habituels à ce lieu magique, une parenthèse nous a comblés de joie. Sortant de l’ordinaire, un quintette de formation classique, est venu nous jouer des danses irlandaises avec les instruments appropriés. De fil en aiguille, les participants se prenaient au jeu, chauffant à blanc la salle bondée. Une vraie folie qui aurait déplacé l’Irlande entière, tant le succès grandissime fut assuré pour débuter cette saison classique 2015. Le public était euphorique, chaque personne vibrait de tout son être, tapant des mains, des pieds, en un mot, faisant corps avec l’orchestre, dans l’ambiance festive des grands jours. Le sol et les murs des Caves en vibrent encore !

Maintenant, imaginez-vous sur une verte colline, au milieu des trèfles et des moutons, un paysage doré sous le soleil couchant, un air pur et vivifiant qui anime les danseurs en ronde autour d’un feu. Au son de la cornemuse, du violon, de la guitare folk, ou de la mandole, de la flûte à bec (aux cinq variantes différentes) et du zarb (instrument de percussion court recouvert d’une peau de chèvre collée), les rythmes tantôt vifs, tantôt lents, empreints d’une certaine douceur, virant progressivement à une rapidité étonnante, entraînent les danseurs. Valse, polka, ballade, airs folkloriques et chansons s’écoutent dans des harmonies légères, souvent répétitives, mais toujours agrémentées de flûtes à bec (tantôt en bois, tantôt en métal) ou de zarb. On se berce de ces sonorités à la fois graves et aiguës, un brin nostalgiques, qui reflètent bien cette musique celtique venant d’un autre âge (au plus proche, le Moyen Âge). Le plaisir et la joie sont là, exprimés avec force dans des rituels anciens.

N’oublions pas que cette musique est de tradition orale. Aucune copie, aucun cahier existant ! On se la transmet de générations en générations par la répétition de ces mélodies simples et vite mémorisées.

C’est aussi le reflet d’un pays pauvre, entouré de mer et d’océan, éloigné de l’Europe. Depuis 20 ans, pour sauvegarder cette musique traditionnelle, on l’écrit sur des partitions. Mélodies, rythmes sont indissociables de la danse, les uns se calquant sur l’autre. Ainsi ces harmonies venues des Celtes et des Gaëls qui s’implantèrent sur le sol irlandais rappellent aussi des influences galiciennes, écossaises, bretonnes ou berbères. La langue est restée, de même qu’une certaine culture musicale.

Nos illustres artistes, Nicolas Zorzin (flûtes à bec et cornemuse), Kaori Yokoyama (Violon ou fiddle), Frédéric Leclercq (mandole et guitare), Patrick Devers (Percussion digitale sur le zarb) Geoffrey Grange (guitare basse ou guitare folk) - qui, la veille, dans l’exécution de ces mêmes pièces irlandaises, ont pu offrir aux résidants de l’EMS St-Loup, ravis, un pur moment de plaisir - nous ont enchantés durant cette heure musicale. Au cours de ces deux concerts, ils ont présenté leurs instruments d’ici avec les appellations d’origine et interprété avec beaucoup de sensibilité, d’enthousiasme et passion ces danses irlandaises appelées – musiques de là-bas - aussi reels, jigs, laments, hornpipes, suivant les circonstances.

En guise de circonstance, en voilà une qui sera inscrite en lettres d’or dans les annales des Caves. Un chaleureux public vivait cette atmosphère exubérante dans une complicité exceptionnelle avec les musiciens ! Un bonheur qui valait la peine de faire honneur à ces artistes hors du commun. Ces danses étaient la magnifique illustration d’un pays peu connu, mais dont la musique symbolise la gaieté d’un peuple de liberté et de lumière. A travers les frontières, elle nous transmet cette joie.

Sincère MERCI à ces virtuoses qui ont fondé ce quintette Dúshlán qui veut dire « Défi » parfaitement bien accompli. Ils nous laissent un souvenir inoubliable.

auteur : Lucette Robyr

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